Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Un éco-quartier au Sart-Tilman

En 2017, un premier éco-quartier liégeois devrait voir le jour au Sart-Tilman. Mais un éco-quartier réunit rarement tous les critères de durabilité.

03-04-2011 Alter Échos n° 313

En 2017, nonante-deux logements s’érigeront entre le village du Sart-Tilman et les homes de l’ULg. Le projet est qualifié de « premier éco-quartierà Liège ». Quels sont les critères du label ? Y aura-t-il un label ? Et quid de la mobilité et du social ?

L’appel à intérêt lancé par la ville de Liège et l’Université pour un éco-quartier sur 2,6 hectares dans le quartier du Sart-Tilman aété remporté par l’entreprise de construction Thomas&Piron. Le projet développé par le bureau d’architectes FHW, baptisé« Croisée du Clairbois », prévoit 27 maisons, 65 appartements, quatre surfaces commerciales, un horeca et une maison de quartier. « Les bâtimentsseront construits selon les normes passives, explique Thomas&Piron : grâce à une isolation renforcée et une excellente étanchéité de l’air, leconfort thermique sera supérieur aux normes actuelles et les besoins en chauffage seront inférieurs à un cinquième de la consommation de la plupart des constructionsactuelles. » Et de d’ajouter que la Croisée du Clairbois sera « conçue dans un souci d’intégration et d’amélioration du bâtiexistant », avec un « quai » – espace ouvert sans circulation de transit –, pour lier le village du Sart-Tilman à l’Université.L’espace privilégiera les déplacements doux avec parkings pour vélos. Des maisons « kangourou » comptant deux logements favoriseront la« mixité et (l’)entraide intergénérationnelles entre une personne âgée au rez-de-chaussée et un jeune couple ou une famille àl’étage ». Après étude d’incidence en août, les travaux commenceraient en avril 2013. La fin du chantier est annoncée pour novembre 2017.

Enjeu local et régional

La Croisée du Clairbois est intitulée « premier éco-quartier à Liège ». Quelle est la définition d’unéco-quartier ? Inter-Environnement Wallonie énumère, sous la plume d’Hélène Ancion le 14 octobre 2010, les conditions de réduction de l’impact dubâti sur la nature, de concertation des habitants dès la conception du projet, et de mixité socio-économique, culturelle et intergénérationnelle. La Maison del’Urbanité1, chargée par le ministre du Développement durable, Jean-Marc Nollet (Ecolo), d’une étude « Habiter en quartierdurable » (encadré) nuance « au cas par cas, selon le président Pierre Sauveur. Car dans un quartier non urbanisé, comment concerter des habitants qui nesont pas encore là ? Les voisins ? Oui, mais sans oublier l’idéologie de la durabilité qui s’oppose au Nimby contre toute nouvelleconstruction. »

N’y a-t-il pas, pour le projet au Sart-Tilman, confusion entre mixité sociale et intergénérationnel ? Le lotissement « moyen haut de gamme àvocation universitaire, prévoit l’échevin de l’Urbanisme Michel Firket2 (CDH), ne comptera pas de logement social. » L’architecte Jean-MichelDegraeve, coauteur de l’étude pour Jean-Marc Nollet, considère « peu probable que les habitants de Droixhe ou Sainte-Marguerite montent au Sart-Tilman (revenudouble). Mais, pondère-t-il, attention au simplisme ou au sectarisme : il faut créer des conditions pour rassembler les populations, et c’est la diversité de logements(appartements, maisons, studios…) qui engendrera la diversité sociale. » Pierre Sauveur renchérit : « Il est très rare que tous lescritères (mobilité, déchets, énergie, égouttage, social, culturel…) coexistent. On ne s’oriente d’ailleurs pas vers un label durable desquartiers, mais vers une amélioration en durabilité. » Reste, pour le Sart-Tilman en périphérie, le couac de la mobilité : « Uncritère déficient, répond Pierre Sauveur, peut être compensé par les autres. Mais dans un éco-quartier en périphérie, les économiesd’énergie risquent d’être contrebalancées par les gaz de voiture vers la ville. » Pour Jean-Michel Degraeve, « c’est làl’enjeu de la mise en réseau des quartiers. C’est un enjeu local et régional. » Michel Firket rappelle l’échéance « d’ici 4à 5 ans » du BHNS (bus à haut niveau de service) Standard-CHU à greffer sur la future ligne de tram.

Saint-Léonard : niche d’éco-quartiers

L’étude « Habiter en quartier durable », qui sera bientôt éditée, analyse une dizaine de projets en Belgique et àl’étranger (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Suisse) avec la genèse, les premiers bilans, et en proposant la réflexion à un large public. L’ouvrage serad’abord diffusé aux pouvoirs politiques afin de les convaincre du bien-fondé des thèses durables et leur donner de bonnes idées pour la préparation des planstriennaux. » Jean-Michel Degraeve cite dans l’ouvrage le quartier Saint-Léonard à Liège, en rénovation depuis 2001, comme « modèlewallon de quartier durable en tant que niche d’éco-quartiers ». Le livre alimentera à Liège (en mai-juin et septembre) deux cycles de trois conférences,qui s’inscrivent dans le contexte des Ateliers du territoire à lancer par le ministre wallon de l’Aménagement du territoire, Philippe Henry (Ecolo), avec les Atelierscitoyens au sein des six Maisons de l’Urbanisme wallonnes. Les conclusions seront le pilier d’un brainstorming sur la durabilité.

1. Maison de l’Urbanité Liège-Huy-Waremme :
– adresse : rue de Campine, 143 à 4000 Liège
– tél. : 04 226 97 27
– web : www.maisondelurbanite.org
2. Michel Firket échevin de l’Urbanisme :
– rue Féronstrée, 94-96 à 4000 Liège
– tél. : 04 221 93 74
– courriel : echevin.firket@liege.be

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