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Regard critique · Justice sociale

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Loger les SDF au-delà de l’hiver

Le Relais social de Charleroi primé pour un projet de relogement visant à sortir les sans-abri du cycle de l’urgence sociale.

22-06-2012 Alter Échos n° 341

Le Relais social de Charleroi reçoit le prix fédéral de lutte contre la pauvreté pour un projet de relogement visant à sortir les sans-abri du cycle de l’urgence sociale.

C’est une histoire qui se répète chaque hiver. Aux premières vagues de froid, les dispositifs d’accueil pour les sans-abri sont renforcés, on ouvre les portes des casernes, les bénévoles distribuent la soupe… A la télévision, les journalistes se souviennent subitement, qu’en Belgique aussi, des gens vivent à la rue. Puis, le printemps revient. Les caméras repartent. On évalue les dispositifs et on se félicite, une fois encore, d’avoir pu éviter le pire. Jusqu’au prochain hiver. Et, comme chaque année, les travailleurs du secteur restent avec cette question dérangeante : faut-il continuer à augmenter le nombre de lits indéfiniment ? Ne risquent-ils pas d’être toujours occupés si l’on n’investit pas en parallèle dans l’accompagnement (lire AE n° 308 [url=https://www.alterechos.be/index.php?p=sum&c=a&n=308&l=1&d=i&art_id=20911]Plan hiver, dépasser l’urgence sociale[/url]) ?

C’est pour sortir de ce cycle de l’urgence que le Relais social de Charleroi 1, avec le soutien de la ministre de l’Action sociale Eliane Tillieux, a mis en place un projet pilote de relogement. Cet hiver, une petite dizaine de personnes fréquentant l’abri de nuit supplétif du CPAS de Charleroi ou le centre de jour Comme chez nous se sont ainsi vues proposer un logement, mis à disposition par le Fonds du Logement de Wallonie ou l’Agence immobilière sociale Charleroi-Logement, pour passer la mauvaise saison au chaud. Pas de bail de longue durée, pas d’obligation d’insertion pour en bénéficier. Les locataires devaient seulement s’engager à respecter deux petites conditions : accepter de fréquenter la permanence sociale au moins une fois par semaine et s’acquitter d’un loyer de 350 euros par mois, dont 200 euros d’épargne en vue de constituer une garantie locative pour se reloger à la fin du projet.
 
Le logement d’abord

Sur les onze participants, quatre locataires ont trouvé un logement stable à l’issue du projet. « Même pour ceux qui sont retournés à la rue, ce n’est jamais un échec. Au moins, ils ont eu une expérience de logement positive », juge Coralie Buxant, chargée de mission au Relais social de Charleroi. « Certains sans-abri se sont installés dans leur situation et se sentent mieux entre la rue et les abris de nuit. Mais quand vient l’hiver, il y a un ras-le-bol qui se manifeste. On leur tend la main avec quelque chose de nouveau à un moment où ils sont prêts à revoir leurs a priori. »

Si le projet a reçu le prix fédéral de lutte contre la pauvreté (aux côtés du CPAS de Zottegem pour la Flandre et de Microstart pour Bruxelles), c’est aussi parce qu’il s’inscrit dans la philosophie du Housing First, souligne-t-on au Relais social. Un modèle d’aide aux sans-abri promu par l’Union européenne (lire AE n° 310, [url=https://www.alterechos.be/index.php?p=sum&c=a&n=310&l=1&d=i&art_id=20913]Un consensus sur le sans-abrisme, vraiment ? [/url])  et qui préconise une remise directe en logement, sans autres préambules.

Housing quoi ?

Concept importé des Etats-Unis, le Housing First est un modèle d’aide aux sans-abri dans lequel la priorité est donnée au logement. Il se distingue du modèle « en escalier », où l’on considère que le sans-abri doit passer par plusieurs étapes pour acquérir son indépendance en douceur : maison d’accueil, logement de transit…

« Dans la philosophie du Housing first, on trouve très peu d’éléments de définition quand à la nature de l’accompagnement. Ici, on a adapté le concept en travaillant avec un public connu, déjà inscrit dans une relation avec les équipes de travailleurs sociaux. Le logement est une solution mais pas la seule. Dans le Housing first, il y a aussi l’idée qu’il faut laisser émerger la demande. Ici, on a préféré prendre une position plus active », nuance Marjorie Lelubre, chargée de mission au Relais social.

1. Relais social de Charleroi :
– adresse : boulevard Jacques Bertrand, 10 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 506 731
– courriel : relais.social.charleroi@skynet.be
– site : http://www.relaissocialcharleroi.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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