Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Les élites de Bruxelles

Qui sont les élites de notre capitale ? Quelle influence ont-elles et quel rôle jouent-elles ? Voilà les questions que se sont posées des chercheurs del’université Libre de Bruxelles.

07-03-2011 Alter Échos n° 311

Qui sont les élites de notre capitale ? Quelle influence ont-elles et quel rôle jouent-elles ? Voilà les questions que se sont posées des chercheurs del’université libre de Bruxelles. L’étude « Les élites de la ville », débutée en 2006, arrive progressivement au bout d’untravail conséquent. Une petite partie de cette étude est présentée dans le dernier numéro Les Cahiers de La Fonderie. L’occasion de se pencher sur lerôle des élites dans la « fabrication » de Bruxelles.

La publication Les Cahiers de La Fonderie vient de sortir un numéro thématique sur « Les Elites urbaines ». Leur rôle dans la « fabrication » deBruxelles. Ce numéro a été réalisé grâce à la collaboration du projet ARC (Action de recherche concertée) « Les élites dans laville ». L’objectif de cette recherche pluridisciplinaire, réunissant des historiens, des géographes et des sociologues, n’est pas de redéfinir le mot« élite ». Son but est de déterminer la place et le rôle des élites dans la « fabrication » de la capitale belge ces troisderniers siècles. L’étude analyse donc « les modes opératoires utilisés par certains groupes élitaires (banquiers, financiers, promoteursimmobiliers, eurocrates, etc.) pour agir sur la ville afin de lui donner forme et signification ».

De nombreuses recherches ont été réalisées sur la pauvreté ainsi que sur les quartiers défavorisés et plus sensibles de Bruxelles. La question desélites dans l’étude de la composition de l’espace urbain a, elle, rarement été abordée. La revue Les Cahiers de La Fonderie aborde donc une partie del’étude sur « Les élites dans la ville ». Pour l’occasion, des chercheurs de l’ULB ont rédigé des textes courts et accessiblesà un large public. Ces articles abordent divers thèmes tels que : le Quartier royal à l’image de l’élite aristocratique d’Ancien Régime,l’élite artistique bruxelloise (fin XIXe), la grande propriété foncière (XIXe), les espaces résidentiels du monde de la banque(1822-1970), etc.

La recherche étudie donc l’influence et le pouvoir qu’exercent des « minorités associées à certaines catégories socialesprivilégiées » sur la ville. La « fabrication » de la ville comme une activité fructueuse qui permet l’apparition de nouvellesélites est également abordée. Le concept d’élites urbaines englobe ici « l’ensemble des acteurs qui définissent par leurs actions etdiscours les manières de faire la ville ».

Qui fait la ville ?

L’article « Qui fait la ville ? » de Mathieu Van Criekingen, géographe et chercheur à l’ULB, aborde la question de la production del’espace urbain. Il explique que la ville n’est pas le « résultat d’opérations techniques réalisées par des spécialistesdétachés de tout ancrage social » ou qu’elle est semblable à un être humain qui évoluerait naturellement. Pour lui, Bruxelles estfaçonnée par des négociations, des conflits et des rapports de force entre différents groupes sociaux. Ceux participant au processus de« fabrication » de la ville négocient selon leurs propres intérêts et en consolidant leurs positions dans le corps social.

Mathieu Van Criekingen développe d’abord les premières années d’existence de la Région bruxelloise, notamment, marquées par la mise en place desinstitutions régionales et la confirmation d’une politique de « revitalisation » de la capitale. Par la suite, il aborde les années 2000 en troispoints : la concentration des institutions de l’Union européenne, le retour des grands projets immobiliers et la naissance de nouveaux acteurs dans le procédé de« fabrication » de la ville. Les différents acteurs présentés dans l’article sont les propriétaires privés ou publics tels que lesRégies des Bâtiments ou communales et Infrabel, les élites financières et immobilières, les comités d’habitants qui deviendront des associationscitoyennes, l’Union européenne, les acteurs immobiliers privés, les agences spécialisées telles que l’Agence de développement territorial (ADT), laSociété d’acquisition foncière (SAF), les acteurs privés (non immobiliers) collaborant à des partenariats publics-privés (PPP), tels que JC Decaux,Veolia/Aquiris, etc.

Il insiste sur l’importance d’aborder les acteurs, dispositifs et discours qui participent à « faire » la ville dans leur dimension proprementpolitique.

1. Site du projet « Les élites dans la ville » : www.ulb.ac.be/arc/elites/index.html
2. Les Cahiers de la Fonderie, « Les Elites urbaines. Leur rôle dans la « fabrication » de Bruxelles ».
3. Le colloque transdisciplinaire « Les élites s’emparent de la ville (XVIIe -XXIe siècles) » aura lieu du 28 au 30 avril.

Nathalie San Gil Coello

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