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Regard critique · Justice sociale
© Ales Motyl

Mars signe le premier anniversaire d’un épisode inédit, celui de l’assignation collective à résidence, résumée par le «restez chez vous». Le slogan sonne faux quand on connaît la crise du logement (abordable) en Belgique. Et dissonne d’autant plus à l’heure où nous écrivons ces lignes, veille de la levée du moratoire sur les expulsions locatives prévue ce 1er mars dans la Région de Bruxelles-Capitale.

Mars, c’est aussi le mois de la Journée internationale des droits des femmes. À cette occasion, le Collectie.f 8 maars et Action Logement Bruxelles (qui vient également de lancer une pétition pour une baisse des loyers à Bruxelles) rappellent dans une carte blanche que, s’il est difficile d’accéder à un logement décent pour une majorité de la population, «pour les femmes, c’est pire».  

«Les femmes (toute personne identifiée et – ou s’identifiant comme femme, précise la carte blanche) racisées, les femmes seules qui ont la charge d’un ou de plusieurs enfants, les femmes qui veulent quitter leur ménage, mais n’ont pas de preuves de précédent paiement de loyer, les femmes âgées isolées et, dans certains cas, les personnes non binaires, subissent de plein fouet la pénurie de logements adaptés, salubres et abordables et sont trop souvent victimes de discrimination quand il s’agit de louer ou d’acquérir un bien», écrivent les signataires.

«S’il est difficile d’accéder à un logement décent pour une majorité de la population, pour les femmes, c’est pire», soulignent  les Collectie.f 8 maars et Action Logement Bruxelles

Les femmes n’ont alors d’autre choix que de se loger dans des logements moins adaptés, parfois insalubres. De se tourner vers la cohabitation, ce qui présente le risque de réduire leurs allocations. De rester dans un foyer violent. D’activer leurs réseaux amicaux ou familiaux pour se loger, seule ou avec leurs enfants. De frapper aux portes des institutions. D’occuper des églises et des universités, à l’instar des occupations qui se sont ouvertes depuis le début de l’année à Bruxelles, ou de rejoindre les occupations temporaires rendues possibles depuis plusieurs mois par des actions de réquisitions solidaires de bâtiments vides dans la capitale pour héberger des personnes sans toit.

Comme nous le développons dans notre dossier (consacré aux violences institutionnelles contre les femmes dans les dispositifs d’aide et de soins), dans une société toujours inégalitaire, les discriminations de genre, de classe, de race, se multiplient et s’enchevêtrent pour les femmes, les plongeant dans un cercle infernal de violences.

Un toit, c’est un abri sûr contre la violence du/de l’(ex)-conjoint, contre la violence de la rue, contre la violence qui peut s’exercer dans les centres d’hébergement pour personnes sans abri et pour demandeurs d’asile, peu adaptés aux réalités des femmes. Un toit, c’est un territoire à soi.

Manon Legrand

Manon Legrand

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