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Regard critique · Justice sociale

Santé

Technologies et santé, côté pile et côté face

Si les évolutions technologiques peuvent être d’un grand soutien aux personnes rendues vulnérables par des problèmes de santé, elles soulèvent aussi nombre de problèmes éthiques… Le mouvement des aîné Enéo s’est penché sur les gérontechnologies.

25-08-2014
Flicker cc Artistic Bokeh

Si les évolutions technologiques peuvent être d’un grand soutien aux personnes rendues vulnérables par des problèmes de santé, elles soulèvent aussi nombre de problèmes éthiques…

Talkitt est une application smartphone de reconnaissance vocale qui traduit dans un langage intelligible les paroles exprimées par une utilisateur atteint de grave troubles de la paroles liés à une maladie dégénérative. Moti, un «smart toy» robotisé et interactif, est spécifiquement conçu pour capter l’attention des enfants autistes. Des «labos de poche» de la taille d’un paquet de cigarette et dont le coût de fabrication ne devrait excéder 25 dollars devraient quant à eux permettre au corps médical de régions pauvres de diagnostiquer le diabète, la malaria ou d’évaluer la pollution environnementale. L’article «E-santé : 3 services qui vous feront aimer la technologie» publié sur Meta-Media le 11 août dernier fait la part belle à ces évolution technologiques qui ont pour but de faciliter la vie des personnes rendues vulnérables en raison de problèmes de santé.

Autre face de la médaille. Si l’on en croit un récent papier publié sur Numerama, Apple serait en train d’approcher deux grandes compagnies d’assurance privées nord-américaines, United Health et Humana. L’objectif? Vendre à celles-ci les moyens de surveiller le comportement de leurs assurés par le biais de capteurs de données médicales intégrés dans les appareils mobiles. «Comme Samsung ou Google, Apple veut être au cœur de la révolution annoncée de la médecine personnalisée, et généralise dans ses nouveaux appareils mobiles la présence de tout un ensemble de capteurs biométriques qui permettent de surveiller le métabolisme de l’utilisateur. Rythme cardiaque, pression sanguine, taux d’oxygène dans le sang, taux de sucre, taux de caféine, taux d’alcool, taux de nicotine… tout est (ou sera) mesuré, consigné dans un journal de bord très précis, croisé avec des informations sur l’ADN.» Le but avoué est de mettre en place pour l’utilisateur un système d’alerte en cas d’anomalie ou de permettre aux professionnels de santé d’obtenir un bilan médical précis du patient. Mais derrière tout cela se cache la volonté de permettre aux assurances de réaliser des contrats d’assurance sur mesure faisant varier les remboursements de soins selon le comportement de l’assuré.

Enéo se penche sur les gérontechnologies

Plus près de chez nous, le mouvement chrétien des aînés Enéo s’est penché sur les gérontechnologies. Comment celles-ci sont-elles appréhendées par les aînés? C’est la question posée au sein de l’étude publiée en juillet dernier par l’association. Soutien à la communication, assistance dans les tâches quotidiennes, technologies de réhabilitation ou encore aide au suivi de la maladie, les gérontechnologies sont de natures variées et peuvent être utiles tant au patient qu’au personnel médical. Mais elles ne sont pas sans soulever certaines questions éthiques. Confidentialité des données et respect de la vie privée, consentement «éclairé» de patients ayant des troubles cognitifs, aspects contrôlant et déshumanisant, stigmatisation de certains groupes, accessibilité des dispositifs… autant d’aspects qui posent question quant à l’utilisation des technologies dans le domaine de l’aide aux personnes âgées ou de la santé en général.

Pour évaluer les gérontechnologies, il faut prendre en compte les caractéristiques de la technologie, mais aussi la personne et son contexte physique et social, conclut l’étude d’Enéo. «La création de ‘consultants’ en gérontechnologies est donc assez probable, à moyen terme. Experts en la matière, ceux-ci seront capables d’aider les personnes en perte d’autonomie et leurs proches à s’orienter vers une technologie adéquate et à la mettre en œuvre de façon respectueuse au niveau psychosociologique, éthique et juridique.» A condition bien sûr que ces consultants soient indépendants des sociétés qui créent et vendent ces technologies… Une approche intéressante, souligne aussi l’étude, consiste à associer des aînés à la conception de ces gérontechnologies, afin de les rendre les plus adéquates possibles.

Marinette Mormont

Marinette Mormont

Journaliste (social, santé, logement)

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