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Regard critique · Justice sociale

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Les logements sociaux, un modèle à dépasser

Dernièrement, les éditions Larcier et la Haute École Francisco Ferrer ont publié un ouvrage faisant le point sur les logements sociaux1. Regroupant plusieursplumes – et non des moindres –, ce livre intéressera toute personne préoccupée par la crise du logement et les enjeux liés au parc locatif social.

15-02-2008 Alter Échos n° 245

Dernièrement, les éditions Larcier et la Haute École Francisco Ferrer ont publié un ouvrage faisant le point sur les logements sociaux1. Regroupant plusieursplumes – et non des moindres –, ce livre intéressera toute personne préoccupée par la crise du logement et les enjeux liés au parc locatif social.

Ouvrage collectif, Les logements sociaux devrait permettre de mieux saisir les enjeux actuels en termes de logement public au sens large, et de logement social en particulier. Le choix del’approche pluridisciplinaire permet de prendre connaissance de la problématique au travers des lunettes de l’historien, du politique, du fonctionnaire public, du juriste, du sociologue ouencore du promoteur immobilier. Nous ne ferons pas l’inventaire de toutes les contributions2, mais l’on retiendra que les pistes d’accès à la propriété ou aulogement locatif « socialisé » s’ajoutent à celles du logement social classique.

La brique dans le ventre

On lira tout d’abord avec plaisir le texte de Jean Puissant retraçant l’histoire des politiques du logement en Belgique depuis la Révolution industrielle à nos jours. Ilconstate que, bien qu’imparfaites, « les politiques du logement engagées depuis 1889 ont contribué à améliorer sensiblement l’habitat du plus grand nombre. Si l’onconsidère que le Belge a une brique dans le ventre, c’est parce que les politiques menées les en ont lestés… » Dès lors, si l’accès à lapropriété l’a largement emporté, l’accès au logement reste problématique pour les plus faibles et les nouveaux arrivants. Qui plus est, « tous lespropriétaires-occupants ne vivent pas nécessairement dans une situation idéale car le vieillissement du parc immobilier témoigne de sous-équipements graves».
Faisant le lien avec le passé, Pierre-Marie Dufranne, conseiller du ministre wallon du Logement, André Antoine, dresse un portait des acteurs actuels de la politique du logement enWallonie. On y retrouve les mêmes préoccupations que celles du XIXe siècle au travers de la lutte contre les logements indignes. Quelques constantes dominent : il fautconstruire pour répondre à la demande, il faut favoriser l’accès au logement locatif… Il est aussi question d’accès à la propriété, entre autres,par la vente de logements sociaux à leurs occupants.

La médiation sociale de marché

Plusieurs auteurs insistent sur la nécessité d’amplifier la prise en gestion de logements privés par des acteurs « sociaux » pour maintenir les loyers à unniveau accessible, car la construction de logements sociaux ne suffit pas. L’AIS (Agence immobilière sociale) est un moyen efficace pour y parvenir. « Ce dispositif permet dedéfinir un certain type de plafonnement des loyers du marché locatif », note Pol Zimmer. Il est rejoint sur ce point par Nicolas Bernard. Pour ce dernier, le bailleur privébruxellois héberge plus de locataires pauvres que le secteur du logement social. « Or, la réglementation en matière de loyers est inexistante – ou presque – ausein du parc privé. Il est donc grand temps, en plus de bâtir du logement social, de socialiser le parc privé, par la voie notamment de la médiation sociale demarché (agences immobilières sociales, loyers conventionnés, commissions paritaires locatives, etc.). » Et de souligner : « Irremplaçable, le logement socialn’en est pas moins également à dépasser. »
Dans le même esprit, Frédéric Janssens, président du CPAS de Wavre et professeur à la Haute École Francisco Ferrer, estime qu’une « évolution duconcept du logement social est néanmoins nécessaire en sorte qu’il recouvre à l’avenir la construction de logements (en ce compris la rénovation) mais aussi, beaucoup plusclairement, efficacement et massivement qu’aujourd’hui, le conventionnement de logements privés voire la mise à disposition de terrains à l’initiative des régiesfoncières locales. »

1. Les logements sociaux (coll. « Les Cahiers des sciences administratives »), sous la dir. de G. Generet, Éditions Larcier, Bruxelles, 2007, 40 euros.

2. Nous reviendrons ultérieurement sur le papier de Christine Schaut consacré au Conseil consultatif des logements sociaux.

Baudouin Massart

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