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Agricall, ligne ouverte aux agriculteurs en difficulté, est de plus en plus solicitée

L’évolution structurelle de l’agriculture est connue : la situation des agriculteurs est de plus en plus difficile. En 2001, le secteur horticole et agricole employait 21.500équivalents temps pleins âgés de 20 à 65 ans. C’est-à-dire 25 % de moins que début des années 901. La situation n’est pasévidente pour les exploitations qui subsistent : 2.850 exploitations à titre principal dont le chef de ménage a moins de 65 ans en Région wallonne produisent un revenufamilial inférieur à 10.000 euros. Il y a donc beaucoup de cessations d’activités et une bonne partie de celles qui subsistent le sont dans des conditions trèsprécaires.

07-10-2004 Alter Échos n° 172

L’évolution structurelle de l’agriculture est connue : la situation des agriculteurs est de plus en plus difficile. En 2001, le secteur horticole et agricole employait 21.500équivalents temps pleins âgés de 20 à 65 ans. C’est-à-dire 25 % de moins que début des années 901. La situation n’est pasévidente pour les exploitations qui subsistent : 2.850 exploitations à titre principal dont le chef de ménage a moins de 65 ans en Région wallonne produisent un revenufamilial inférieur à 10.000 euros. Il y a donc beaucoup de cessations d’activités et une bonne partie de celles qui subsistent le sont dans des conditions trèsprécaires.

Dans le même temps, de nombreuses exploitations bénéficient d’aides publiques : 18.700 producteurs wallons étaient enregistrés au 1er janvier 2003 auservice des aides à l’agriculture de la Région wallonne. Les craintes sont grandes quant aux effets de la réforme de la Politique agricole commune et del’élargissement de l’Union européenne qui risquent d’impliquer une diminution importante des aides à destination des agriculteurs wallons.

Un secteur également victime de crises conjoncturelles récurrentes…

Des crises conjoncturelles et fortement médiatisées sont venues noircir le tableau : ESB, dioxine, fièvre aphteuse… Ces crises peuvent conduire à des situationsde détresse totale chez les agriculteurs. La perte d’un cheptel même indemnisée peut constituer la goutte qui fait déborder le vase pour des agriculteursdéjà au préalable à la limite de la précarité.
Derrière les chiffres et les crises, il y a des femmes, des hommes, des familles qui s’enfoncent dans la précarité et qui s’isolent. Les problèmesrencontrés aujourd’hui par les agriculteurs sont multiples : problèmes financiers, juridiques, sociaux, psychologiques… L’isolement est le principal danger qui guetteun agriculteur en difficultés. Rompre cet isolement est l’un des objectifs du numéro vert d’Agricall.

Un numéro vert pour les agriculteurs wallons en difficulté2

À l’origine de ce numéro vert, l’équipe de Véronique de Keyser de l’Université de Liège. En 2001 Véronique de Keyser estcontactée par des agriculteurs confrontés à la crise de la vache folle. Comme le précise Laurence Leruse3, « à la suite des abattages de troupeaux,les agriculteurs développaient des symptômes de type post-traumatique. Cela a débouché sur une recherche-action sur le stress en milieu agricole. Quelque 31 % desagriculteurs avaient un niveau de stress élevé et près de 30 % un niveau de burn out élevé… Cette importance du stress chez les agriculteurs estsignificativement plus élevée que pour d’autres secteurs étudiés : secteur bancaire, enseignement, police »

Quelles actions ?

Concrètement, Agricall fonctionne depuis novembre 2001. Il s’agit d’un numéro de téléphone gratuit, accessible 24h/24, relayé par les comptables, lesvétérinaires, les acteurs sociaux… Tout agriculteur appelant ce numéro se voit proposer deux types d’action :
> L’accompagnement dans la recherche de renseignements sociaux, l’aide à l’identification des bonnes personnes de contact ainsi que dans la recherche de relais ;
> Un soutien psychologique par l’envoi à la demande de l’agriculteur d’un psychologue à son domicile.

Quel impact ?

En Wallonie, depuis le lancement du numéro vert, plus de 140 dossiers ont été ouverts. Parmi ces dossiers, 70 agriculteurs ont fait appel à un psychologue. Ils’agit d’une intervention visant à mettre en place un suivi. Les psychologues envoyés par Agricall se limitent à 5 interventions au maximum. Le but étant deservir de relais et de s’articuler avec les ressources locales, notamment les centres de santé mentale locaux.

Laurence Leruse souligne également que « les appels sont en constante augmentation; depuis juillet nous avons ouvert une trentaine de nouveaux dossiers. Nous travaillons avec unnuméro vert 0800 85 018 afin de rendre l’accès moins coûteux pour les agriculteurs. Au départ nous accompagnions essentiellement des demandes individuelles,maintenant ce sont aussi des familles entières qui demandent des interventions .»

Répertoires d’aides disponibles

En collaboration avec la Fondation Roi Baudouin et la CERA Foundation, Agricall a lancé le site NetAgri4, site qui répertorie les aides aux agriculteurs endifficultés. Pour ceux et celles qui n’ont pas accès à Internet, il existe également une brochure de l’Observatoire du crédit et de l’endettement: Agriculteurs en difficulté financière : comment en sortir ?5 Cette brochure en une vingtaine de pages dresse une sorte d’inventaire des outils et personnessusceptibles de soutenir les agriculteurs en difficulté.

« Reste » à changer de modèle et à tracer les perspectives d’un véritable développement rural soutenable permettant aux agriculteurs etagricultrices de garder la maîtrise de leur exploitation.

1. L’ensemble des chiffres qui vont suivre est issu de : Les nouvelles du Printemps, 1er trimestre 2003, Direction générale de l’Agriculture à 5100 Jambes.

2. Agricall, tél. : 0800 85 018, accessible 24h/24.
3. Laurence Leruse, Université de Liège, Psychologie du Travail et des Entreprises, bd du Rectorat 5, bât. 32 à 4000 Liège – tél. : 04 366 29 49.
4. Site : http ://www.netagri.be
5. Observatoire du crédit et de l’endettement, agriculteurs en difficulté financière : comment en sortir ?, mars 2003, place Albert Ier, 38 à 6030 Marchienne-au-Pont– tél. 071 33 12 59 –
fax : 071 32 25 00 – site : www.observatoire-credit.be

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