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Regard critique · Justice sociale

Emploi/formation

Avant le Burnout

Dans la foulée des accords du non-marchand Cocof 2010-2012, l’association bruxelloise pour le bien-être au travail (Abbet) a été mise en place pour soutenir les petitesstructures.

13-11-2012 Alter Échos n° 348

Dans la foulée des accords du non-marchand Cocof 2010-2012, l’association bruxelloise pour le bien-être au travail (Abbet) a été mise en place pour soutenir les petitesstructures. La responsable de cette nouvelle asbl souligne l’importance d’un organigramme clair et d’un environnement de travail agréable pour prévenir les risques psychosociaux.

L’accord entre le gouvernement francophone bruxellois et les partenaires sociaux du secteur non-marchand le souligne, « les travailleurs du secteur non-marchand sont essentiels pour undéveloppement social durable de la Région. Ces travailleurs sont plus souvent que d’autres confrontés à des conditions de travail éprouvantes ». Auchapitre bien-être, le texte prévoit deux actions : une équipe de terrain, gérée par l’Abbet, est mise au service des acteurs pour les aider à appliquerla loi sur le bien-être au travail. Des actions thématiques sont également mises en œuvre par les Fonds sectoriels paritaires. Les employeurs peuvent, par exemple,bénéficier d’une embauche compensatoire pour remplacer les travailleurs qui suivent des formations sur le bien-être au travail1.

Pour rappel, la Loi du 4 août 1996 prévoit que chaque employeur doit mener une politique pour promouvoir le bien-être de ses travailleurs. Cette notion s’entend au senslarge : sécurité, santé, charge psychosociale, ergonomie, hygiène et embellissement des lieux de travail. Il s’agira aussi bien de mettre en place un pland’évacuation incendie pour des personnes à mobilité réduite dans une entreprise de travail adapté, que d’éviter une épidémie de gale dans unemaison d’accueil, de prévenir le mal de dos des aides ménagères ou le burnout des travailleurs sociaux. « C’est une loi ouverte, qui insiste sur la préventiondes risques et la participation des travailleurs », commente Dominique Wautier, coordinatrice de l’Abbet2. Les structures de plus de 50 personnes ayant l’obligation de mettre enplace un Comité de prévention et de protection au travail, l’association s’adresse surtout aux petites associations à qui elle peut proposer des services qui vont du simpleconseil à l’analyse des risques et la mise en place d’un plan d’action pour leur réduction.

Tu me fais craquer

« C’est comme si je faisais de la barque sur une rivière où il y a beaucoup de courant. Je ne fais que ramer à contre-courant sans avancer », explique leresponsable d’un atelier d’une entreprise de formation par le travail. La citation est extraite de « Tu me fais craquer… », un film de sensibilisationréalisé par l’Abbet avec le Centre vidéo de Bruxelles. « Certains travailleurs peuvent tomber dans la lassitude, le désintérêt, se demander quelest le sens de leur travail. Les risques sont particulièrement importants dans des secteurs où on ne voit pas d’amélioration, de résultats directs à son travail. Lecas extrême, c’est les soins palliatifs. Quand on travaille dans le relationnel, il faut pouvoir prendre de la distance », observe Dominique Wautier. Qui, de l’autrecôté, souligne une série de bonnes pratiques : « On peut organiser des changements d’équipe, des tournantes entre les travailleurs. Dans certainesstructures, les éducateurs qui ont une passion particulière, comme le jardinage ou la musique, vont l’intégrer aux activités qu’ils proposent à leur public. C’estune très bonne façon de lutter contre la lassitude professionnelle. »

Offrir aux travailleurs des possibilités de concilier vie privée et professionnelle dans l’organisation du temps de travail, décrire clairement l’organigramme, proposer desformations, mettre en place des entretiens de fonctionnement, pour la coordinatrice de l’Abbet, la réduction des risques psychosociaux passe essentiellement par les outils de gestion desressources humaines. « Dans le non-marchand, il y a un travail à faire sur l’organisation du travail. On dit à quelqu’un qu’il est intervenant psychosocial, c’est bien, etaprès ? On peut faire 10 000 choses avec ça. C’est important d’avoir une description claire de sa fonction, de ses tâches et de ses responsabilités. » Cequi, note-t-elle, ne doit pas faire oublier des aspects plus terre-à-terre. « Quand on parle de réduction des risques psychosociaux, il ne faut pas négliger pourautant l’environnement de travail, la sécurité, l’ergonomie. Si on a tout le temps froid ou qu’on est assis sur une chaise inconfortable, à force, ça tape aussi sur lemoral ».

Coordination « bas seuil »

Une autre bonne pratique en matière de prévention du stress au travail nous vient des associations de première ligne d’aide aux toxicomanes. La MASS, Lama et Transit ont encommun de pratiquer un accueil « bas seuil », c’est-à-dire, de proposer leurs services au public sans mettre la moindre condition préalable. « Cesdernières années, nos associations sont confrontées à la fois à une précarisation croissante du public que nous recevons et à une augmentation desdemandes. On enregistre en moyenne trois nouvelles demandes par jour, mais les cadres ne se sont pas élargis », observe Eric Husson, coordinateur de Lama Anderlecht3.Sous l’impulsion des directions, les trois associations ont créé la coordination « bas seuil », où les travailleurs de terrain peuvent échanger surles problèmes qu’ils rencontrent. « Au bout de deux ans, l’effet le plus palpable est de nous avoir permis de mieux travailler avec les autres institutions. On se connaîtmieux, on s’appelle plus facilement quand on doit orienter une personne. Ça nous permet aussi de nous sentir soutenus, reconnus dans nos difficultés, de savoir qu’on n’est pas lesseuls. » L’idée semble aussi simple qu’efficace !

Demandez le programme !

Dans le cadre des échanges des pratiques européennes, un colloque franco-belge est organisé sur « L’épuisement professionnel : le burnout dansle secteur médico-psychosocial et de la santé mentale ». Ce colloque, organisé par Ensycofa (Enseignement, systémique, couple, famille) se proposed’apporter un éclairage psychologique, systémique, sociologique et médical sur le phénomène du burnout.

En pratique : le mercredi 21 novembre 2012 de 9h à 17h, à la Maison des cultures de Tournai, Esplanade George Gérard, avenue des frères Rimbaut, 2 à 7500Tournai, bulletin d’inscription sur www.groupementIPM140.be

1. Fonds social pour le secteur de l’Aide sociale et des Soins de Santé (APEF) :
– adresse : quai du Commerce, 48 à 10
00 Bruxelles
– tél. : 02 227 22 59
– courriel : asss@apefasbl.org
– site : www.apefasbl.org
2. Abbet :
– adresse : quai du Commerce, 48 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 227 62 02
– courriel : info@abbet.be
– site : www.abbet.be
3. Lama :
– adresse : rue Gheude, 49 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 524 33 52
– courriel : anderlecht@projetlama.be
– site : www.projetlama.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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