Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Archives

"Table ronde pour un réseau de crèches à proximité des entreprises bruxelloises"

13-05-2002 Alter Échos n° 120

Le 24 avril, le groupe MR du Parlement bruxellois1 et l’asbl Rire et Grandir2 avaient convié des responsables politiques et des acteurs du monde de la petite enfance et des entreprisespubliques et privées à une table ronde. L’objectif était de réfléchir à la mise en place de synergies privé/public pour répondre à lasituation préoccupante en matière d’accueil de l’enfant. Si l’on en croit les chiffres pour la Région bruxelloise en effet, seules 47 % des demandes de garde sontrencontrées par les milieux agréés. D’où la proposition de créer de nouvelles crèches dans ou à proximité des entreprises. L’idéesoutenue par les parlementaires de droite bruxellois est en effet celle de la création d’un réseau mixte (privé/public) qui permettrait une offre de places plus large. Le pointsur cette rencontre avec Marion Lemesre, présidente du groupe MR au Parlement bruxellois.
« Les entreprises ont affirmé leur intérêt par rapport à cette problématique et leur disposition à agir, explique M. Lemesre, c’est ce qui ressort notamment dutémoignage de Solvay qui voudrait lancer un projet pilote de crèche sur son site de Neder-Over-Heembeek. » L’entreprise attend néanmoins un signal positif des pouvoirspublics… Ce signal pourrait être accéléré par l’intervention du ministre-président de la Communauté française, Hervé Hasquin, qui vas’adresser au ministre de l’Enfance, Jean-Marc Nollet, afin d’intégrer le projet dans la réforme de l’ONE.
Mais face à cet intérêt du privé, des craintes se manifestent concernant la qualité d’accueil de telles crèches d’entreprise. Or, explique laprésidente du groupe MR, « nous insistons sur le fait que ces crèches sont un service public avec un financement mixte qui intègre un troisième interlocuteur : lescrèches seraient en effet gérées par des asbl indépendantes (telles que Rire et Grandir), avec un cahier de charges bien précis ».
Autre crainte exprimée lors de la table ronde : celle d’augmenter les liens de dépendance des employés vis-à-vis de leurs employeurs. Une crainte qui sembleinjustifiée pour Marion Lemesre : « Les crèches ouvertes dans ce cadre s’intègrent dans le quartier et offrent des places à tous les enfants; soit un raisonnementintelligent pour l’entreprise qui n’est plus seulement vue comme un vecteur d’augmentation du trafic ou d’autres désagréments éventuels pour les riverains ». Un employé quichange d’emploi pourra donc aussi théoriquement maintenir son enfant dans la crèche.
Jusqu’où s’occuper de son personnel ?
Cependant, certaines réticences semblaient également toucher les entreprises elles-mêmes pour qui « ce n’est pas notre boulot ». « C’est encore tout l’intérêt de laprésence de l’asbl gestionnaire travaillant sous contrôle de la Communauté française », réplique M. Lemesre.
La démarche au départ régionale croise en effet les compétences de la Communauté, la Région offrant un support via l’octroi de postes ACS. À cepropos, Marion Lemesre souligne que « parmi tous les ACS octroyés, seuls 180 le sont à la petite enfance. » Il y a là des choix à opérer, poursuit-elle, qui n’ont pasété jusqu’ici prioritaires. « On ne peut plus accepter une telle situation sous prétexte d’enveloppe fermée, insiste la présidente. Il ne faut pas non plus nier leproblème, car il est important : il conditionne la qualité de vie des femmes, et parfois des hommes, qui hésitent à reprendre le travail ou à avoir un autreenfant. »
Alors, la solution réside-t-elle en ces crèches à proximité des lieux de travail? Va-t-on voir, comme l’a dit un participant, apparaître des « bébésnavetteurs »? Pour M. Lemesre, « cela vaut mieux qu’un bébé qui attend sa mère coincée dans les embouteillages ».
Pour poursuivre la réflexion, des groupes de travail internes travaillent sur la question, et des contacts vont se prolonger avec l’Orbem pour déterminer quelle est la capacitéd’octroi de postes ACS. Le développement de contacts avec l’ONE et la Communauté sont également à l’agenda.
Concrètement, trois crèches pilotes devraient être mises sur pied, fonctionnant en réseau avec une seule direction pédagogique. Parmi celles-ci figurera un projetmené avec le ministre de l’Intérieur Antoine Duquesne, pour le personnel des zones de police. « La garde des enfants est souvent un frein à l’engagement de personnelféminin, principalement, dans la police, d’où l’idée de proposer des crèches par zones sur le même canevas. »
1 Tél. : 02 549 66 12. Les actes du colloque seront disponibles fin mai.
2 Tél. : 0475 36 75 14.

Agence Alter

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)