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Regard critique · Justice sociale

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Un ouvrage pour faire avancer la cause du logement wallon

De plus en plus, le logement apparaît comme une matière transversale. Les acteurs tiennent davantage compte du facteur social et non plus seulement des briques. L’administrationwallonne n’est pas en reste. Elle parle, pour sa part, de multidimensionnalité du logement.

07-10-2004 Alter Échos n° 172

De plus en plus, le logement apparaît comme une matière transversale. Les acteurs tiennent davantage compte du facteur social et non plus seulement des briques. L’administrationwallonne n’est pas en reste. Elle parle, pour sa part, de multidimensionnalité du logement.

Le ministère de la Région wallonne devrait bientôt éditer Le Logement dans sa multidimensionnalité : une grande cause régionale1, dans sacollection « Études et documents ». Axé sur la Wallonie, l’ouvrage a été dirigé par Nicolas Bernard, chercheur aux Facultés universitairesSaint-Louis, et Charles Mertens, inspecteur général de la Division Logement – DGATLP (Direction générale de l’Aménagement du territoire, du Logement etdu Patrimoine). Une quinzaine de spécialistes ont contribué à l’ouvrage. Pour Charles Mertens, « la problématique du logement est foncièrementmultidimensionnelle. Elle renvoie, tant dans ses causes que dans ses effets, à d’autres domaines, tels que la santé, l’éducation, la culture, l’emploi ou encorela mobilité. Intimement corrélée aux autres phénomènes sociaux, la figure du logement appelle, si elle veut être appréhendée correctement, untraitement intégré et global ».

Charles Mertens précise encore que l’ambition de l’ouvrage est « de conforter les décideurs dans la nécessité d’accorder une place prioritaireau logement au sein des politiques publiques. Le propos n’est donc pas ici de mettre en cause les politiques menées dans notre Région […] mais plutôt d’insistersur le chemin qui doit encore être parcouru ».
Certains auteurs de cet ouvrage collectif mettent en avant la problématique de la crise du logement, qui se caractérise par une forte progression du coût du logement. Cetétat des choses contribue de plus en plus à une dualisation de la société. Comme le décrivent d’autres contributeurs cette crise frappe de plein fouet lesménages les plus précarisés : résidents permanents en équipements touristiques, gens du voyage ou encore sans-abri.

L’exploration de pistes

Devant ce constat, quelques pistes financières se profilent pour répondre à court terme au manque cruel de logements. L’allocation-loyer, appliquée en France,pourrait être une solution. Cette allocation financière mensuelle apporte le complément nécessaire aux ménages à bas revenus pour payer leur loyer. Mais, dansun marché rigide, il risque aussi de favoriser une poussée inflationniste des loyers. Une autre piste est la fiscalité immobilière : des incitants fiscaux pourraientêtre accordés aux propriétaires qui entretiennent leur logement et pratiquent des loyers raisonnables.

Et même, il va de soi de lutter contre les logements insalubres, mais pas au détriment des locataires, signale Nicolas Bernard. Il faut prévoir des solutions de relogement lorsde la fermeture d’une habitation. Toujours en matière de lutte contre l’insalubrité, Marie Demanet, coordinatrice de la Délégation au Développement dela Ville, présente quelques actions qui ont montré leur efficacité : la Bourse d’achat collectif d’immeubles (achat par plusieurs d’anciens bâtimentsindustriels) et la réoccupation des logements vides au-dessus des commerces.

D’autres auteurs évoquent l’impact des lois – pas toujours heureux – sur le logement. Le législateur aurait ainsi grandement contribué à ladisparition de 64.000 logements en Wallonie, entre 1970 et 1991. D’autres, encore, s’interrogent sur les possibilités de saisir l’Union européenne sur laproblématique du logement.

Pour Charles Mertens, il est temps de passer à la vitesse supérieure. Selon lui, « trois axes prioritaires devraient inspirer la politique du logement des prochainesannées. À savoir :
> l’augmentation massive d’unités de logements publics, solidairement réparties sur tout le territoire wallon, et la pérennisation de la mise aux normes techniques del’ensemble du parc public existant ;
> l’amélioration de la qualité physique du parc locatif social de fait, dans les noyaux d’habitat, par une discrimination positive des aides à la pierre et à lapersonne ;
> la mobilisation foncière territorialisée [de tous les acteurs et opérateurs], aux différents niveaux de pouvoirs ».

1. DGATLP – ministère de la Région wallonne, rue des Brigades d’Irlande 1 à 5100 Jambes – tél. : 081 33 23 12 – fax : 081 33 23 25 – site: http://mrw.wallonie.be/dgatlp/dgatlp

Baudouin Massart

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