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"Demandeurs d'asile : le CIRE développe un système d'hébergement peu coûteux et intégrateur…"

15-01-2001 Alter Échos n° 89

On le sait, le gouvernement fédéral a choisi de faire de la question de l’accueil des demandeurs d’asile, une « priorité ». Il en ressort que l’État adécidé d’examiner les motivations de tous les candidats à l’exil mais de ne leur octroyer une aide matérielle qu’à la condition sine qua non de résidereffectivement dans un des nombreux centres d’accueil, existants ou à créer. Cette position politique induit la création de quelque 10.000 places d’accueil en sus des 6.000 placesactuelles. Pourtant à côté des nouveaux centres d’accueil, qu’ils soient fédéraux ou de la Croix-Rouge, il existe un système d’hébergement « alternatif »pris en charge par le CIRE1 (Coordination et initiatives pour Réfugiés et Étrangers) et l’OCIV, son homologue flamand. Un système qui vient de se voir octroyer par leministre de l’Intégration sociale, Johan Vande Lanotte, 600 lits supplémentaires (300 pour le CIRE et 300 pour l’OCIV) en sus des 300 agréés depuis octobre 99 pour chacunedes coordinations. Le fonctionnement en est le suivant : lorsqu’un demandeur d’asile arrive à l’Office des étrangers, il se voit désigner via le « code 207 », un centre d’accueil,et ce, depuis le 3 janvier, date de mise en place de la nouvelle politique d’asile. Mais il peut également être orienté par la centrale de dispatching, selon le nombre de placesdisponibles, vers le CIRE ou l’OCIV, ce qui est souvent le cas de familles nombreuses pour lesquelles il n’est pas très confortable de séjourner en centre d’accueil.
Les places du CIRE et de l’OCIV sont en fait des logements ordinaires loués par les coordinations ou, dans certains cas, directement par les familles, le CIRE ne servant alors qued’intermédiaire. Cette location se fait par le biais de quatre des vingt ONG2 qui composent le CIRE : Caritas, Solidarité socialiste, APD et L’olivier de St Vincent de Paul. Celles-cinégocient avec le propriétaire des lieux un loyer le plus modéré possible en échange de la garantie pour le propriétaire de recevoir chaque mois son loyerpayé par l’ONG. Le propriétaire et l’ONG établissent alors un contrat de gestion. S’il y a des travaux à effectuer, la somme est déduite du montant du loyer. Ensomme, un fonctionnement quasi semblable à celui des agences immobilières sociales.
La famille ou le demandeur d’asile se voit ainsi attribuer un logement en Flandre, en Wallonie ou à Bruxelles, selon les places disponibles au moment de sa désignation. Un assistantsocial de référence, ainsi qu’un juriste de référence leur sont attribués. Ceux-ci les conduisent à leur futur logement et les aident dans les diversesdémarches à effectuer auprès de la commune, du CPAS, de l’école. Un groupe d’accueil constitué de bénévoles est aussi à disposition.Différents services ont également été mis sur pied comme une aide psychologique, un service d’interprétariat, des vacances organisées pour les enfants, demême que la possibilité de séjourner dans une famille belge durant le week-end.
Si la situation du demandeur d’asile se régularise, il est alors libre de choisir un logement où bon lui semble. En cas de refus, une possibilité d’aide au retour volontaire estproposée. Si la famille ou le demandeur d’asile refuse, une autre solution d’hébergement est trouvée mais celui-ci devient alors clandestin. « Les villes où nous logeonsles personnes sont principalement Liège, Charleroi, Roeselare et Bruxelles, explique Mario Gotto, responsable du CIRE. Nous allons nous étendre à Namur où l’on vient demettre à notre disposition un bâtiment avec 16 appartements. Lorsque le logement désigné se trouve à Bruxelles, les demandeurs d’asile, souvent célibataire ousans enfants sont directement conduits à leur logement. Pour la Wallonie, ce sont plus souvent des familles. En général, ils passent un jour dans notre centre de transit, rue dela Charité à Bruxelles avant d’être conduit à leur lieu d’hébergement. »
Pour loger ces personnes, le CIRE reçoit 950 F par personne par jour et par lit. Le système ne lui coûte en fait que 840 F, la différence étant ristournéedans l’enveloppe ministérielle. À titre de comparaison, la Croix-Rouge reçoit pour ses centres d’accueil 1.150 F/jour/lit. Dès lors pourquoi ne pas étendre cesystème d’hébergement à tous les demandeurs d’asile ? « On peut effectivement se poser la question, répond Mario Gotto. D’autant que les logements ne manquent pas. Je pensequ’une des explications possibles est que ce système favorise sans doute par trop l’intégration des demandeurs d’asile, ce qui n’est sans doute pas du goût de tout lemonde… »
1 CIRE, rue du Vivier, 80 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 644 17 17, fax : 02 646 85 91.
2 « Si seules quatre des vingt ONG participent à ce système, c’est parce qu’il faut pouvoir avoir un fonds de roulement pour payer les loyers. L’Etat met quatre mois à nousrembourser ! », explique Mario Gotto.

catherinem

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