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Adoption d'un « Plan national de lutte contre la fracture numérique »

En matière de lutte contre la fracture numérique, les actions – et les résultats – n’avaient jusqu’à présent que très partiellement suivi lesdiscours. Qu’on se souvienne, par exemple, du projet des ministres Daems et Onkelinx d’offrir des chèques-PC et des chèques-connexion aux ménages à faibles revenus(« e-Day »). Projet abandonné en fin de législature passée, suite aux blocages de la Région flamande… Peu de chance qu’un tel scénario se reproduisecette fois-ci, cependant, puisque la Conférence interministérielle « Intégration dans la société » a adopté ce 12 octobre un Plan nationalde lutte contre la fracture numérique, à l’initiative de Christian Dupont, ministre de l’Intégration sociale (PS)1, et Peter Vanvelthoven, secrétaired’État à l’informatisation de l’État (et désormais également ministre de l’Emploi, suite au jeu de chaises musicales au sein du SP.A).

28-10-2005 Alter Échos n° 196

En matière de lutte contre la fracture numérique, les actions – et les résultats – n’avaient jusqu’à présent que très partiellement suivi lesdiscours. Qu’on se souvienne, par exemple, du projet des ministres Daems et Onkelinx d’offrir des chèques-PC et des chèques-connexion aux ménages à faibles revenus(« e-Day »). Projet abandonné en fin de législature passée, suite aux blocages de la Région flamande… Peu de chance qu’un tel scénario se reproduisecette fois-ci, cependant, puisque la Conférence interministérielle « Intégration dans la société » a adopté ce 12 octobre un Plan nationalde lutte contre la fracture numérique, à l’initiative de Christian Dupont, ministre de l’Intégration sociale (PS)1, et Peter Vanvelthoven, secrétaired’État à l’informatisation de l’État (et désormais également ministre de l’Emploi, suite au jeu de chaises musicales au sein du SP.A).

Un plan coordonné

Qui dit « national », dit coordonné entre le niveau fédéral et les diverses entités fédérées. À titre d’exemple, trois desvingt-huit actions décidées concernent respectivement les thèmes « Tolérance zéro pour la fracture numérique dans les écoles », « Unordinateur pour quinze élèves à chaque niveau d’étude » (objectif déjà visé par le Plan stratégique transversal n° 2 de laRégion wallonne), ou encore « Des réseaux de formation en TIC des enseignants renforcés ». En termes de méthode, les auteurs du plan plaident d’ailleurs pourla transversalité : selon eux, les initiatives antérieures n’ont en effet pas pu déployer leur plein effet parce qu’elles furent trop isolées. Dans ce cas-ci, lesdifférentes actions seront mises en œuvre par des groupes de travail composés de représentants des différents gouvernements2.

Sensibilisation, formation et accès

Quant au contenu, le plan propose de travailler sur trois axes : la sensibilisation, la formation et l’accès. Parmi les mesures qui se déclinent le long de ces axes :

• Un « pack PC privé » devrait permettre à 200.000 ménages de s’équiper et de se former aux technologies informatiques. Un appel d’offres aété lancé au secteur privé et le fédéral s’engage à instaurer un crédit d’impôt remboursable à hauteur de 21 % du prix d’achat du« pack ». Le bénéfice de la mesure sera limité aux ménages à bas revenus, même si les plafonds exacts n’ont pas encore étéévoqués. L’objectif est que ce « pack privé » soit disponible dans les grandes surfaces dès le mois de janvier. Ce n’est donc plus le principe deschèques qui est privilégié (comme dans le projet avorté « e-Day »). Reste à voir quel sera le prix du pack pour déterminer si les critiquesentendues à propos de « e-Day » restent d’actualité. Des acteurs associatifs s’étaient en effet inquiétés à l’époque du fait que,malgré le soutien, l’achat d’un ordinateur restait financièrement hors de portée d’une bonne partie du public visé. Le nouveau plan précise toutefois que «pour permettre aux ménages à très bas revenus de bénéficier de la mesure, les CPAS pourraient être chargés d’une mission d’accompagnement et de soutienfinancier de ces publics ».
• Un projet d’extension du nombre d’espaces publics numériques (objectif: 300 dans deux ans) sera proposé par Christian Dupont en conseil des ministres, après cartographiedes espaces existants.
• Le projet « Easy-e-Space », qui consiste à créer des espaces numériques au sein des CPAS, des Restos du coeur, maisons de quartier, etc. sera égalementrenforcé. De dix espaces actuellement, on devrait passer à 30 d’ici 2006.
• La mise en place d’un outil de reconnaissance des compétences TIC sur le modèle d’un « Passeport numérique » à la française, comportant plusieursniveaux. Est également évoquée l’élaboration d’un socle de compétences en TIC permettant d’indiquer en quoi consiste la formation de base minimale desélèves ou des demandeurs d’emploi dans cette compétence transversale.

Le plan recèle également une bonne nouvelle pour le monde associatif, considéré comme « acteur de première ligne dans la lutte contre la fracturenumérique ». Il est ainsi annoncé que les pouvoirs publics amplifieront leur soutien aux associations concernées « afin de travailler de manière cibléeavec les publics les plus défavorisés » – sans que montants et modalités ne soient encore précisés.

Fracture multiple !

Le Plan d’action comprendra deux phases de cinq ans – le texte adopté en conférence interministérielle concerne la première. Pour 2009, l’objectif est d’avoirréduit d’un tiers la fracture numérique – ce qui signifie augmenter annuellement de 500.000 le nombre de personnes ayant accès à l’internet en Belgique. Et letravail n’est pas mince : de récentes statistiques de l’INS ont rappelé l’urgence d’une action dans le domaine de l’« e-inclusion ». Ainsi, pour ne reprendre qu’un exempleattestant de la réalité de la fracture, 80 % des universitaires ont accès à l’internet à domicile, pour seulement 17% des moins diplômés. En plusd’être sociale, la fracture est également générationnelle : si 82 % des jeunes de 16 à 24 ans utilisent internet, ils sont 87 %, chez les plus de 65 ans, à nel’avoir jamais utilisé3!

Précisons enfin que ce plan ne vient pas de nulle part : en décembre 2003, lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), à Genève, laBelgique avait pris l’engagement d’adopter un Plan d’action national contre la fracture numérique. C’est désormais chose faite avec ce texte, qui devrait êtreprésenté par la Belgique lors du deuxième volet du SMSI, qui se tiendra à Tunis du 16 au 18 novembre4.

1. Cabinet Dupont, rue de la Loi, 51 à 1040 Bruxelles – tél. : 02 790 57 11 – Courriel : christian.dupont@p-o.be
2. Claude Eerdekens (PS) a ainsi déjà présenté son propre plan au gouvernement de la Communauté française, le 14 octobre. Il annonce sa volonté defaire passer graduellement les écoles et administrations au logiciel libre. Dans un premier temps, des conventions avantageuses ont été signées avec Microsoft. Ensuite,c’est l’adoption de standard
s ouverts favorisant les logiciels libres qui sera poursuivie. En parallèle, un filtrage centralisé des sites accessibles depuis les ordinateurs desécoles et de l’administration sera effectué pour barrer l’accès aux sites à caractère pornographique, raciste ou ultraviolent, ainsi qu’aux sites de jeuxpayants.
3. Signalons à cet égard la tenue, le 19 octobre, du colloque « Non à la fracture numérique : les personnes âgées dans la société digitale», organisé par la Fondation Roi Baudouin. La Fondation qui collabore avec Christian Dupont à l’appel à projets « Les personnes âgées dans lasociété digitale » destiné à accorder une aide de 1.000 à 5.000 euros à des projets « facilitant l’accès des personnes âgéesaux nouvelles technologies ». Plus d’infos : http://www.kbs-frb.be
4. Un site officiel est consacré au forum

Edgar Szoc

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