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Regard critique · Justice sociale

Le projet Jump, entamé en 1996 avec le soutien du Fonds social européen, veut favoriser l’insertion socioprofessionnelle de femmes peu scolarisées qui ont mené àbien un parcours de formation à l’âge adulte. Des entretiens avec des femmes des groupes cibles et avec des personnes les accompagnant dans leur parcours d’insertion ont permis derédiger des fiches et des brochures diffusées dans les organismes d’insertion. En 1999 et 2000, le projet s’est focalisé sur l’analyse du marché de l’emploi effectivementaccessible au groupe cible et sur la sensibilisation d’employeurs potentiels à l’embauche de femmes qui ont prouvé leur motivation professionnelle en réussissant leur formation. »Tout au long du projet, il est apparu que des mécanismes et des enjeux collectifs influençaient positivement ou négativement les chances des femmes sur le marché del’emploi ainsi que leurs conditions de travail, explique Marie-Paule Paternottre de la direction de l’égalité des chances. Par ailleurs, il est devenu évident que les femmes quiaccèdent à l’emploi après une formation ont encore besoin d’un soutien pour trouver leur place dans le milieu de travail. » En tant que force de représentation et dedéfense des travailleurs et travailleuses, les syndicats étaient donc la cible toute trouvée pour la 3e rencontre organisée par l’équipe Jump2. « Il estnécessaire que les syndicats nouent des contacts avec des instances qui connaissent bien cette problématique, c’est-à-dire les organismes d’insertion et les organisationsintermédiaires qui ont un contact de terrain quotidien avec les personnes concernées », complète Marie-Paule Paternottre.
Un appel relayé par Marie-Rose Clinet, responsable Wallonie du projet Jump et du réseau Flora3. Un brin provocatrice, Marie-Rose Clinet ne s’est pas privée d’interpeller lessyndicats sur le rôle qu’ils ont à jouer par rapport au public cible de Jump : « En ce qui concerne les stages en entreprise, au-delà d’une attitude défensive (« lesstagiaires constituent une main-d’œuvre gratuite qui porte préjudice aux travailleurs »), il serait souhaitable que les syndicats présents dans les entreprises concernéescomprennent l’importance qu’un stage en cours de formation a pour la connaissance des réalités du travail et pour une éventuelle embauche ultérieure. Les syndicatspourraient veiller à ce que des stagiaires soient effectivement accueillis dans l’entreprise et à ce qu’ils y fassent une expérience instructive sans s’y faire exploiter. Lesdélégués au Conseil d’entreprise ou à la délégation syndicale pourraient négocier avec l’employeur tant les aspects quantitatifs que les aspectsqualitatifs des stages. » Quant à l’intérim d’insertion : « Quelles que soient les réticences que l’on peut garder au niveau des principes, il serait utile que lesbénéficiaires du CPAS ou de l’aide sociale et les chômeurs de longue durée entrant (en principe volontairement) dans le dispositif soient soutenus par desdélégués syndicaux conscients de leurs besoins et leur mode de fonctionnement. Ce soutien devrait se manifester tant au moment de la négociation de leur contrat qu’encours de carrière, par exemple si leur employeur leur impose des missions au-dessus de leurs possibilités ou si les formations prévues durant les périodes entre lesmissions ne sont pas pertinentes. » Marie-Rose Clinet a également souligné l’initiative de la SETCA en matière de syndicalisation des sans-papiers et a plaidé pour unrééquilibrage du financement de formation par les fonds sectoriels au profit de personnes inoccupées qui ont peu de chance d’intégrer le marché de l’emploi sans unsolide coup de main. « Les représentants des travailleurs dans les fonds sectoriels sont, selon nous, les meilleurs garants de la conception et de la réalisation de programmes deformation qualifiante et de suivi à l’emploi qui aideraient réellement les personnes en recherche d’insertion. » La voie à suivre ? Un partenariat entre les fonds sectoriels etles organismes d’insertion tant privés que publics4. Parmi les dossiers à défendre par les syndicats :
> Négociation des conditions de travail des femmes occupant des postes d’exécution, en particulier horaires, aide à la mobilité, aide à la garde des enfants,pression mise sur les travailleuses, etc.
> Négociation de la rémunération des fonctions traditionnellement féminines.
> Lutte contre les désavantages liés au temps partiel.
Des matières pour lesquelles les différents syndicats présents se sont dits extrêmement attentifs, soulignant les avancées déjà réaliséesen matière de garde d’enfants, de mobilité, de parrainage, de formation pour les temps partiels, etc. Ils ont également attiré l’attention sur le peu de levier existantpour les PME où on ne retrouve pas de représentation syndicale. Les syndicats remarquent encore des a priori chez certains employeurs et de citer l’exemple de femmes-soudeuses en stagequi font leurs preuves mais que le patron refuse d’engager parce qu’il s’agit de femmes. La prise en compte du « genre » n’est pas non plus suffisamment développée parmi les syndicats, asouligné Eliane Blomme, responsable bruxelloise du projet Jump. Un constat que les représentantes syndicales féminines présentes n’ont pu que confirmer.
Enfin, Marie-Paule Paternottre a conclu la rencontre sur le bilan et les perspectives de Jump : « Nous avons toujours refusé les recrutements ‘Kleenex’, on prend, on jette. L’insertion socialedoit être de qualité. Jump a apporté en ce domaine une méthode, un cumul d’expériences. On a observé une complémentarité certaine entreorganismes d’insertion et employeurs. Le projet a permis que chacun se connaisse, sache que l’autre existe. Les employeurs ont pris conscience petit à petit de ce que peut leur apporter notrepublic cible. La mayonnaise commence donc à prendre même s’il subsiste quelques obstacles : l’inadéquation offre-demande, les stagiaires qui se font une fausse idée dumonde du travail, l’employeur qui veut absolument le profil tip-top, la mobilité, la garde d’enfants, les horaires flexibles, le temps partiel, les conditions de travail, etc. »
Bref, si Jump fut une aventure à vivre, elle est aussi à poursuivre, notamment via le projet d’accompagnement à l’emploi « Job-coaching » présenté comme projet piloteau Fonds social européen. Recalé, ce 14 décembre, le projet devra être reprécisé et représenté au comité de suivi du FSE en mars 2001.Quant à Flora à proprement parler, l’asbl s’est fait confirmer par le FSE son rôle de « réseau ». Elle va pouvoir lancer pour ses membres une formation enalphabétisation électronique et le financement d’un branchement à pour ceux qui ne sont pas encore reliées à Internet. Les subsides à Coulisses, le bulletinde liaison de l’asbl Flora, sont maintenus , de même que ceux dévolus à l’animation. Quant au projet « Gender consulting »5, il doit se faire confirmer ses subsides au comitéde suivi de mars 2001, mais semble en bonne voie d’acceptation.
1 Jump – Wallonie, M.-
R. Clinet, tél. : 04 253 24 15 – Bruxelles, É. Blomme, tél. : 02 219 33 70 – Flandre, K. Amezian, tél. : 016 20 70 24.
2 Les deux précédentes portaient sur l’intérim d’insertion et le secteur Horeca.
3 Flora, réseau pour la formation et la création d’emploi avec les femmes, rue Bovy 7 à 4000 Liège, tél. et fax : 04 253 24 15, e-mail : flora@skynet.be
4 Cf. COBEFF avec les hôpitaux privés et l’Horeca, Interface 3 avec la chimie, etc.
5 Un projet qui consiste à proposer aux organismes d’insertion une consultation dans le domaine du « genre ».

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