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Les droits de l'homme, ça se passe près de chez vous

S’inspirant de la Charte-agenda mondiale des droits de l’homme dans la cité, Amnesty International lance un guide de bonnes pratiques à l’attention de nos pouvoirs locaux.

06-02-2011 Alter Échos n° 309

Le combat pour la promotion des droits de l’homme ne vise pas que d’obscures républiques bananières. S’inspirant de la Charte-agenda mondiale des droits de l’homme dans lacité, Amnesty International lance un guide de bonnes pratiques à l’attention de nos pouvoirs locaux.

Une école des droits de l’homme à Toulouse, un échevinat des droits de l’homme à Ottignies-Louvain-la-Neuve, un réseau international de villes refuges desécrivains, une émission télé de sensibilisation aux droits humains dans le Kentucky… Voici quelques-uns des nombreux exemples collectés par AmnestyInternational1 pour son « guide de bonnes pratiques d’ici et d’ailleurs pour les responsables des collectivités locales et les associationscitoyennes »2.

Pour rédiger ce document, l’organisation de défense des droits humains s’est inspirée du projet de « Charte-agenda mondiale des droits de l’homme dans lacité », qui doit être adoptée prochainement par le Congrès mondial du CGLU (Cités et gouvernements locaux unis), principale organisation mondiale devilles et de villes jumelées. Amnesty a confié aux journalistes Anne-Marie Impe et Jean-Paul Marthoz la tâche d’illustrer chacun des douze principes énoncés danscette Charte (droit à la démocratie participative, droit aux services publics de proximité, liberté de conscience et de religion, liberté de réunion…) avecdes exemples de projets innovants.

Le guide, remarquablement bien documenté, aura de quoi inspirer quelques élus locaux. On peut cependant être surpris de voir Amnesty International s’intéresser de siprès à notre environnement quotidien. Torturerait-on des prisonniers irakiens dans nos forêts wallonnes ? Y aurait-il des prisonniers d’opinion détenus au château deLa Hulpe ? Travailler les droits humains, rappelle-t-on chez Amnesty, ne se résume pas à dénoncer les exactions de régimes dictatoriaux. « Le combat pour lesdroits de l’homme n’est pas le triste apanage de dictatures tropicales. Ici aussi, il y a beaucoup à faire en termes d’accès à la culture pour tous, d’accès au logement,d’accueil des étrangers… », commente Anne-Marie Impe.

Traditionnellement, le combat pour les droits de l’homme est orienté vers les États, sur qui la pression est mise pour faire respecter les textes internationaux. C’est ignorer lerôle d’une série d’acteurs que sont les organisations non étatiques, les entreprises, les pouvoirs locaux… Mais la donne est en train de changer, analyse Jean-Paul Marthoz.« Ces dernières années, le monde des droits de l’homme est passé d’un combat centré sur les droits civils et politiques à un combat qui inclut les droitséconomiques et culturels aussi. Il y a eu un rapprochement entre le monde des droits de l’homme, dont fait partie une organisation comme Amnesty, et les pouvoirs locaux »,explique-t-il à la présentation du guide.

Faire vivre la Charte

Villes et communes, il va de soi, n’ont pas attendu Amnesty International pour promouvoir les droits de leurs citoyens. Jacques Gobert (PS), président de l’Union des villes et des communes(UVCW), a présenté rapidement tout ce que les pouvoirs locaux faisaient déjà pour favoriser l’accès au logement, à la culture, promouvoirl’égalité de traitement ou la cohésion sociale. La liste est plutôt longue. « Mais l’idée, souligne Jean-Paul Marthoz, c’est de changer de perspective, deregard. D’appliquer une démarche en termes de droits de l’homme. » Une approche qui, comme l’explique Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty, passe par trois axes :l’accessibilité aux droits, la participation active, le contrôle citoyen sur la gouvernance.

L’enjeu, maintenant, sera de faire vivre ce guide. « Et de ne pas se retrouver avec une étude de plus qui repose sur une étagère en dessous d’un linceul depoussière », ironise Anne-Marie Impe. Les groupes locaux d’Amnesty seront donc mobilisés pour promouvoir ce document auprès de leurs élus. Et pour poursuivrel’échange de bonnes pratiques, un site web verra bientôt le jour. Philippe Hensmans espère aussi que ces propositions pourront être intégrées aux Plans decohésion sociale existant en Région wallonne.

Par ailleurs, la Charte-agenda mondiale des droits de l’homme dans la cité, dont le texte a été présenté en novembre 2010, doit être adoptéeofficiellement à Florence en novembre 2011. Y compris par l’UVCW. Amnesty incite d’emblée les communes à montrer l’exemple en adoptant la charte avant sa signature officielle cetautomne.

1. Amnesty International Belgique francophone :
– adresse : rue Berckmans, 9 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 538 81 77
– site : www.amnestyinternational.be
2. « Droits humains au cœur de la cité, guide de bonnes pratiques d’ici et d’ailleurs pour les responsables des collectivités locales et les associations citoyennes. » A consultersur le site : http://lesdroitshumainsaucoeurdelacite.org

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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