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"Couveuses de petites entreprises pour entrepreneurs à l'essai"

09-04-2001 Alter Échos n° 95

Job’In1, Guichet liégeois d’entreprise, inaugurera ce 26 avril son projet pilote de « couveuse de petites entreprises ». De son côté, Sace2 (Système d’accompagnementà la création d’entreprises), projet similaire initié par la Mirec de Charleroi en partenariat avec sept agences de développement local3, devrait commencer sesactivités en mai prochain. Le dispositif vise à permettre à des demandeurs d’emploi porteurs d’un projet commercial de tester leur activité en grandeur réelle sansprendre le risque financier ni social. Concrètement, le candidat pourra exercer son activité sous la couverture juridique de la structure de la couveuse tout enbénéficiant d’un maintien de ses allocations sociales (chômage ou minimex) et d’une bourse de pré-activité pour financer ses premiers investissements. Un programmede formation et de suivi du candidat et la mise à disposition d’une logistique commune complète ce dispositif. Chez Job’In, le projet est né d’une expérience de quatre ansdans l’accompagnement et la formation de porteurs de projets souhaitant créerõleur emploi sous statut d’indépendant. Mais l’idée provient, comme pour la coopératived’activités, de France : l’Espace Boutique de Gestion à Valenciennes pratique la formule avec succès depuis plusieurs années. Le constat est partout pareil : »Si lastructure rencontre des résultats encourageants auprès d’un public moins favorisé face à l’initiative économique, observe Fabienne Mathot, responsable du projetchez Job’In, force est de constater que les contraintes sont nombreuses pour entreprendre. » Ainsi parmi les besoins identifiés :
n la difficulté pour certains porteurs de projet de passer d’un statut d’allocataire social (chômeur ou minimexé) à ce lui d’indépendant dégageant des revenusprofessionnels ;
n le manque d’aides financières octroyées aux très petites entreprises ;
n l’inaccessibilité aux crédits bancaires pour des porteurs de projet n’offrant pas de garantie et ne disposant pas encore d’une clientèle et d’un carnet de commandes rempli;
n des lacunes ou un manque d’expérience décelés dans l’accompagnement dans des compétences commerciales et de gestion qui nécessitent un encadrement trèsserré du candidat.
Au niveau du cadre juridique, la couveuse offre un contrat de formation professionnelle signé entre le bénéficiaire et l’asbl dans le cadre d’une convention avec le Forem(article 6). Durant la période en couveuse qui peut varier de trois mois (période test) à six mois (période d’autonomie), le porteur de projet maintient ses droitssociaux, bénéficie d’une dispense de pointage et d’une assurance responsabilité civile et accidents. Un statut qui la distingue très clairement de sa cousine lacoopérative d’activités présentée ci-avant qui elle octroie un statut de salarié part-time à ses entrepreneurs. Chaque activité est exercéesous la couverture juridique de l’asbl : facturation, TVA, réglementations spécifiques. Les stagiaires ne peuvent en aucun cas dégager des revenus professionnels de leuractivité, chaque acte commercial doit être supervisé par l’asbl.
Côté finances, le stagiaire reçoit en sus de son allocation sociale, 40 F brut de l’heure et le remboursement des frais de déplacement. Une bourse depréactivité peut lui être octroyée au gré de ses besoins pour un montant maximum de 200 à 250.000 FB (le plafond diffère selon le projet-pilote). « Ence qui concerne les éventuels bénéfices de l’entrepreneur, deux solutions peuvent être envisagées, explique Léo Sclapari, responsable de Sace, soit oncapitalise les bénéfices qu’on restitue à l’entrepreneur à la sortie de la couveuse, soit on considère qu’il s’agit d’un remboursement de l’avance octroyée.La question est encore à l’étude. »
La priorité est laissée aux chômeurs longue durée, minimexés et sans statut. Au niveau de la sélection à l’entrée de la couveuse, elle est engros la même que pour les coopératives d’activité avec une différence toutefois, ici, il faut un business plan ou du moins, une étude juridique, financière,commerciale avant de pouvoir entrer.
Quant au financement, il revêt plusieurs formes, tout d’abord un financement public du ministère wallon de l’Emploi4 qui varie selon le projet-pilote de 4 à 6 millions (comprenantles bourses de pré-activité), il s’agit d’une ligne de crédit ouverte, toute la somme ne sera donc pas forcément dépensée ; un financement européendans le cadre du phasing out pour Sace et du FSE pour Job’In. La FRB, via son fonds de pauvreté, devrait (mais c’est encore à confirmer) intervenir à hauteur de 250.000 FB pourchacun des projets-pilotes. D’autres partenaires privés pourraient également venir s’ajouter. Un comité de pilotage a été mis en place par Sace et Job’In afin desuperviser la couveuse, d’évaluer les résultats et de réfléchir à une transférabilité de l’expérience. Ce comité est composé pourJob’In de représentants de la ministre Arena, de la direction générale de l’Économie et de l’Emploi, du Forem et de l’Onem, de la Chambre de Commerce et d’industrie duCPAS, de l’Arebs et de Job’In. Un comité d’accompagnement a également été mis en place, il est destiné à suivre les projets. Chacun des deux projetsbénéficie de deux emplois temps plein.
Une première évaluation aura lieu fin 2001, la période test devrait couvrir de 18 mois à 2 ans. Il est à signaler qu’une initiative similaire devrait naîtreà l’ADL de Waremme5 mais le projet n’en est encore qu’à ses débuts.
1 Job’In, avenue Blonden, 29 à 4000 Liège, tél. : 04 344 06 01 fax : 04 341 01 70, contact : Fabienne Mathot.
2 Sace, tél. : 071 26 06 91, contact : Léo Sclapari.
3 Les sept ADL sont les ADL de Thuin, Courcelles, Fontaine-l’Évêque, Aiseau-Presles, Pont-à-Celles, Anderlues et Chapelle-lez-Herlaimont.
4 Cabinet Arena, rue du Moulin de Meuse 4 à 5000 Beez, tél. : 081 23 47 11, fax : 081 23 47 64, contact : Cristina Gonzalez.
5 ADL de Waremme, tél. : 019 33 93 79, contact : Éric Froidcoeur.

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