Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Une aide nommée ADIL

Faut-il élargir les Adil ? A qui et à quel coût ?

25-06-2011 Alter Échos n° 318

Faut-il élargir les Adil ? A qui et à quel coût ? La déclaration de politique générale du gouvernement bruxellois le prévoit, mais laquestion fait débat.

L’allocation de déménagement, installation et d’intervention dans le loyer (Adil) est une aide financière octroyée aux ménages à faiblesrevenus (voir Alter Echos n° 309 du 6 février 2011 : « Une Adil pour se mettre à l’abri »). Elle est destinée aux personnes qui quittent un logement insalubre ou inadapté pour prendre en location un logement quirépond à des critères de qualité. L’Adil est constituée d’une intervention dans les frais de déménagement, accordée une seule fois,et d’une allocation mensuelle couvrant la différence entre l’ancien et le nouveau loyer pendant cinq ans.

Elargir le droit à l’Adil aux personnes issues des maisons d’accueil et des logements de transit est inscrit dans l’accord de gouvernement. Le milieu associatif dessans-abri et le RBDH1 (Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat) suivent ce dossier de près. La première question porte sur le public cible. Quelest-il ? « Au gouvernement, on parle de parcours institutionnel. Cela ne correspond pas aux faits. Quand les gens ont perdu leur logement, ils ne se tournent passystématiquement vers les institutions qui sont saturées. Ils vont chez des amis ou dans la famille ou ils se retrouvent à la rue. Il vaudrait mieux partir de laréalité. Les personnes sans-abri sont celles qui ont perdu leur logement. Point ! », soutient Carole Dumont, chargée de projet au RBDH.

A titre de référence, les associations proposent de se rapporter à la typologie des sans-abri établie par la FEANTSA2, la Fédérationeuropéenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri. Cette typologie permettrait de définir cinq catégories : outre les logements de transit, on distinguel’habitat chez des tiers, la vie en rue, l’habitat précaire de type squat et l’habitat en institution.
« Etendre la définition est souhaitable, sans arriver à une allocation-loyer qui n’en porterait pas le nom et qui pourrait bloquer toute avancée »,souligne la députée Ecolo Anne Herscovici, qui suit le dossier.

Une administration peu pléthorique

Le RBDH pose aussi la question du fonctionnement actuel. « On peut penser à de nouveaux bénéficiaires, mais le dispositif actuel ne fonctionne pas bien. Il fautentre neuf mois et un an pour faire aboutir un dossier », poursuit Carole Dumont, décrivant la faible structure administrative du service : cinq personnes pourl’équipe sociale et quatre pour l’équipe administrative. « Le traitement est lent, il n’y a pas de préfinancement et le dispositif ne permet pasd’aider les familles nombreuses », regrette-t-elle.

Anne Herscovici est consciente du problème d’effectifs. « A Ixelles, nous avons mis en place, à l’époque de ma présidence et cela fonctionne toujours,une collaboration systématique avec l’agence immobilière sociale Habitat et Rénovation. Celle-ci examine la situation et se porte garante du fait que les Adil serontaccordées avec 95 % de chance. Sur cette base, le CPAS en fait l’avance », décrit-elle.

Le secrétaire d’Etat au Logement, Christos Doulkeridis3, rappelle pour sa part les difficultés énormes d’engager la Région. « Pour leservice devant s’occuper de la taxation des immeubles vides, une équipe devrait être constituée au sein de l’administration. La décision est prise depuis un an.On a procédé à deux engagements sur les cinq que le gouvernement a décidés. »

Eviter les effets d’annonce

Le RBDH reconnaît que le dossier est très technique et qu’il contient beaucoup de propositions diverses4.

La réaction du politique est évidemment de réfléchir à l’implication budgétaire. « De notre côté, explique Carole Dumont,nous nous sommes appuyés sur des chiffres détaillés. Sur la base de 450 nouveaux dossiers estimés la première année de la réforme, celle-ci devraitavoir un impact maximum d’augmentation de 13 % du budget, qui se monte à 8 800 000 euros en 2011. »
Pour Christos Doulkeridis, le dossier mérite le travail qui a été entrepris. « Mais je veux éviter les effets d’annonce faciles. Je dois avoir descertitudes budgétaires et une évaluation précise vérifiée par l’administration », conclut-il.

1. RBDH :
– adresse : quai du Hainaut, 29 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 502 84 63
– site : www.rbdh-bbrow.be.
2. FEANTSA :
– adresse : chaussée de Louvain, 194 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 538 66 69
– site : www.feantsa.org.
3. Cabinet de Christos Doulkeridis :
– adresse : bd du Régent, 21-23 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 506 33 11
– courriel : info@doulkeridis.irisnet.be
– site : www.doulkeridis.be
4. Le dossier peut consulter sur le site : www.rbdh-bbrow.be/spip.php?article979

Jacques Remacle

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