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Regard critique · Justice sociale

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"Adecco veut assumer les deux tiers de l'intérim d'insertion"

11-09-2000 Alter Échos n° 81

Le Plan de printemps du gouvernement fédéral annonçait en avril vouloir employer 1.500 bénéficiaires du minimex par an en créant une formuled’intérim d’insertion. La loi-programme adoptée cet été créait la base légale du système en permettant aux entreprises d’intérim, àcertaines conditions, de garder des travailleurs sous contrat dans l’intervalle entre des missions d’intérim. Et cette loi a été complétée le 20 juillet par deuxarrêtés royaux qui permettent d’activer, dans le cadre de l’intérim d’insertion, deux ans de minimex à concurrence de 20.000 frs/mois. Le 8 septembre, le ministre VandeLanotte1 inaugurait le système en signant une convention avec Adecco2, qui entend recruter ainsi, et éventuellement placer en entreprise, 1.000 minimexés en un an. L’entreprisebénéficiera pour ce faire des deux tiers du budget prévu, soit 266 mios sur les 400 budgétés. Reste un tiers à partager entre les autres entreprises dusecteur…
Outre le minimex activé3, Adecco touchera une prime de 10.000 frs/mois par personne en formation entre deux missions d’intérim. Pour les bénéficiaires, l’opérationse traduira donc par une rémunération de 34.000 frs pendant les mois en formation et de 40.000 à 43.000 frs pendant les mois en mission (à temps plein).
Patrick De Maeseneire, directeur général d’Adecco Bénélux, a insisté sur les dispositions prises par sa firme pour s’impliquer dans le projet. Adecco engagera 75assistants sociaux qui auront à contacter les CPAS, à identifier les minimexés intéressés, à les sélectionner (« sur la base de la motivationuniquement, pas sur la base des compétences »), à superviser leur période d’essai d’un mois, à les orienter, à organiser leur formation, à les encadrer etc.Pour Adecco, il s’agit explicitement de couper le minimexé du CPAS, mais de l’y renvoyer s’il ne correspond pas au système. Pour minimiser ce risque, Adecco a obtenu lapossibilité de faire précéder les deux ans d’activation d’une « période d’essai » d’un mois pendant laquelle il s’agira de dresser le profil des candidats et de « confirmerleur motivation ».
Les objectifs mis en avant par Adecco sont bien sûr d’ordre social, mais aussi économique : « Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, explique Patrick De Maeseneire, ilfaut trouver des solutions sinon les entreprises se délocalisent. Aux Pays-Bas, où le problème est plus aigu qu’en Belgique, Adecco fait venir des travailleursintérimaires de Pologne, d’Allemagne, etc. Avant d’en arriver là, l’intérim d’insertion permet d’utiliser les cibles les plus proches. Il ne faut pas leur apprendre la langue, nileur trouver un logement. »
Interrogé dans ce sens, le directeur général aborde aussi des objectifs politiques : l’intérim d’insertion est un premier pas vers « l’intérim bis » à laHollandaise, ce système, revendiqué par les firmes d’intérim, qui consiste à faire engager le travailleur intérimaire à duréeindéterminée par son agence d’intérim « pour justement pouvoir former les gens quand ils sont entre deux missions ».
Du côté des CPAS, comment est envisagée la collaboration avec les agences d’intérim ? La Section CPAS de l’UVCW3 attend en fait des informations précises sur ledispositif. Elle souligne qu’elle a eu des contacts avec l’Upedi, la fédération des agences d’intérim, sur les grandes lignes de la politique, qu’elle est d’accord sur lesprincipes et qu’il y a déjà des CPAS qui collaborent avec des agences d’intérim. Mais quant au nouveau dispositif, les CPAS sont en attente d’une circulaire du ministre del’Intégration sociale.
1 Cabinet : rue Royale 180 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 210 19 11, fax : 02 217 33 28.
p Adecco Belgique, Direction générale, Assesteenweg 45 à 1740 Ternat, tél. : 02 583 91 45, fax : 02 583 91 88.
3 Ce minimex activé ne relève pas (ou du moins pas encore) de la réforme des emplois-services annoncée la même semaine par la ministre Onkelinx (voir plus loin dansce numéro). La législation en son état actuel prévoit l’accès de certains chômeurs à l’intérim d’insertion, en plus desbénéficiaires du minimex. Mais la mesure d’activation ne concerne pour le moment que ces derniers.

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