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Regard critique · Justice sociale

L’action sociale au sein du Plan wallon de cohésion sociale : interview de la ministre Vienne

On a souvent reproché au plan Marshall wallon d’être « seulement » un plan économique. La réplique du gouvernement ne s’est pas fait attendre, avec l’adoptiondu Plan wallon de cohésion sociale (PCS) en octobre 2005. 304 millions d’euros seront dégagés d’ici 2009, l’ex « PST III », partie « sociale »du Contrat d’avenir renouvelé compte 5 axes1, dont un consacré à l’action sociale. Une compétence peu mise en avant et que d’aucuns aimentà qualifier de parent pauvre du Contrat d’avenir wallon. Un an après l’adoption du plan de cohésion sociale, il n’est pas inintéressant de faire unpremier bilan des mesures mises en place, et, à venir, avec la ministre concernée, Christiane Vienne (PS)2.

04-12-2006 Alter Échos n° 220

On a souvent reproché au plan Marshall wallon d’être « seulement » un plan économique. La réplique du gouvernement ne s’est pas fait attendre, avec l’adoptiondu Plan wallon de cohésion sociale (PCS) en octobre 2005. 304 millions d’euros seront dégagés d’ici 2009, l’ex « PST III », partie « sociale »du Contrat d’avenir renouvelé compte 5 axes1, dont un consacré à l’action sociale. Une compétence peu mise en avant et que d’aucuns aimentà qualifier de parent pauvre du Contrat d’avenir wallon. Un an après l’adoption du plan de cohésion sociale, il n’est pas inintéressant de faire unpremier bilan des mesures mises en place, et, à venir, avec la ministre concernée, Christiane Vienne (PS)2.

Alter Échos (AE) : Dans le plan stratégique n° 3 de cohésion sociale se trouvent une série de mesures qui concernent les personnes handicapées,on y parle entre autres de l’amélioration de l’hébergement et de la création d’emplois dans les entreprises de travail adapté. Qu’en est-ilaujourd’hui ?

Christiane Vienne (CV) :
On a pas mal avancé avec le budget 2007 sur ces questions. 700 000 euros seront consacrés pour la création de places de type «halte-répit » et/ou de crise, un dispositif tout à fait neuf qui doit notamment contribuer à « soulager » les proches, ce budget servira aussi pour lacréation de places en services résidentiels de transition afin de favoriser l’autonomie des personnes qui en ont les capacités. Cela permettra aussi de dégager desplaces dans les services résidentiels pour adultes en faveur des personnes plus lourdement handicapées. En outre, 900 000 euros sont dégagés pour la créationd’une cinquantaine de nouvelles places d’accueil de jour dans certaines régions où l’offre fait cruellement défaut, en l’occurrence le Hainaut etLiège. Il s’agit donc d’une levée partielle du moratoire qui pèse sur le secteur de l’accueil et de l’hébergement. Cela étant dit, je nesouhaite pas me focaliser sur cette levée du moratoire mais me consacrer plutôt à une diversification de l’offre. Par ailleurs, via un budget de 1 million d’euros, laprime d’aide à l’emploi pour les employeurs qui embauchent des personnes handicapées, prime qu’on qualifie de « prime de compensation » etconsidérée comme extrêmement complexe dans son application, sera désormais simplifiée et le principe de dégressivité supprimé. Cette mesure nefigurait pas dans le PCS.

Quant aux entreprises de travail adapté, la Wallonie compte actuellement 58 ETA issues des anciens « ateliers protégés ». Tout comme prévu dans le PCS, 400emplois supplémentaires seront subsidiés, c’est une des mesures du budget 2007. 200 emplois seront à charge du budget de l’Awiph. Le budget affecté à lacréation de l’autre moitié s’élève, quant à lui, à 2 200 000 €.

AE : Dans le volet consacré aux personnes précarisées, vous annonciez la création de deux nouveaux relais sociaux et la création de relais santé.Quel est le timing de ces mesures ?

CV : Outre les cinq relais existants, il était prévu la création d’un nouveau relais à Namur. Le relais est dès à présentcréé, il reste encore désigner les organes de gestion et les activités du relais pourront commencer vraisemblablement début 2007. Un autre relais social estprévu pour couvrir l’axe Tournai-Mouscron, mais là, ce ne sera pas avant 2009.

En ce qui concerne les relais santé, il nous a paru judicieux, dans une optique de prise en charge globale et intégrée des publics, de regrouper dans un même dispositifles missions remplies par les relais sociaux et celles qui sont attribuées aux relais santé, comme cela a été fait à Liège à titreexpérimental. Deux expériences ont ainsi été développées par le Resto du cœur et par le CPAS de Liège dans le but de rendre les soins desanté accessibles aux personnes ne participant à aucun réseau en place, quelle que soit leur catégorie : clandestins, SDF, personnes en rupture sociale, isolés,prostituées, … Ce type de relais offre un service médical anonyme et gratuit, et oriente aussi vers les structures existantes. Mais, attention, il ne s’agit pas ici de fairedes maisons médicales bis ! L’expérience pilote de Liège va intégrer le relais social liégeois en 2007. La même chose est prévue d’ici peupour le relais social de Charleroi et d’ici 2009, les autres relais sociaux devraient suivre. Le financement prévu est structurel. À Liège, il s’agit d’uncofinancement CPAS et Région wallonne via l’octroi de PTP et d’APE.

AE :
On s’en souvient, la suppression de subsides à une série d’associations œuvrant pour l’intégration des personnes étrangères en 2005avait soulevé un tollé d’indignations. Le Carrefour interculturel wallon a, dans la foulée, été supprimé. On a parlé également derefinancement des centres régionaux d’intégration (CRI). Depuis, vous avez lancé un appel à projets pour les associations, qu’en est-il des CRI et duremplacement du Carrefour interculturel wallon ?

CV : Les CRI sont au nombre de sept. Ils sont, depuis le décret de 1996, agréés par la Région wallonne, et constituent ce qu’on appelle desopérateurs de deuxième ligne. Mais leurs missions sont vastes et les amènent parfois à organiser, par défaut, des actions de première ligne, d’autantque depuis 1996, les besoins ont évolué avec l’ouverture des frontières européennes et l’arrivée de primo-arrivants. Par ailleurs, le décret leuraccorde trop peu de moyens structurels (1,5 ETP + un forfait de frais de fonctionnement) . Aussi, j’ai décidé de co-financer 42 postes APE, négociés en son temps avec ledépartement de l’emploi, et je soutiens leur adhésion à des projets européens (FSE, FER). Certains n’ont pas hésité à s’impliquerdans d’autres projets tels que les « projets grandes villes », « d’interprétariat social » avec le ministre fédéral del’intégration sociale, … Leurs impératifs sont de ce fait différents et le renouvellement de certains projets et subventions peuvent hypothéquer leurs actionset fragiliser les équipes et le personnel en place. C’est pour répondre partiellement à cette situation que j’ai pu obtenir à partir de 2007 des moyenscomplémentaires, 700 000 €, pour renforcer les CRI et des actions de citoyenneté dans le cadre du Plan de cohésion sociale. Ils vont ainsi pouvoir créer unedeuxième ligne plus forte et mieux soutenir le secteur associatif. Ils seront par ailleurs évalués sur leurs missions.

En ce qui concerne le remplacement du Carrefour interculturel wallon qui, lui, était acteur de troisième ligne, c’est aujourd’hui en suspens. Je veux d’abordtravailler avec les CRI, même si je sais que le décret prévoit un conseil consultatif, mais je préfère encore attendre avant de lancer quoi que ce soit car uneréflexion globale sur la fonction consultative est pour le moment en cours au sein du gouvernement wallon.

Quant aux associations, je pense qu’on est sorti de la crise qu’on a connue en 2005. L’appel à projets a permis de faire le tri en se focalisant sur les associations quitravaillent véritablement avec les personnes d’origine étrangère ; 114 opérateurs sur 146 dossiers reçus ont été acceptés et vont pouvoirse partager 1 million d’euros. Et en donnant la possibilité de rentrer des projets sur trois ans, je pense que ça va permettre une certaine professionnalisation du secteur. Pourles écoles de devoirs, qui avaient également manifesté leur mécontentement, je n’ai entendu qu’une seule école jusqu’à présent quiétait en difficultés. Par ailleurs, certaines écoles de devoirs qui travaillent avec les publics cibles de l’appel à projets, à savoir les femmes et lesprimo-arrivants, ont reçu des subsides dans le cadre de cet appel. J’avais également évoqué un accord de coopération avec la Communautéfrançaise, normalement compétente pour les écoles de devoirs, celui-ci est en train d’être finalisé.

1. Les autres compétences sont le Logement (Antoine, CDH), l’Emploi (Marcourt, PS), La Santé (Vienne, PS) et la Formation (Arena, PS).
2. Cabinet de la ministre de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances, rue des Brigadesd’Irlande, 4 à 5100 Jambes – tél. : 081 32 34 11 – courriel : presse-vienne@gov.wallonie.be.

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