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Une halte-garderie pour les enfants de Mena

Le centre Fédasil de Rixensart1 vient d’ouvrir une structure d’accueil adaptée aux enfants de mineures non accompagnées (Mena). Une première enBelgique, qui permet aux jeunes mères de poursuivre leur scolarité.

14-04-2008 Alter Échos n° 249

Le centre Fédasil de Rixensart1 vient d’ouvrir une structure d’accueil adaptée aux enfants de mineures non accompagnées (Mena). Une première enBelgique, qui permet aux jeunes mères de poursuivre leur scolarité.

Donner naissance à un enfant lorsque l’on est soi-même encore une enfant, c’est déjà une aventure difficile. Si la jeune maman est en exil, loin de safamille et en situation irrégulière, l’aventure peut rapidement virer au cauchemar. Difficile de chiffrer le nombre de jeunes femmes Mena qui sont aussi mamans. ÀFédasil, on reconnaît que le problème a toujours existé mais qu’il tend à s’amplifier depuis quelques années. La question était en tout cassuffisamment criante pour que le centre Fédasil de Rixensart se penche sur la situation des jeunes mères et crée une structure d’accueil pour les « enfants de Mena». Inaugurée en mars dernier et baptisée Kirikou, la halte-garderie dispose de sept places. Une première en Belgique.

« Nous sommes partis d’un constat assez simple : dans les structures standards des centres, on accueille tous les Mena, parfois des jeunes filles qui ont étéviolées se retrouvent dans le même centre que d’anciens enfants soldats. Pour des raisons évidentes, ce n’est pas toujours facile de faire cohabiter ces jeunes…Nous avons donc commencé par créer une structure plus adaptée pour l’accueil des jeunes filles fragilisées dont certaines étaient enceintes », expliqueHyppolite Kisondé, coordinateur du centre Fédasil de Rixensart.

Une capacité d’accueil limitée

Dans un premier temps, il s’agissait d’aider les jeunes filles à supporter l’éloignement, les angoisses que cela suppose, à gérer une grossesse pastoujours désirée, voire consécutive à un viol, et à faire face aux difficultés particulières de leur situation. Il a fallu deux ans pour mettre enplace un accueil ad hoc, avec un lieu aménagé pour les tout-petits, ouvert de 7h à 17h, afin de permettre aux jeunes mamans de poursuivre leur scolaritéaprès l’accouchement. Pour le « logement », les chambres sont habituellement prévues pour deux Mena. À Rixensart, il a rapidement étédécidé d’octroyer une chambre par jeune fille avec un bébé. « Mais au niveau des chambres, notre capacité d’accueil est limitée et nousavons déjà dû refuser du monde. Pour l’instant, nous accueillons quatre mamans et deux jeunes filles enceintes dont la plus jeune a quinze ans. Au total, pour dix chambres,nous avons actuellement quatorze jeunes filles, quatre bébés et trois garçons, ce qui est déjà un peu au-delà du nombre de personnes que nous pouvonsidéalement accueillir », précise le coordinateur.

Même si la situation représente un mieux – avant les jeunes mamans devaient arrêter complètement l’école pour s’occuper de leur enfant –elle reste compliquée. « Nous n’avons qu’une seule personne pour s’occuper de la halte-garderie, une éducatrice doit donc venir en renfort pour assurer les dixheures d’ouverture par jour. Le personnel n’a pas changé, il n’y a pas eu de recrutement supplémentaire. » En revanche, la capacité d’accueil de lahalte-garderie permet d’avoir une certaine souplesse. Outre les enfants de Mena, le lieu est également ouvert, dans certaines circonstances, aux anciens Mena demandeurs d’asile quiélèvent seuls leur enfant.

D’un point de vue légal, la maman mineure d’âge bénéficie des services d’un tuteur, mais son enfant est de sa responsabilité exclusive (iln’y a donc pas de tutelle sur l’enfant). Comme tous les Mena, elle reçoit l’hébergement, la nourriture, les soins, l’accompagnement, les vêtements et, enplus, une aide matérielle minimale (vêtements, biberons, couches, etc.) pour s’occuper de son enfant. Quant à « l’argent de poche » octroyé aux Menadans les centres Fédasil, il est fixé à six euros par semaine, que le jeune soit parent ou non.

1. Centre Fédasil :
– adresse : rue du Plagniau, 1 à 1310 Rixensart
– tél. : 02 655 10 20
– fax : 02 652 34 69.

aurore_dhaeyer

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