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"L'Orbem prépare des plates-formes locales pour l'emploi"

02-05-2000 Alter Échos n° 74

Eddy Courthéoux, directeur général de l’Orbem1, et Eric Tomas, ministre bruxellois de l’Emploi2, ont annoncé le 28 mars à la presse, le lancement au sein del’Orbem, en juin 2001, de plates-formes locales pour l’emploi. Présentées comme le tout gros projet de l’Orbem pour les 3-4 ans à venir, ces plates-formes s’inscrivent dans lavolonté partagée par les gouvernements régionaux et fédéral de développer des maisons de l’emploi ou des guichets uniques de l’emploi au niveau local.
Sans entrer dans les détails, il s’agira de faire fonctionner en temps réel les deux banques de données de l’Orbem : celle des demandeurs d’emploi (leur CV et leur parcours) etcelle des offres d’emploi. A terme doit s’y ajouter une troisième sur les places disponibles en formation professionnelle. Ces données seront accessibles par connexion informatiquesécurisée aux quelque 130 partenaires qui travaillent avec l’Orbem.3 Ceux-ci disposeront de la partie des données qui les intéresse et pourront en encoder lescompléments. Ces points d’accès décentralisés sont les plates-formes locales.
La mise en place du projet prendra en tout 3 ans, et l’Orbem y consacrera en tout 400 millions trouvés à l’intérieur de son budget, sans financement spécifique de laRégion.
Au-delà des questions purement techniques, le chantier pose d’ores et déjà cinq grand types d’enjeux.
> Enjeux organisationnels : l’allègement des tâches administratives qui doit en découler pour le personnel de l’Orbem permettra des réorganisations considérablesde nombreux aspects de son travail et des redéfinitions de fonctions.4
> Enjeux juridiques : la question de l’exploitation de banques de données à caractère individuel pose toujours des questions en matière de protection de la vieprivée. L’Orbem et la Région affirment que les données ne seront transmises qu’à leurs partenaires en matière d’insertion, pas par exemple à l’Onem ouà des organismes qui gèrent d’autres banques de données.5
> Enjeux de régulation : on élabore en fait ici une nouvelle forme de rencontre offre-demande sur le marché de l’emploi. Le rôle de régulation de l’Orbem sejouera en bonne partie dans la manière dont il fait fonctionner ses banques de données, et en particulier dans la manière dont il ouvre les accès aux plates-formes. Ainsi,pour ce qui est des données sur les demandeurs d’emploi, les partenaires n’auront accès qu’à celles concernant les personnes qui sont envoyées ou qui s’inscrivent chezeux. En tout état de cause, les employeurs n’auront pas accès à l’ensemble de cette banque de données : cela amènerait à reproduire, et même àaccentuer, les mécanismes d’embauche surqualifiée déjà aigus à Bruxelles et qui sont une des tendances que l’Orbem se donne pour mission de combattre.
> Enjeux de partenariat : les partenaires associatifs et /ou locaux s’inscrivent avec l’Orbem dans un dispositif régional d’insertion qui s’est lentement construit à travers lesannées 90. La question des prérogatives respectives et de la décentralisation de la coordination a toujours été un fil rouge dans ce processus. Pour l’Orbem et laRégion, les nouvelles plates-formes visent à consacrer le rôle de ces partenaires, comme l’ont déjà fait les arrêtés de 91 et 97 qui définissentcomment l’Orbem peut conclure des partenariats en matière d’insertion.
n ·njeux politiques : comment le ministre Tomas va-t-il faire fonctionner ensemble ses deux compétences – l’emploi pour la Région et la formation pour la Cocof – surce chantier unique ? La troisième banque de données, celle des places en formation, suivra plus tard. C’est l’Orbem qui a pris l’initiative : Bruxelles-Formation semble preneur, maispas encore dans le coup.
De manière plus générale, l’Orbem veut ainsi se positionner face à un avenir proche où il faudra réglementer la disparition de son monopole sur lemarché du placement des demandeurs d’emploi.
1 Bd Anspach 44 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 505 14 11, fax : 02 511 30 52, site web : http://www.orbem.be
2 Cabinet : bd du Régent 21-23 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 506 33 11, fax : 02 513 50 80.
3 Les asbl d’insertion, les missions locales, les CPAS, quelques sociétés d’intérim et quelques centres de formation sectoriels. Les ALE devraient à terme rejoindre ledispositif.
4 Ce qui n’est jamais facile dans ce type d’organisation : certains se souviennent des problèmes rencontrés par la direction en 99 lorsqu’elle a rapproché les fonctions deconseiller (accueil etc. des demandeurs d’emploi) et de placeur (démarches vers les entreprises, etc.), jusqu’alors toujours remplies chacune par des personnes distinctes.
5 On se souvient aussi de la vive polémique, en 97 en Wallonie, née à l’annonce de la volonté du gouvernement, dans le cadre du parcours d’insertion, d’organiser la »traçabilité » systématique des demandeurs d’emploi en insertion.

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