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T’en veux? J’en ai! – Les fonctions critiques à Bruxelles

Pour la 7e année consécutive, l’Observatoire bruxellois du marché du travail et des qualifications1 (Orbem) a publié son analyse desfonctions critiques en Région bruxelloise – une étude qui, dans l’ensemble, vient confirmer des tendances structurelles connues, notamment quant au désajustemententre offre et demande sur le marché de l’emploi bruxellois2.

02-08-2005 Alter Échos n° 191

Pour la 7e année consécutive, l’Observatoire bruxellois du marché du travail et des qualifications1 (Orbem) a publié son analyse desfonctions critiques en Région bruxelloise – une étude qui, dans l’ensemble, vient confirmer des tendances structurelles connues, notamment quant au désajustemententre offre et demande sur le marché de l’emploi bruxellois2.

Pour une bonne compréhension de l’étude, il importe bien de distinguer « fonction critique » et « pénurie ». La pénurie est une affairepurement quantitative; or, on le verra, des fonctions peuvent s’avérer critiques alors même que la main-d’œuvre adéquate est suffisante sur le marché.Techniquement, pour pouvoir être qualifiée de critique, une fonction doit remplir simultanément trois critères :
• un minimum de 10 offres d’emploi (qui peuvent comprendre chacune plusieurs postes) ont été proposées au cours de l’année 2004 pour cette profession;
• le taux de satisfaction de la profession est inférieur au taux de satisfaction de l’ensemble des professions (68,4 % en 2004) ;
• la durée nécessaire pour clôturer les offres relatives à cette profession est plus longue que la durée d’ouverture de la moitié de toutes lesoffres d’emploi (1,0 mois en 2004).

En termes méthodologiques, cette enquête est semblable à ses six grandes sœurs, à cette différence près que, cette fois, les chercheurs ontcomplété le volet purement statistique de leur enquête en soumettant la liste des fonctions critiques non seulement aux conseillers emploi de l’Orbem et auxfédérations sectorielles, mais également au Service bruxellois aux employeurs (dont les consultants peuvent aider les employeurs à définir les profils qu’ilsrecherchent).

« The usual suspects »

Au total, on arrive à 95 professions regroupées en 12 grandes familles :
• fonctions d’encadrement et de communication, qui couvrent des professions exigeant très souvent des diplômes d’études supérieures : ingénieurs,directeurs commerciaux, économistes, traducteurs,…
• fonctions administratives et commerciales : secrétaires, employés de bureau, comptables, représentants, vendeurs, etc. Pour ces fonctions, c’est souventl’exigence du bilinguisme qui est à l’origine de la difficulté.
• métiers du secteur médical, social, de l’aide aux personnes et de l’enseignement.
• métiers techniques et de l’informatique.
• secteurs du tourisme et de l’horeca : employés des services de voyage, cuisiniers et garçons de salle.
• métiers du transport, de la logistique et de la construction.
• métiers de l’artisanat et « divers » formant un groupe hétérogène et comprenant, par exemple, les coiffeurs, les boulangers et lesconcierges,…

Du point de vue des secteurs concernés par ces fonctions critiques, ce sont principalement l’horeca, le transport et le commerce (gros et détail). Quant aux niveaux dediplômes requis pour ces fonctions, il s’agit prioritairement du supérieur non universitaire (33 %) puis du secondaire supérieur. Cependant, face à ladifficulté de trouver des postulants possédant les diplômes souhaités, les employeurs finissent par transiger et par engager des candidats qui ont un niveau de formationautre que celui demandé dans l’offre.

Au moment de trouver des explications à ces écarts entre la demande et l’offre de travail, les chercheurs se tournent de trois côtés :
• Le facteur le plus évident est quantitatif : un nombre insuffisant de personnes pour ces professions ;
• Peut également apparaître une inadéquation entre les exigences spécifiques des employeurs et le profil des personnes candidates au poste (problème qualitatif);
• Enfin, les conditions de travail trop pénibles peuvent pousser les travailleurs vers un autre secteur – c’est notamment le cas dans l’enseignement, le secteur social,médical et de l’aide aux personnes.

Il est un dernier fait significatif, sur lequel les auteurs de l’étude insistent peu : c’est la croissance, depuis trois ans, du nombre d’offres d’emploi dans desfonctions critiques – signe que le désajustement entre offre et demande irait croissant sur le marché de l’emploi bruxellois. Une tendance encore confirmée par laproportion de ces « offres critiques » par rapport à l’ensemble des offres d’emploi : de 20,5 % en 1998, elles sont passées à 32,2 % en 2004 – sans,il est vrai, que cette tendance soit régulière et uniforme. Dans le même ordre d’idées, il est à remarquer que 25 % des fonctions critiques en 2004 l’ontégalement été au cours des six années précédentes (et 50 % l’ont été quatre fois sur six), indiquant des difficultés structurellesdans les secteurs concernés.

En termes de remèdes, l’étude invite les employeurs à réfléchir sur leurs procédures de sélection et de recrutement « entre autres enéliminant la surqualification, en intensifiant la formation en entreprise, en adoptant une gestion professionnelle des compétences et en combattant toute forme de discriminationà l’embauche ».

1. Observatoire bruxellois du marché du travail et des qualifications, boulevard Anspach, 65 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 505 14 54 – courriel : etudes@orbem.be
2. L’étude peut être téléchargée à l’adresse suivante : http://www.orbem.be

Edgar Szoc

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