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Regard critique · Justice sociale

Formation : la France décentralise et fait du sur-mesure

Un réseau de centres de formation français donne depuis vingt-cinq ans la possibilité aux adultes de se former sans avoir le sentiment d’un retour au tableau noir.

11-09-2009 Alter Échos n° 280

Une formation professionnelle capable de fournir un véritable appui pédagogique tout en respectant l’autonomie de chacun des apprenants : quadrature du cercle ? Quenenni ! Un réseau de centres de formation français donne depuis 25 ans la possibilité aux adultes de se former sans avoir le sentiment d’un retour au tableau noir.

Né en France au milieu des années ’80, le réseau des ateliers pédagogiques personnalisés (APP) est l’œuvre de la Direction de la formationprofessionnelle. Créés pour offrir aux demandeurs d’emplois une alternative originale en termes de formation, les APP ont crû et se sont multipliés. Au débutdes années 2000, pas moins de 450 sites de formation, placés sous la responsabilité administrative des Directions régionales du travail, de l’emploi et de laformation professionnelle, essaimaient dans toutes les régions françaises, adaptant leur approche pédagogique aux besoins spécifiques des territoires concernés.

Les APP proposent des formations dans les matières générales : français, mathématiques, langues, comptabilité, biologie, informatique, etc. Leréseau met donc l’accent sur les matières les plus fréquemment rencontrées dans le cadre professionnel ou lors des concours et examens préparés par lesstagiaires. Le coût de la formation est pris en charge par l’État, les collectivités territoriales, voire par les entreprises – lorsque la démarched’apprentissage concerne des salariés.

Des millions d’heures de formation sont donc dispensées chaque année à un nombre croissant de stagiaires (201 000 en 2005), qui viennent des horizons les plusdivers : demandeurs d’emploi (près de 70 % du public) ou salariés désireux de se réorienter, de niveaux proches de l’illettrisme ou supérieursau bac, mères de famille ou détenus en quête d’une insertion professionnelle (les APP proposent une trentaine d’antennes implantées en milieucarcéral)… Autant de profils différents qui trouvent dans ce dispositif la souplesse dont ils ont besoin pour concilier apprentissage et obligations quotidiennes.

L’individualisation au centre

La philosophie des APP en matière de techniques de formation tient en effet dans un maître mot : l’individualisation. Qu’il s’agisse del’évaluation des besoins, du parcours de formation, du rythme d’apprentissage ou des outils pédagogiques utilisés, l’approche individuelle des apprenants est aucentre du dispositif. L’approche des formateurs qui interviennent en APP est donc entièrement dépendante du profil et des besoins spécifiques de chacun des stagiaires. Cequi exige de leur part une réactivité et une souplesse permanentes : « S’adapter aux attentes de chacun, c’est accepter de se remettre perpétuellementen cause dans ses pratiques professionnelles, souligne Fanny Doerr, responsable pédagogique des APP de Strasbourg. Les formations que nous proposons sont « à la carte » et c’estl’ouverture d’esprit de nos formateurs qui permet cette dimension. »

Les APP se sont dotés d’un cahier des charges et c’est l’Apapp (Association pour la promotion du label APP)1, qui se charge de porter la mission nationale duréseau, en développant l’activité des APP et en favorisant les partenariats. En revanche, dans leur fonctionnement au quotidien, les APP dépendent chacun d’unestructure support différente, seule responsable des orientations pédagogiques : « Ce mode de fonctionnement n’est pas un frein, estime Catherine Strub, directricede l’APP de Strasbourg, car l’objet même d’un APP est de correspondre aux réalités du terrain. Des centres de formation ruraux et isolésdéveloppent davantage certains aspects, comme la formation à distance par exemple. »

Paroles d’apprenants

La souplesse du fonctionnement logistique et l’approche individuelle sur le plan pédagogique semblent appréciés par les apprenants eux-mêmes :« Ici, on travaille pour soi, à son rythme, sur ce que l’on a besoin d’apprendre, raconte Assan, de l’APP de Versailles. C’est une chance, j’auraisaimé l’avoir plus jeune. » Guylaine, stagiaire à l’APP de Saintes, le confirme : « Ce n’est pas une relation professeur/élève,mais une relation entre deux adultes : un adulte qui en aide un autre. Il n’y a pas une transmission autoritaire, verticale du savoir. »

Ce mode de fonctionnement favorise également la motivation personnelle des apprenants : « C’est un travail fondé sur l’autonomie, on est doncresponsabilisé, explique Jean-Michel, en formation à l’APP de Strasbourg. Chacun vient avec un projet et doit se prendre en charge pour le mener à bien. L’APP estlà pour nous y aider, pas pour se substituer à nous. »

1. Association pour la promotion du label APP (Apapp) :
– courriel : animation.nationale@app.tm.fr
– site : www.app.tm.fr

stephanel

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