Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

C’est une maison rouge, adossée à la culture

Premiers bilans de la Maison des Cultures et de la Cohésion sociale (MCCS) ouverte depuis 2006 en plein centre de Molenbeek.

17-02-2012 Alter Échos n° 332

En 2006, la Maison des Cultures et de la Cohésion sociale (MCCS)1 ouvrait ses portes en plein centre de Molenbeek. L’installation de cette structure a constitué unepetite révolution dans le quartier. Premiers bilans.

La petite maison rouge constitue le logo de l’institution dont Philippe Moureaux, le bourgmestre de Molenbeek est très fier. Peu dotée en infrastructures culturelles, Molenbeekvit désormais avec une structure dont l’ambition est avant tout de relever les défis locaux qui sont importants, notamment une rencontre avec des publics trèsdifférents. « Je ne dois pas vous expliquer la sociologie de la commune », intervient d’emblée Dirk Deblieck, le directeur de la MCCS. « Lapopulation a une forte dominante marocaine avec un taux d’accroissement démographique important. La commune est donc très jeune avec une part importante de 18-24 ans. Il y a aussibeaucoup de jeunes enfants. Cela crée des besoins énormes, de crèches, d’écoles… », relève-t-il. Le centre de Molenbeek, un ghetto ?Dirk Deblieck relativise. « Il y a une apparence. Mais une nouveauté est apparue avec l’installation de nombreux jeunes couples flamands avec enfants. C’est une nouvelletendance. Eux, participent naturellement beaucoup aux activités culturelles », remarque-t-il.

Une politique des prix pour cibler les publics

La Maison a centré une part importante de sa politique sur les enfants à travers une relation avec les publics scolaires, une forte programmation « Jeunepublic » et l’organisation de stages/ateliers créatifs. « Pour les stages, on a dû mettre en place des systèmes de quotas, car les plusfavorisés répondent plus vite. La politique des prix est évidemment très importante et fonction de notre volonté d’attirer les publics populaires. Tant pourles stages que pour les spectacles. Les stages créatifs coûtent 20 euros la semaine alors qu’ailleurs les prix sont souvent autour de 140 euros. On module aussi : c’estgratuit pour les usagers du CPAS. C’est doublé pour les habitants qui n’habitent pas la commune », explique le directeur qui fait le constat que son infrastructure estla seule à proposer de tels stages à Molenbeek. Les enfants semblent la meilleure porte d’entrée pour partir à la conquête de ces publics. « Onvient d’engager deux psychopédagogues pour travailler les relations parents-enfants », nous apprend-il.

Une mixité des publics à sens unique

Le rôle de la Maison se veut néanmoins plus large : ateliers culturels pour adultes, collaboration active avec les 250 structures associatives molenbeekoises, galeried’art, résidences d’artistes, la production de spectacles dont l’impressionnant opéra Safina qui faisait participer des dizaines de jeunes du quartier.L’équipe veille à garder le cap. « La mixité des publics est essentielle. Tout n’est pas gagné. Exemple récent : on a fait venir unchouette groupe, Suarez, des Montois-Malgaches assez fous que pour accepter de jouer trois fois sur la journée. Les deux représentations pour les enfants étaient pleines et celledu soir à moitié environ. Mais le soir, nous n’avions pas de population locale », reconnaît Dirk Deblieck qui remarque malheureusement que la mixité despopulations ne marche que dans un sens. « Avec Ben Hamidou, on arrive à mixer car les populations belges viennent aussi. Avec Suarez, on n’y arrive pas. Sauf avec lesenfants », souligne-t-il.

La question de la sécurité pose-t-elle problème ? « Il faut relativiser », lance le directeur qui dit ne pas croire que Ribaucourt soit beaucoupplus dangereux que Roodebeek comme station de métro. « Mais je dois bien reconnaître l’existence de problèmes récurrents d’arrachages de sac dans lesenvirons. »
La récente désignation de Molenbeek comme métropole culturelle Wallonie-Bruxelles en 2014 est-elle liée au succès de la MCCS ? « Elle est en toutcas le signe probant de la volonté politique du collège de poursuivre une politique culturelle plus ambitieuse. Nous y jouerons un rôle parmi d’autres acteurs de la commune», conclut Dirk Deblieck. Reste au collège à dégager les vraies lignes de force d’un projet qui doit être fédérateur, ce qui n’est jamaissimple en période préélectorale…

1. Maison des cultures et de la cohésion sociale :
– accueil– entrée générale (en journée) : rue Mommaerts, 4 à 1080 Bruxelles.
– Entrée de la salle de spectacle : chaussée de Merchtem, 67 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 415 86 03
– courriel : contact@lamaison1080hethuis.be
– site : www.lamaison1080hethuis.be

Jacques Remacle

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