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Midi-débat sur l’éducation permanente

Au travers de ses colonnes, Alter Echos a jusqu’ici relayé les étapes de l’émergence du décret « éducation permanente » relifté. Unehistoire chahutée, discutée, dès ses premiers pas en 2003. Aujourd’hui, l’Agence Alter, dont cette publication est une production, est tout nouvellement reconnue dansce secteur. Si, en la matière, une des missions reste la récolte d’avis et d’informations sur le décret, et sur sa mise en application, les énergies vont aussià susciter le débat, la rencontre. Ce 20 mars, veille de printemps, était une première, avec l’organisation d’un midi-débat au rythme de «Éducation permanente : des pommes et des poires ? Ou tous des scoubidou-ou-s ? ». Il devrait y en avoir d’autres. Aux thèmes plus précis sans doute, à partirde pratiques peut-être.

30-03-2007 Alter Échos n° 226

Au travers de ses colonnes, Alter Echos a jusqu’ici relayé les étapes de l’émergence du décret « éducation permanente » relifté. Unehistoire chahutée, discutée, dès ses premiers pas en 2003. Aujourd’hui, l’Agence Alter, dont cette publication est une production, est tout nouvellement reconnue dansce secteur. Si, en la matière, une des missions reste la récolte d’avis et d’informations sur le décret, et sur sa mise en application, les énergies vont aussià susciter le débat, la rencontre. Ce 20 mars, veille de printemps, était une première, avec l’organisation d’un midi-débat au rythme de «Éducation permanente : des pommes et des poires ? Ou tous des scoubidou-ou-s ? ». Il devrait y en avoir d’autres. Aux thèmes plus précis sans doute, à partirde pratiques peut-être.

Étaient présents pour lancer les discussions, des membres de la plate-forme Bigoudis (voir AEchos n° 218), Armand Vanhuyck, animateur au Comitégénéral d’action des Marolles, une association reconnue depuis 30 ans par l’éducation permanente et Laurence Adam, coordinatrice d’Article 27 pour larégion de Bruxelles, association récemment agréée.

Public ciblé ? Public associé ? Public engagé ?

À l’entame des échanges, les points de vue diffèrent. Sans s’opposer, ils se côtoient. À propos des publics d’abord. D’aucuns fonctionnentau travers de partenariats. Leurs partenaires sont des relais de leur action auprès des publics: ainsi Article 27 élabore des collaborations avec des CPAS, des maisons d’accueil,des centres de santé… pour toucher les personnes vivant dans la pauvreté. D’autres se considèrent comme usagers de leur projet et n’entendent pass’adresser à un public limité…, c’est le cas du cinéma Nova où chaque projet draine de nouvelles têtes, où le travail collectifémane du public, qui devient acteur des projets, où l’équipe de bénévoles est ouverte et changeante. Faut-il vraiment envisager un « public cible » ?, sedemandent certains. N’est-ce pas là une obligation administrative uniquement ?

Et de contraintes administratives, il sera aussi question, lorsque les discussions se tourneront vers le type d’actions menées. De l’avis de Armand Vanhuyck, la tendanceactuelle oblige à passer plus de temps derrière un ordinateur – pour réaliser les dossiers de reconnaissance ad hoc – qu’avec les gens. Alors qu’ils’agissait d’être « attentif à l’événement, dira-t-il, on nous demande aujourd’hui une programmation, on nous demande de prévoir.»

Et l’animateur marollien de pointer le distinguo entre les prépositions : pour ou avec. Plus qu’une nuance, il fait apparaître un véritable positionnement non sansimportance dans le champ de l’éducation permanente : agir pour les personnes, agir avec elles. « Pour », « avec » … « par » les personnes,ajoutera Claire Frédéric du Cesep (Centre socialiste d’éducation permanente). Elle parle alors d’un métier « non reconnu et illisible, celuid’agitateur professionnel », selon les termes qu’elle soumet à l’assemblée. Un métier qui, si le « par » existe, sera voué àdisparaître. L’expression « agitateur » ne remportera pas l’unanimité. Si adopter un vocabulaire commun ne semble pas mission impossible, ce ne sera toutefois pasce midi qu’il verra le jour.

Prolonger, élargir une plate-forme

La base de la plate-forme Bigoudis, c’est l’intérêt partagé pour l’esprit de l’éducation permanente, pour l’aspect collectif et critique,« l’intérêt théorique d’être subventionné tout en gardant un rapport conflictuel avec les autorités », rappelle Gwenaël Brees, duNova, soucieux de s’écarter des idées reçues d’un groupement de non reconnus, pour faire entendre le moteur de Bigoudis : discuter des conceptions del’éducation permanente.

Paul Decleire, de « Bruxelles nous appartient », association membre de Bigoudis, se demande si le combat mené était perdu d’avance ou si la plate-forme s’yest mal prise. Il constate en tout cas que les résultats ne sont pas ceux espérés. Il estime qu’il y a toujours un débat à mener sur les reconnaissances,même si certains y sont arrivés, au prix de sacrifices. Plutôt que d’exténuer les associations non reconnues dans un processus de reconnaissance lourd, ne vaudrait-ilmieux pas promouvoir un mouvement autre, par paliers progressifs par exemple ? « Pour que le secteur reste vivant, dira-t-il, il ne faut pas épuiser les gens, il faut que le terraincontinue à vivre. »

Quel dispositif alors pour accueillir ces débats ? Comment installer des « faire ensemble » ? L’heure semble être à dépasser les dualités entreanciens et nouveaux, à construire autour de l’affirmation plutôt qu’autour de la dénonciation. « Quand la plate-forme Bigoudis a essayé de travailler sur cettegrande promesse, ajoute Fabrizio Terranova, autre membre de Bigoudis, ce qui a manqué, c’est une capacité à accueillir cette discussion où on allait pouvoir sortirdes dualités » entre anciens et nouveaux de l’éducation permanente. « Dans ce que l’on a appelé « l’émergence », il y a de vraies divergences,et c’est intéressant. » Il manquerait un espace pour se rencontrer autour des pratiques. Parmi les dispositifs existants, le Conseil supérieur de l’éducationpermanente ne semble pas être l’espace adéquat. Reste donc à inventer, à fédérer…

Catherine Daloze

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