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Une institution de l'Aide à la jeunesse se remémore

« Livre de vies. Plus d’un siècle d’accueil de l’enfance à Bruxelles », est le périple auquel convie le home Juliette Herman1. Unegrande traversée de l’histoire au départ de l’orphelinat, devenu aujourd’hui service d’accueil et d’aide éducative (SAAE). Une plongée dansla mémoire de l’institution et dans l’atmosphère du métier d’éducateur. Une exploration du temps par les enfants et jeunes hébergés, qui apu éclaircir leur avenir.

01-06-2007 Alter Échos n° 230

« Livre de vies. Plus d’un siècle d’accueil de l’enfance à Bruxelles », est le périple auquel convie le home Juliette Herman1. Unegrande traversée de l’histoire au départ de l’orphelinat, devenu aujourd’hui service d’accueil et d’aide éducative (SAAE). Une plongée dansla mémoire de l’institution et dans l’atmosphère du métier d’éducateur. Une exploration du temps par les enfants et jeunes hébergés, qui apu éclaircir leur avenir.

Le home Juliette Herman compte 41 lits. Il est agréé pour l’accueil de jeunes qui nécessitent une aide spécialisée en dehors de leur milieu familial.L’équipe assure également des suivis en famille et travaille la mise en autonomie. Durant deux ans, une partie de celle-ci, s’est mobilisée autour d’un projet :celui de devenir des explorateurs du temps. Aboutissement ? Une exposition toute en modernité et une publication du résultat de recherchesss, de récoltes de témoignages.Un rassemblement d’informations qui « met à mal les clichés sur l’institution, le métier d’éducateur, le placement ».
L’équipe s’est investie dans la rédaction. À la manière des gens du social, précise Christiane Coppé, qui souligne le travail de relecture etd’accompagnement d’experts comme France Huart, historienne intervenue à titre bénévole, ou Aurélie Noirhomme, muséologue mise à disposition parle CPAS de la Ville de Bruxelles (pouvoir organisateur de l’institution).

« Nous avons toujours développé des projets, explique la directrice Christiane Coppé. Pour ne plus être bricoleurs, ne plus compter uniquement sur notre bonnelogique, nous avons été outillés par le Stics2. Quatorze personnes de l’équipe ont suivi cette formation. » La base commune est une des clésdu succès pour mener à bien de telles initiatives, insiste Christiane Coppé quand on l’interroge sur les ingrédients de la réussite. Tandis que le temps etles moyens comptent parmi les freins.

Du passé, entrevoir des perspectives d’avenir

Ce projet de mémoire sera d’envergure. Il répond au souhait de se « réapproprier l’institution » plus que centenaire. Se pose rapidement la question del’association des enfants à la démarche. Une visite de la Fonderie à Molenbeek3 laissera penser qu’elle est imaginable à l’aide del’outil interview vidéo. À la recherche d’un partenaire pour l’animation vidéo, le Home entrera en contact avec le service d’aide en milieu ouvertmolenbeekois Atouts Jeunes4. Les deux services « opposés à certains moments dans l’histoire », l’un dit curatif, l’autre préventif, ontappris à se connaître, à travailler en synergie. Proposition est faite aux jeunes de se saisir de l’outil. Les « projeteurs », comme ils se nommeront, irontà la rencontre d’anciens éducateurs, d’anciens hébergés. Et c’est là un des apports du projet. « Voir des adultes qui parlent de leursexpériences au-delà du placement a été comme un coup de pouce pour envisager le futur », observe Christiane Coppé. Les enfants en ressortent avec « uneautre vision sur leurs placements, sur leurs futurs. » Et la directrice de remarquer que parmi les anciens, « ceux qui ont accepté les interviews, s’ils parlent de leurssouffrances, de leurs difficultés, sont sans doute ceux qui s’en sont bien sortis ».

Quant aux adultes, les professionnels de l’institution, ce retour dans l’histoire leur a, entre autres, permis « une compréhension des choses vécues et quel’on ne raccrochait pas à quoi que ce soit, rapporte Christiane Coppé, de règles qui tiennent de l’anecdotique parfois, comme d’arrêter la soupe en juin». L’approche historique a aussi amené « à relativiser les pratiques antérieures face aux connaissances actuelles et à mieux saisirl’évolution de l’Aide à la jeunesse ».

L’actualité pour le home, dans la foulée de l’exposition, c’est la préparation de Éduc’action, journée de partaged’expériences qui se déroulera le 17 octobre. C’est aussi l’ébauche d’un groupe ressources pour les jeunes, à l’initiative d’ancienshébergés. Ces derniers envisagent de partager leurs carnets d’adresses, de donner des coups de pouce. L’intergénérationnel initié avec la constructionde l’exposition semble s’inscrire dans la durée.

1. Home Juliette Herman, rue Médori, 70 à 1020 Bruxelles – tél. : 02 478 17 70. L’exposition est accessible à cette adresse, jusqu’au 14 juin –les mardis, jeudis et samedis de 10 à 17 heures, le mercredis de 15 à 20 heures.

2. Voir www.stics.be
3. La Fonderie, musée bruxellois de l’industrie et du travail, rue Ransfort,
27 à 1080 Bruxelles – tél. : 02 410 99 50.
4. Atouts Jeunes, chaussée de Gand, 431 à 1080 Bruxelles –
tél. : 02 410 93 84.

Catherine Daloze

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