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La mobilité dans un monde rural en mutation : un colloque de l'ACRF

« Habiter l’espace rural : des racines et des rêves ? Un milieu en mutation », c’était le thème des journées d’études des femmes del’Action chrétienne rurale des femmes (ACRF)1 de ces 12 et 13 septembre au centre culturel de la Marlagne. L’objectif était « d’approfondir sonidentité et d’entrer en dialogue pour un meilleur vivre-ensemble dans nos villages et de se donner les moyens de réagir en analysant les mutations du monde rural sur le planéconomique, culturel, politique et environnemental ». Ce colloque était organisé à l’occasion de la sortie de presse d’une étude sur « Lamobilité des personnes en milieu rural »2. L’occasion aussi de revendiquer plus de mobilité pour les personnes socialement défavorisées en milieurural.

27-09-2005 Alter Échos n° 194

« Habiter l’espace rural : des racines et des rêves ? Un milieu en mutation », c’était le thème des journées d’études des femmes del’Action chrétienne rurale des femmes (ACRF)1 de ces 12 et 13 septembre au centre culturel de la Marlagne. L’objectif était « d’approfondir sonidentité et d’entrer en dialogue pour un meilleur vivre-ensemble dans nos villages et de se donner les moyens de réagir en analysant les mutations du monde rural sur le planéconomique, culturel, politique et environnemental ». Ce colloque était organisé à l’occasion de la sortie de presse d’une étude sur « Lamobilité des personnes en milieu rural »2. L’occasion aussi de revendiquer plus de mobilité pour les personnes socialement défavorisées en milieurural.

Des logiques qui s’affrontent

Daniel Bodson, (professeur de sociologie à l’UCL), s’est attaché à déconstruire quelques images d’Epinal : « En même temps ques’installent en zone rurale de grosses infrastructures commerciales qui ont besoin d’un espace énorme, le milieu rural est choisi comme lieu de résidence pour sescaractéristiques environnementales, de sociabilité, de proximité d’un réseau routier. L’enjeu devient économique (la terre agricole devient terreà bâtir). Les rapports de pouvoir changent du fait que s’installe dans les villages une population qui n’y est pas née. Des logiques s’affrontent entre le mondedes agriculteurs et celui de personnes mobiles, qui vont travailler ailleurs ».

Toujours selon le sociologue, la forme spatiale des villages change également du fait d’une transformation des équipements (grands espaces de loisirs et de vacances). Lesenjeux et les aspirations s’articulent donc plus difficilement. On passe du rural agricole au rural ludique (ex : festivals de rue).

« Après la bataille et la fermeture des charbonnages et puis des usines sidérurgiques, on est passé par la bataille de l’autosuffisance alimentaire. Avec uneétape de surproduction alimentaire (on ferme 900 exploitations agricoles par an en Wallonie), puis de suspicion sur la qualité alimentaire et enfin de suspicion surl’environnement. Pour être un bon agriculteur aujourd’hui, il ne suffit plus de s’y connaître sur le plan local, il faut être expert sur le plan mondial.»

Une société divisée entre mobiles et immobiles

D. Bodson a aussi souligné que les ruraux éprouvent une mobilité contrainte par l’organisation spatiale. Et que la société se retrouve divisée entremobiles et immobiles. « La mobilité est le passeport sine qua non pour rejoindre son lieu de travail et le marché de l’emploi. Pour les groupes peu favorisés,il reste le choix entre devenir mobile et je me ruine ou devenir immobile et je m’exclus ».

Pour étayer ses revendications en cette matière, l’ACRF a réalisé une enquête auprès de ses 220 groupes disséminés en Wallonie (660femmes âgées de 20 à 90 ans dont 15% de femmes actives). Françoise Warrant, auteur de la recherche, relève qu’un tiers d’entre elles souffre d’unmanque d’autonomie et éprouve des difficultés pour se déplacer. Les raisons invoquées sont par ordre décroissant la faible fréquence des transports encommun, l’éloignement des arrêts de train et bus, l’absence de véhicule personnel, et enfin l’incompatibilité d’utilisation train-bus.

Pour répondre à ce déficit de mobilité, les femmes de l’ACRF proposent des réponses alternatives et une multimodalité des moyens de transport. Laformule du covoiturage devrait être plus structurée et subsidiée par les pouvoirs publics, celle des taxis sociaux devrait être développée ainsi que lesystème des bus à la demande. La formule Arribus devrait être généralisée (l’obligation pour le bus d’attendre l’arrivée du trainpour partir).

« Le déficit de mobilité pénalise encore davantage les personnes précarisées. Nous demandons aux pouvoirs publics de déployer des mesures tarifairesen matière de transports en commun, comme la gratuité pour les demandeurs d’emploi dans le cadre de leurs recherches. Mais aussi des mesures pour assurer la desserte des quartiersmodestes et des campings résidentiels », a expliqué Brigitte Laurent, secrétaire générale de l’ACRF.

1. Action chrétienne rurale des femmes : rue Jaumain, 15 à 5330 Assesse – tél. :083/65 51 92- courriel: contact@acrf.be
2.« La mobilité des personnes en milieu rural » : cahier de recherche de l’ACRF réalisé par Françoise Warrant, septembre 2005, 7 euros

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