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Regard critique · Justice sociale

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"Les Carrefours du social à l'Institut Cardijn, arrêt sur image d'une profession en mutation"

09-04-2001 Alter Échos n° 95

Ce 27 avril, l’Institut Cardijn1 organisait ses Carrefours du social. Des journées qui ont pour but de permettre non seulement la rencontre entre maîtres de stages, étudiantset formateurs de l’Institut, mais aussi d’offrir un espace collectif de réflexion sur les évolutions actuelles du travail social.
Pascal Henry, adjoint à la direction de Cardijn, a expliqué que l’événement de cette année s’inscrivait dans un contexte et un environnement politique. Unepréoccupation est de soutenir la politique de formation des futurs travailleurs sociaux et la défense de la spécificité de la formation qui articule théorie etpratique de terrain dans le contexte européen de la formation. Un appel à la vigilance est formulé sur la question de l’État social actif et sur la nécessitédu maintien d’une certaine régulation par l’État. Enfin, l’Institut est attentif à la montée de l’idéologie sécuritaire, qui pèse sur le travailsocial et modifie la place que l’assistant social avait auparavant. L’adjoint à la direction invite à la mobilisation pour exprimer les inquiétudes de la profession etinterpeller le politique concernant tant les enjeux que l’éthique du travail social.
La matinée était consacrée au travail en ateliers, l’après-midi à une conférence sur le thème de l’État social actif au cours de laquelles’exprima Christian Arnsperger (FNRS et Chaire Hoover d’éthique économique et sociale – UCL). Enfin, la journée était clôturée par un spectacle sur lethème des réfugiés.
La dizaine d’ateliers du matin balayaient une série de thématiques « chaudes » ou actuelles du travail social. Citons entre autres « le travail social face à ladépénalisation relative du cannabis » ou le lien entre travail social et mondialisation. Un atelier portait sur le travail social dans le secteur de l’accueil des candidatsréfugiés (voir dépeche suivante). Un autre était consacré au thème « 2001, Année de la santé mentale ».
Au niveau de la formation des travailleurs, relevons un atelier consacré aux compétences professionnelles et à la formation continuée des intervenants sociaux. Au cours decet atelier, la question de la professionnalisation du travail de maître de stage encadrant les stagiaires sur le terrain a été posée. Mais, c’est davantage l’idéede l’unification des pratiques en matière de suivi des stagiaires entre écoles sociales et même entre professeurs d’une même école qui est souhaitée par lesmaîtres. Sur le terrain, la profession de travailleur social reste valorisée même si elle est souvent complétée par une formation universitaire qui aura davantage unevisée de formation intellectuelle et personnelle que pratique et pécuniaire. L’accent a également été mis sur l’expansion de l’emploi dans le secteur dutroisième âge, ainsi que dans le cadre de l’interim d’insertion.
Un atelier portait sur l’État social actif2. Sur cette question, il a entre autres été relevé dans le domaine de l’insertion, la tendance au développement depratiques qui mettent l’accent sur l’individualisation, la responsabilisation de l’usager, et la contractualisation. Était pendante aussi l’interrogation : « Les travailleurs sociauxdoivent-ils avoir peur de l’État social actif? » Et un appel à la vigilance quant aux risques de dérives et aux discours idéologiques sur la mondialisation qui masquent lerecul du social. En outre, le principe de l’État social actif est une notion floue, mal définie, et qui se prête à toutes sortes d’interprétations.
Dans le cadre d’un atelier consacré à la rencontre des pratiques sociales et artistiques, il a été observé que les demandes d’intervention du travail artistiquedans le secteur social vont croissant. Au cours de l’atelier, le cas d’artistes travaillant dans les prisons a été évoqué. Outre une dimension qui peut êtreoccupationnelle, la philosophie du travail dans ce contexte va plus loin et permet d’ouvrir à une parole libre et une réflexion par rapport au vécu. Mais, constatent certainsartistes, ces activités au cœur même de l’univers carcéral peuvent déranger car elles invitent au dialogue et à la parole.
1 Institut Cardijn, Haute École Charleroi-Europe, rue de l’Hocaille 10 à 1348 Louvain-la-Neuve, tél.:010 48 29 99.
2 Le thème de l’État social actif fera l’objet d’un dossier dans le numéro de mai du mensuel Traverses ainsi que dans le numéro d’avril de La Revue nouvelle.

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