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Regard critique · Justice sociale

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Le PAS : un échec ? Témoignages de jeunes demandeurs d’emploi

Le PAS vu par trois jeunes chômeurs bruxellois diplômés. Témoignages…

04-05-2007 Alter Échos n° 228

Le PAS vu par trois jeunes chômeurs bruxellois diplômés. Témoignages…

Hajar

Hajar, jeune fille âgée de 22 ans est diplômée en pédagogie maternelle depuis juin 2005. Elle a commencé à travailler de janvier 2006 à juin2006, et est restée cinq mois sans travailler car « il n’y avait pas de poste disponible dans le domaine scolaire ». Elle s’est inscrite à l’Orbem enjuillet 2005 dans l’espoir de trouver du travail mais rapidement elle s’est rendue compte qu’elle devait changer de méthode dans sa recherche.

« Lors de mon inscription, je pensais que je serais seule avec un conseiller mais il y avait d’abord une séance d’information collective qui a duré environ 15minutes, ensuite j’ai eu un entretien individualisé avec un conseiller; les informations données lors de cette séance collective n’étaient pas suffisammentclaires; on m’a rapidement expliqué ce qu’était le contrat de projet professionnel, mais pas de manière complète et sans préciser à quoi les deuxparties s’engageaient; on m’a juste dit que le CPP c’était bien. Ensuite, j’ai rencontré un conseiller directement après la séanced’information, il m’a fait signer le CPP et je n’ai plus reçu de ré-explication de sa part, l’entrevue a duré 5 à 10 minutes, c’étaitrapide. Au départ, j’étais motivée, je me rendais tous les mois à l’Orbem pour voir mon conseiller, je devais lui expliquer quel genre de recherchej’effectuais et j’avais rendez-vous un mois plus tard.
Pour mon second entretien, le conseiller m’a expliqué que je n’étais pas au point concernant mon CV et m’a envoyé dans une mission locale pour apprendreà réaliser un bon CV. La personne qui travaillait dans la mission locale m’a beaucoup aidé et elle m’a consacré du temps contrairement à mon conseillerde l’Orbem. Ensuite, je me suis rendue à mon troisième rendez-vous avec mon CV et j’ai expliqué mes différentes démarches de recherche en pensant quemon conseiller m’aiderait, mais rien de cela, je me sentais seule dans ma démarche, il me donnait aucun conseil, c’est moi qui posais les questions pour me rassurer. Iln’était pas du tout motivant. Tous les petits boulots à durée déterminée ont été trouvés par ma propre démarche et non celle del’Orbem, j’allais régulièrement sur le site de l’Orbem pour voir les différentes propositions de job et j’étais inscrite dans plusieurs agencesintérimaires.

Par rapport au plan d’accompagnement dans l’ensemble, je trouve que c’est une contrainte car il n’y a pas d’encadrement, le travail est à la chaîne,j’avais le sentiment d’être seule parmi cette masse car il y avait beaucoup de gens à l’Orbem. C’est très dur à vivre car j’avaisl’impression de n’être rien. Il y a une pression de la part de l’Orbem car il faut se présenter tous les mois, je n’ai pas reçu l’aide nécessaire del’Orbem, on m’a juste conseillé d’aller à Carrefour-formation. Si c’était à refaire, je ne ferais plus appel à leur aide ».

Mouna

Mouna âgée de 22 ans a fait des études de secrétariat et de comptabilité, elle a fini en juin 2006. En novembre 2006, elle s’est inscrite àl’Orbem, mais a refusé de signer le CPP.
« Au second entretien, j’ai décidé de signer le CPP car je ne trouvais pas du travail dans le domaine de secrétariat et la conseillère m’a un peuinfluencé dans mon choix en me disant que 80 % de personnes inscrites à l’Orbem ont trouvé du travail par leur intermédiaire et j’ai signé.D’après moi, le plan est une contrainte car il faut se présenter tous les mois à l’Orbem et je sais que je ne peux pas compter que sur l’Orbem pour trouver dutravail, c’est pour cela que je me suis inscrite dans différentes agences intérimaires. J’ai fait beaucoup de petits boulots dans la vente par l’intermédiairede l’intérim, car c’était infernal de rester sans rien faire. J’aimerais avoir une vie active comme tout le monde, une bonne situation stable et des projets. Alors mieuxvaut accepter les petits boulots que l’intérim me propose que de rester sans rien faire, car je deviens insomniaque et je déprime ».

Mr X

Monsieur X, qui a désiré garder l’anonymat, âgé de 28 ans, a fini ses études en commerce extérieur en 2003. Il a travaillé directement dansune compagnie d’assurances, ensuite comme agent immobilier et s’est retrouvé au chômage un peu plus tard. Il s’est inscrit immédiatement à l’Orbem,en 2005 et depuis lors, il n’a plus cherché du travail, car il a trouvé du travail au noir comme manager dans un hôtel.
« L’Orbem est une contrainte car il faut se présenter tous les mois et j’ai le sentiment que rien n’avance. La solution, c’est de compter que sur soi-mêmedonc j’ai décidé de travailler au noir provisoirement, le temps d’avoir une situation stable ensuite je déclarerai mon travail. Le plan est un échec car jetravaille depuis deux ans au noir et je n’ai plus fait de démarches pour chercher du travail, mais en novembre 2006, l’Onem m’a envoyé une lettre de convocation.J’étais stressé lors de l’entrevue car je n’avais aucune preuve de démarche de recherche. Malgré le manque de preuves, j’ai pu convaincre lescontrôleurs de ma bonne foi de vouloir travailler et de ma motivation et j’ai pu ainsi échapper à la sanction. Ce plan est, selon moi, une perte d’argent et de tempspour l’État car il ne permet pas d’engranger plus de résultats qu’auparavant. Je pense qu’il faudrait revoir la gestion de l’Orbem sérieusement etconsacrer plus de temps à chaque chômeur car les fraudeurs continuent à frauder et ceux qui sont sincères dans leur démarche se retrouvent seuls ».

D’après Leila Dupont

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