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Regard critique · Justice sociale

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Des chambres avec vue sur l'insertion

À travers un projet pilote d’abri de nuit, Namur veut offrir aux SDF un logement durable et les réinsérer socialement et professionnellement.

16-01-2009 Alter Échos n° 265

À travers un projet pilote d’abri de nuit, Namur veut offrir aux SDF un logement durable et les réinsérer socialement et professionnellement.

Avec le froid mordant de ces derniers jours, personne ne souhaiterait dormir dehors. Les maisons d’accueil et les abris de nuit sont là pour héberger les sans-abri. À Namur,l’abri de nuit se trouve derrière la gare, dans le quartier populaire de Bomel, sur le site d’un ancien abattoir. Mais il n’est pas aux normes. « Il est constitué d’undortoir unique comptant quatorze lits – en fait, il s’agit de sept lits superposés – décrit Maxime Prévot (CDH), échevin en charge des Affaires sociales et duLogement1. Par grand froid, des lits supplémentaires sont installés dans le bureau des éducateurs. Sinon, il n’y a pas de douche et n’est pasagréé. » De plus, la Ville a dans ses tiroirs un projet de requalification urbaine concernant le site. Le 16 décembre 2008, la Ville présentait son« projet d’abri de nuit pilote », destiné à remplacer l’actuel.

Un abri innovant

« Nous avons décidé de travailler main dans la main avec le CPAS, précise l’échevin. Nous avons identifié un lieu plus fonctionnel, où lacapacité d’accueil sera portée de 14 à 25 lits : un dortoir de 10, pour les femmes, et un de 15, pour les hommes. Il y aura des douches ainsi qu’un endroit pour l’accueil lors del’attribution des lits. » Les deux premiers étages accueilleront l’abri de nuit et les autres étages, deux logements d’insertion (des appartements collectifs pour deuxpersonnes).

Et c’est là que se situe l’innovation : à travers un accompagnement social, le projet vise à remettre le pied à l’étrier aux SDF, à favoriser leurréinsertion sociale et professionnelle. Cette dernière sera assurée par l’ALE (Agence locale pour l’emploi). « Il faudra réapprendre aux personnes à selever, à respecter des horaires professionnels ou encore des règles d’hygiène », explique Olivier Hissette, chef de cabinet de Philippe Defeyt (Ecolo),président du CPAS2.

N’aurait-on pas pu confier cette mission à un service d’insertion sociale (SIS) ? « Un SIS vient seulement d’être créé au niveau du CPAS, répondOlivier Hissette. Mais en collaborant avec l’ALE, les sans-abri pourront effectuer des activités professionnelles de courte durée. Ce sera pour eux un premier contact ou une reprise decontact avec le milieu professionnel. Et puis, il y a aussi la cellule « Accompagnement » du CPAS. »

On se serait aussi attendu à voir confier la gestion des logements d’insertion à l’agence immobilière sociale (AIS). « Nous ne les avons pas contactés maisla porte reste ouverte, dit Maxime Prévot. Un comité de pilotage a été mis sur pied. On y retrouve déjà les travailleurs sociaux de l’abri de nuit qui serontrepris dans le projet. Il peut bien entendu s’ouvrir à d’autres partenaires. » Il est en tout cas clair que le projet s’inscrit dans la logique du Réseau social urbainnamurois, lequel vient de fêter son année d’existence. Enfin, il restera aussi à gérer la question de l’hébergement des chiens, compagnons d’infortune des sans-abri.La Ville et le CPAS sont conscients de cet aspect. À ce jour, il n’y a pas de position arrêtée. La réflexion reste ouverte.

En pratique

Pour réduire les coûts, il convenait de trouver un bâtiment appartenant aux pouvoirs publics, de préférence situé au cœur de la ville, afin derépondre au mieux à la problématique des sans-abri. Le choix s’est porté sur un bâtiment appartenant à la Fondation Harscamp et mis à disposition duCPAS. Situé dans la rue Saint-Nicolas, il se trouve à proximité de nombre de services sociaux : l’AIS, l’Aide locative namuroise du Fonds du logement wallon, une partie desbureaux décentralisés du CPAS, le Relais social urbain namurois, l’ALE, l’EFT « L’Outil » ou encore la maison médicale du quartier des Arsouilles.

Au total, deux fois 200 000 euros sont mobilisés pour le projet : une partie pour créer les logements d’insertion dans le cadre de l’ancrage communal 2008-2009, l’autre pourréaménager le bâtiment en abri de nuit. L’ensemble des moyens a été octroyé par le ministre wallon du Logement, André Antoine3. L’objectifest que l’abri soit prêt pour l’hiver 2009. D’autres villes pourraient initier un projet similaire. « Le budget logement réserve un million d’euros pour des projetspilotes comme celui de Namur », signale André Antoine.

1. Maxime Prévot, échevin des Affaires sociales et du Logement, Hôtel de Ville à 5000 Namur
– tél. : 081 24 69 62
– courriel : maxime.prevot@ville.namur.be
– site :www.ville.namur.be
2. CPAS de Namur :
– adresse : rue de Dave, 165 à 5000 Namur
– tél. : 081 33 70 11
– site : www.cpasnamur.be
3. Cabinet d’André Antoine :
– adresse : rue d’Harscamp, 22 à 5000 Namur
– tél. : 081 25 38 11
– site : http://antoine.wallonie.be

Baudouin Massart

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