Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Au début du mois de mai, le gouvernement belge a présenté les priorités de sa présidence européenne qui commencera début juillet. La qualitéde l’emploi et la modernisation de la protection sociale constituent deux des dossiers phares sur lesquels la Belýique et ses quatorze partenaires devront avancer. Conformément aumandat fixé à Stockholm en mars dernier, la présidence belge est chargée de présenter une liste d’indicateurs clés en matière de lutte contre lapauvreté et l’exclusion sociale en vue d’Õssurer un monitoring de la réalisation des objectifs politiques concrets fixés par chaque État membre dans son pland’action national. Nous avons demandé à Johan Vandenbuscche, conseiller au cabinet Vande Lanotte1 comment la présidence belge allait opérer pour mener à bien cetravail particulièrement complexe.
AE – Durant la présidence belge, les États membres devront se mettre d’accord sur la définition d’indicateurs. Un exercice difficile en matière d’exclusion socialeet de pauvreté d’autant que les chiffres dont on dispose ne sont pas récents.
JVB – Il est difficile d’avoir des indicateurs statistiques, c’est vrai. Nous avons dès lors développé trois pistes principales. La première, c’est le comitéde protection sociale qui regroupe des experts européens et qui travaillent à la définition d’indicateurs clés. Et puis, il y a le travail accompli par le groupe techniqueconstitué durant le processus de réalisation du premier plan pour l’inclusion sociale. Enfin, il y a toute une démarche qui doit démarrer avec les organisationstravaillant avec les pauvres, les universités, les CPAS pour évaluer les indicateurs mais aussi donner la voix aux pauvres.
AE – Quels liens faites-vous entre la définition d’indicateurs clés et des objectifs politiques en matière de politique sociale et d’emploi?
JVB – Au-delà des indicateurs, il faut se mettre d’accord sur le contenu, comme pour le logement social par exemple dont la réalité varie d’un État à l’autre.Il faut aller plus loin qu’une référence statistique pour atteindre un processus qui nous conduise vers une Europe sociale. Pour cela, il faut analyser des bonnes pratiques demanière à fixer la direction et les orientations des options politiques. Il faut donner une direction pour tout le monde.
AE – Mais on connaît les réticences affichées par certains pays à aller vers plus d’intégration en matière sociale. La méthode de coordinationouverte ne risque-t-elle pas d’être un exercice technique d’autant qu’il n’est pas contraignant
JVB – On voit qu’après quelques années, le processus en matière d’emploi avance dans une direction partagée, vers un but collectif. Ainsi, au niveau du logement, onvoit une avancée dans les pratiques avec un investissement plus grand sur le logement social. On se donne des objectifs de qualité. On est très ambitieux sur ce point.
AE – Oui mais comment infléchir les réfractaires à l’idée d’une Europe plus sociale?
JVB – Les États membres qui restent à la traîne en matière sociale sont du fait de la méthode de coordination ouverte l’objet d’une pression morale par leurspairs. Il faudra du temps comme en matière d’emploi pour juger de l’efficacité de la méthode au-delà de l’intérêt d’échanger lesexpériences.
AE – Que compte faire précisément la Belgique qui prend la présidence de l’UE début juillet pour faire avancer le dossier de l’Europe sociale?
JVB – Plusieurs conférences sur les politiques sociales sont prévues (voir encadré). On va notamment travailler en octobre sur le suivi des plans d’action nationauxà partir d’un rapport établi par la Commission. Une journée est prévue à cet effet le 17 octobre. On ne veut pas parler seulement du passé mais avance surdes pistes d’avenir.
AE – Les termes inclusion sociale ont eu aussi leurs détracteurs?
JVB – Cela ne veut pas dire aider les pauvres dans un sens caritatif mais éviter la pauvreté, notamment au niveau de l’enseignement et du logement. On parle ainsi de plus en plusdu lien entre la qualité et les prix. On voudrait établir un cadre législatif qui va plus loin que la situation actuelle où le marché est totalement libre.
AE – Les causes de la pauvreté et de l’exclusion sont bien plus profondes?
JVB – Pour l’instant, on doit éviter la pauvreté mais il faut qu’il y ait une approche multidimensionnelle des problèmes.
AE – La présidence belge s’est fixée de nombreuses priorités. Le social trouvera-t-il une réelle place dans l’agenda?
JVB – Oui, car à Stockholm, les États membres sont repartis avec un mandat. Il y a aussi les plans d’action nationaux et le processus d’évaluation qui les accompagnent.L’agenda des conférences et des réunions de terrain est également bien rempli. J’espère pour ma part que le plan d’action serve aussi d’appui pour sensibiliser et pourinstaurer un dialogue permanent avec les acteurs de terrain. Pour ce qui est de la Belgique, un premier rapport de suivi sera réalisé l’an prochain et ce sera un moment important pourjuger de l’état d’avancement du plan d’action national.
Calendrier provisoire des séminaires en matière de politique sociale2
> 14 et 15 septembre à Anvers : Conférence européenne sur les politiques sociales et d’emploi;
> 24 et 25 septembre à Liège : Le logement, outil de cohésion sociale
> 1er octobre : La lutte contre les inégalités sociales et la promotion de la santé (lieu à déterminer);
> 13 et 14 novembre à Gand : Rencontre européenne de l’économie sociale;
> 19 novembre à Bruxelles : Conférence internationale : « Modèles sociaux européens : convergence ou coexistence? Rôle des acteurs économiques etsociaux »;
> 27 et 28 novembre, à Bruxelles : Responsabilité sociale des entreprises;
> 7 décembre à Gand : Intégration européenne et systèmes de soins de santé : un défi pour la politique sociale.
1 Cabinet Vande Lanotte, rue Royale, 180 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 210 19 11, fax : 02 217 33 28.
2 Le calendrier peut être consulté sur le site Web de la présidence belge : http://www.eu2001.be

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