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Regard critique · Justice sociale

Accueil et services de proximité dans les villages : les GAL font le point

GAL, pour Groupe d’Action Local. Il s’agit d’un programme sexennal de collaborations intercommunales en zones rurales, soutenu par le fonds européen Leader+. On compte 15GAL en Wallonie1 (des asbl représentant des acteurs publics et privés des communes partenaires), dont le réseau est animé par la scrl Tr@me2. Quatrefois par an, à l’occasion des séminaires régionaux, les personnels et administrateurs de ces structures s’invitent mutuellement à faire le point sur unthème de travail. Ce 26 octobre, la soixantaine de participants se penchait sur  » accueil des nouveaux arrivants, mixité sociale et services de proximité  » dans le monderural.

03-11-2006 Alter Échos n° 218

GAL, pour Groupe d’Action Local. Il s’agit d’un programme sexennal de collaborations intercommunales en zones rurales, soutenu par le fonds européen Leader+. On compte 15GAL en Wallonie1 (des asbl représentant des acteurs publics et privés des communes partenaires), dont le réseau est animé par la scrl Tr@me2. Quatrefois par an, à l’occasion des séminaires régionaux, les personnels et administrateurs de ces structures s’invitent mutuellement à faire le point sur unthème de travail. Ce 26 octobre, la soixantaine de participants se penchait sur  » accueil des nouveaux arrivants, mixité sociale et services de proximité  » dans le monderural.

Fondamentaux … fondamentalement mis en question

D’entrée de jeu, trois scientifiques ont alimenté la réflexion. Thierry Eggerickx, directeur du Gédap3 à l’UCL, explique, chiffres etschémas à l’appui, l’importance grandissante des migrations dans l’évolution socio-démographique des petites communes. Conséquences : unedualisation accrue entre natifs et néoruraux, tant en termes d’accès au logement que de position socioprofessionnelle ou encore de pyramide des âges.

Thomas Dogot, des Facultés universitaires de Gembloux (CAP Ruralité4) a concentré son intervention sur les problématiques du foncier et du logement. Avecquelques confirmations : en zones rurales, le logement locatif est un bien rare, tout comme le logement social alors même que la surface bâtie y a presque doublé en vingt ans !

Pour le sociologue Daniel Bodson (UCL)5, toutes ces évolutions ont des conséquences6 sur la qualité de l’environnement et sur les types desociabilité (de  » vivre ensemble « ) dans les campagnes. Selon que l’on se sente appartenir à un territoire (les  » natifs « ) ou que l’on consomme l’espace comme un bieninterchangeable (les  » néoruraux « ), les rapports entre les habitants varient. Dans le premier cas, on s’adresse aux voisins en passant directement, à travers la haie, par laporte de derrière ; dans le second, on croise ses voisins dans des événements conviviaux extérieurs au foyer (brocantes, …) tandis que le quotidien se vit sur le mode dela  » distance requise « .  » Dans ce dernier cas, est-ce bien d’un accueil dont les habitants ont besoin ?  » questionne le sociologue.

Économie durable + service au public = économie sociale rurale

L’un des ateliers7, auquel nous avons assisté, s’inscrivait dans l’actualité politique de la Région wallonne. En effet, celle-ci va bientôttester des initiatives pilotes (voir n° spécial communes) en matière d’offre multiservice dans les zones rurales. Dans cette perspective, une fois n’est pas coutume, lacoordination du réseau des GAL avait invité un acteur étranger à venir témoigner et confronter son expérience à celles expérimentées enWallonie.

En matière de services de proximité en zones rurales, l’Angleterre a vu se développer des expériences assez efficaces sur son sol ces dernièresannées. Élodie Malhomme8, responsable de la communication de la Fondation Plunkett9, est venue présenter les  » entreprises sociales rurales  » (ESR). Parmicelles-ci, les  » commerces communautaires  » offrent des services de proximité dans les villages. Comme par exemple cette ancienne boulangerie recyclée en épicerie avec un pointPoste, un accès à internet et un pub. Véritables  » points multiservices « , ces commerces communautaires remplissent à la fois une fonction économique et unefonction sociale. L’Angleterre en compte aujourd’hui 160 qui ont créé plus de 200 emplois désormais autofinancés.

Subsidiées à leur lancement (par les pouvoirs publics, la Fondation Plunkett et des organismes bancaires solidaires), ces initiatives visent l’autosuffisance au bout de deux outrois ans. Les bénéfices dégagés par les activités de commerce financent alors l’emploi de coordinateur et sont réinvestis dans le développementde nouvelles activités. Paradoxalement, il s’agit d’un réinvestissement de fonctions de services par les pouvoirs publics. En effet, en Angleterre, la Poste ou lesTransports (bus) sont d’initiative privée. Lorsqu’une entreprise sociale rurale voit le jour (souvent à l’initiative de  » néoruraux « ), c’est pour pallierle vide laissé par des compagnies privées, fuyant le manque de rentabilité dans ces zones peu densément peuplées.

L’une des clefs du succès réside également dans la culture du  » self-help  » ( » auto-aide « ) propre à la population britannique. C’est un conseil devillageois qui prend l’initiative et administre le projet, dont le succès repose également sur un volontariat extrêmement développé. Ce qui faitl’originalité de la démarche anglaise, c’est d’allier le souci d’assurer des services de proximité avec une logique économique durable.

Toute ressemblance …

Les développements prévus pour ces  » commerces communautaires  » concernent aujourd’hui principalement deux axes. Le premier consiste à développer les  » circuitscourts « , du producteur au consommateur (dans les ESR, ce sont déjà en moyenne 15 % des produits vendus qui sont fournis par des producteurs locaux, contre 1% dans les grandes surfacesdu pays). Le second vise à offrir un service de santé (permanence d’un généraliste) dans les locaux de l’ESR. Au même moment oùl’État fédéral, en Belgique cette fois, décide de primes pour les médecins qui font le choix de s’installer en zones rurales. De quoi inspirer laWallonie ?

1. GAL.
2. SCRL Tr@me, rue de Liège, 83 à 4357 Limont – tél/fax : 019 54 60 51.

3. Groupe d’études de démographie appliquée, Collège Jacques Leclercq, place Montesquieu, 1 boîte 4 à 1348 Louvain-la-Neuve – tél. : 010 47 2967 – courriel : eggerickx@sped.ucl.ac.be
4. CAP Ruralité, Passage des Déportés, 2 à 5030 Gembloux – tél. : 081 62 23 61 – courriel : dogot.t@fsagx.ac.be
5. ANSO, Unité d’anthropologie et de sociologie, place Montesquieu, 1 à 1348 Louvain-la-Neuve – tél. : 010 47 42 44 – courriel : d.bodson@anso.ucl.ac.be
6. NDLR : pour un témoignage amusant et amusé des évolutions de la vie au quotidien dans nos campagnes, voir http://www.kamini.fr
7. le programme détaillé et, prochainement, les échos de ce séminaire sont disponibles enligne.
8. Pour plus d’infos, y compris en français : The Quadrangle, Woodstock, Oxfordshire, 0X20 1LH, UK – tél. : 00 44 (0)1993 810730 – fax. : 00 44 (0)1993 810849 – courriel : elodie.malhomme@plunkett.co.uk
9. La Fondation Plunkett, notamment, soutient méthodologiquement et financièrement les ESR.

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