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Regard critique · Justice sociale

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Des recherches sur les sans-abri, et après ?

À l’occasion de sa journée annuelle, l’Association des maisons d’accueil (AMA) s’est interrogée sur les suites données aux nombreuses études menées surles sans-abri.

17-10-2010 Alter Échos n° 303

À l’occasion de sa journée annuelle, l’Association des maisons d’accueil (AMA)1 faisait le point sur les nombreuses études menées sur les sans-abri en 2009et 2010. Une rencontre ayant pour titre « Des recherches et après ? ».

« Cette année, on a constaté que nos membres ont été beaucoup sollicités pour répondre à des recherches, participer à desgroupes, etc. Si on met bout à bout toutes ces études, cela fait des milliers de pages que les travailleurs n’ont pas forcément le temps de lire », explique DeborahOddie, coordinatrice de l’AMA. L’Année européenne de lutte contre la pauvreté explique, pour une partie au moins, cette prolifération d’études, de recherches, derapports, d’articles…

L’objectif premier de la journée était d’abord de présenter ce volumineux travail aux acteurs de terrain. Durant la matinée, les chercheurs se sontsuccédé au micro, que ce soit pour parler de la lutte contre le sans-abrisme, l’aide des CPAS, la réorganisation du secteur de l’aide aux sans-abri, les freinsà l’accueil et l’hébergement… Au total, les participants ont écouté six présentations2.

« Ces recherches abordent les choses de différentes manières, suivant des méthodes variées. Mais c’est interpellant de voir à quel point les constatssont les mêmes. Et ce, que l’on se place au niveau local, régional ou fédéral », remarque Deborah Oddie.

Ainsi, l’évolution du public a été unanimement soulignée. De plus en plus de jeunes, de familles, de femmes, de personnes présentant des problèmes desanté mentale viennent grossir les rangs des sans-abri. L’importance de considérer le problème en terme d’accès aux droits fondamentaux (Emploi, Santé, etc.), etpas seulement au logement, a également été soulignée à maintes reprises.

Beaucoup de ras-le-bol et un poil d’optimisme

Après chaque présentation, les intervenants étaient invités à s’exprimer sur le suivi donné à leurs travaux. Laissant parfois les participants surleur faim. « Les participants se sont montrés intéressés par les résultats de ces recherches, la variété des approches présentées.Mais ils avaient aussi le sentiment d’entendre des constats connus d’eux depuis longtemps. Et beaucoup se demandent quand est-ce que les politiques se saisiront des recommandations ? Il y a beaucoupd’attentes, les travailleurs veulent voir des résultats concrets sur le terrain et n’ont pas le sentiment de voir beaucoup d’évolution », résume Deborah Oddie.

D’autres ont toutefois souligné que si l’amélioration des conditions de vie des plus précarisés dépend des politiques, les acteurs de terrain doivent aussisavoir prendre leurs responsabilités. Sur la question de l’urgence sociale, par exemple. Lors des ateliers qui se tenaient l’après-midi, les participants n’ont pas manqué derappeler une fois de plus leur ras-le-bol de voir les plans hiver et autres mesures d’urgence systématiquement mis en avant par les médias et les décideurs politiques audétriment du travail de fond. Mais ne revient-il pas aussi au secteur lui-même d’être plus proactif pour expliquer son travail aux médias, se sont-ils aussiinterrogés ?

L’atelier consacré à la concertation et la coordination apportait quant à lui une note d’optimisme. « Lors de cet atelier, les participants ont exprimé lesentiment que l’associatif aujourd’hui est davantage écouté par les pouvoirs publics. Même si les sous ne suivent pas toujours », note Deborah Oddie.

Une journée AMA, et après ?

La journée de l’AMA était aussi l’occasion de mettre en avant les priorités du secteur pour l’année 2011. L’Association des maisons d’accueil s’inquiète de voirde plus en plus de jeunes à la rue. Elle s’interroge notamment sur le devenir de certains jeunes lorsqu’ils sortent des institutions d’Aide à la jeunesse (lire Alter Échosnº 302 : « Charleroi : la transversalité enactes pour les jeunes sans-abri »). La question des formes alternatives d’hébergement fera aussi l’objet d’une attention particulière.

1. Association des maisons d’accueil :
– adresse : rue Gheude, 49 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 513 62 25
– courriel : ama@ama.be
– site : www.ama.be

2. On peut télécharger les présentations sur le site de l’AMA :
www.ama.be/projets/des-recherches-et-apres

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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