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Regard critique · Justice sociale

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« Namur : « Lutter contre la discrimination en sortant du culturel pour jouer la proximité » »

26-10-1998 Alter Échos n° 39

Ce 20 octobre, le Centre régional pour l’intégration des personnes étrangères ou d’origine étrangère de Namur, cellule du Centre d’action interculturellede la province1, organisait une rencontre-débat sur le thème : «Projets professionnels et insertion des demandeurs d’emploi étrangers ou d’origineétrangère».
Altay Manço, docteur en psychologie et membre de la commission ISP du Centre, a répondu à l’invitation de Rachid Bathoum, le responsable du CAI local. Une trentaine de personnesont assisté aux échanges, certaines étant amenées à y participer plus activement.
Pour Rachid Bathoum, l’animateur, il s’agit surtout d’initialiser une démarche qui doit s’inscrire dans le temps : la rencontre-débat n’est qu’une première étape; d’autressuivront, pour mettre le plus souvent possible tous les acteurs face à face. C’est pour lui la meilleure manière de sortir un peu du domaine culturel, notion trop vaste qui induit desdiscriminations.
Selon Altay Manço, les principaux obstacles à l’emploi des étrangers sont contextuels : ils sont liés aux aspects historique, économique, social etgéographique de la réalité migratoire en Belgique. Cette situation a conduit à une inadéquation entre l’offre et la demande : les attentes changeantes dumarché ne tiennent plus compte des formations demandées aux immigrés quand ils sont arrivés chez nous (c’est par exemple flagrant dans le domaine linguistique), etcertaines qualifications obtenues à l’étranger ne sont pas valorisables chez nous.
Pour sortir de l’ornière, Altay Manço préconise une «mise en condition socio-psychologique», s’appuyant sur le postulat selon lequel des traits culturelsdiversifiés peuvent devenir des sources potentielles de richesse pour l’entreprise, et donc représenter une «valeur ajoutée» sur le marché de l’emploi (onsongera ici par exemple au travailleur social immigré qui aura de meilleures chances de réussite avec des jeunes dont il connaît mieux la culture que le travailleur socialbelge).
Présents dans la salle, des représentants des partenaires habituels des commissions ISP (Forem, Comité subrégional de l’emploi, Ville de Namur, administrateurs publics etprivés), semblent – selon Rachid Bathoum – comprendre de mieux en mieux le message. Pour lui, le discours «passe bien»: ce sont les réalisations qui continuent àfaire défaut. Il martèle son discours : on ne peut lutter contre la discrimination qu’en faisant émerger le travail, qu’en sortant du culturel pour jouer la proximité. Etil rêve d’une application chez nous de la situation vécue en France: là-bas, il existe une charte nationale de parrainage des jeunes issus de l’immigration, via laquelle 13.000parrains ont déjà trouvé un travail à deux tiers de leurs «filleuls»; dans la foulée, la France s’est même dotée d’une structure juridiquechargée de traiter le problème de la discrimination à l’embauche… Alors, à quand les mêmes applications en Belgique?
Des analystes de terrain (comme Andrea Rea à Bruxelles et Altay Manço en Wallonie) ont démontré que la théorie en la matière était à centlieues des pratiques, et que la discrimination raciale était indéniable sur le marché de l’emploi. Sur cette base, chaque Centre d’action interculturelle provincial s’estdoté d’une Commission d’insertion socioprofessionnelle. L’essentiel de leur travail est de mettre autour d’une même table tous les acteurs de l’insertion socioprofessionnelle:institutions publiques, gestionnaires privés, mouvements associatifs, demandeurs d’emploi belges comme étrangers.
1 CAI Namur, rue Dr Haibe 2 à 5002 Namur, tél. : 081/73 71 76, fax : 071/73 04 41, e-mail : cscin@skynet.be

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