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Risque de pauvreté plus élevé pour les personnes d’origine étrangère

La première phase (2006) d’une recherche menée à la demande de la Fondation Roi Baudouin (FRB) a permis de chiffrer le risque de pauvreté pour les migrants de lapremière génération et ceux qui les ont suivis. Dans une deuxième phase (2007), les chercheurs ont interrogé les personnes d’origine étrangèreet tenté de dégager des facteurs d’explication1.

Aujourd’hui, la Fondation et les chercheurs formulent ensemble une série de recommandations pour endiguer cette « pauvreté d’origine étrangère».

06-11-2007 Alter Échos n° 239

La première phase (2006) d’une recherche menée à la demande de la Fondation Roi Baudouin (FRB) a permis de chiffrer le risque de pauvreté pour les migrants de lapremière génération et ceux qui les ont suivis. Dans une deuxième phase (2007), les chercheurs ont interrogé les personnes d’origine étrangèreet tenté de dégager des facteurs d’explication1.

Aujourd’hui, la Fondation et les chercheurs formulent ensemble une série de recommandations pour endiguer cette « pauvreté d’origine étrangère».

Nathalie Perrin de l’Université de Liège (Centre d’études de l’ethnicité et des migrations) et Bea Van Robaye de l’Université d’Anvers (OASeS),sous la direction conjointe des professeurs Marco Martiniello et Jan Vranken, livrent dans leur étude des chiffres qui interpellent : dans un cas sur trois, les personnes d’origineextra-européenne courent le risque de vivre ici dans la pauvreté. Pas moins de 56% des personnes liées au Maroc et 59 % de personnes liées à la Turquie ont unrevenu qui, selon des données de 2001, se situe en dessous du seuil européen de pauvreté. Pour les personnes d’origine italienne, le taux est de 21%.

L’étude qualitative et exploratoire a mis en avant que les processus et les situations de pauvreté touchant les personnes d’origines belge et étrangèreprésentent beaucoup de similitudes. Parallèlement, les chercheurs ont dégagé des caractéristiques spécifiques.

Question de génération

Premièrement, la manière dont les personnes d’origine étrangère affectent leurs ressources diffère sur un certain nombre de points de celle des Belges desouche. Les migrants ressentent en particulier très vivement le devoir moral d’aider leurs parents, au sens large, dans leur pays d’origine.

Une deuxième spécificité réside dans le cadre de référence qui s’est modifié parmi les pauvres d’origine étrangère. Et cecadre varie selon les générations. La première génération utilise encore souvent les conditions socio-économiques de leur pays d’origine commeprincipal cadre de référence pour leur propre situation. En d’autres termes : ils s’en sortent bien ici, comparé à « là-bas ». Ladeuxième et la troisième générations, au contraire, sont déjà beaucoup plus tournées vers la société « autochtone » etprennent celle-ci comme point de référence pour leur propre situation en matière de revenus, d’emploi et d’éducation. C’est dès lors dans cesgénérations que les frustrations par rapport aux conditions de vie sont les plus grandes.

La recherche montre l’émergence d’une menace : celle de voir, dans des milieux de migrants également, la pauvreté se transmettre de génération engénération.

Les chiffres très élevés parlant du risque de pauvreté évoqués plus haut sont connus depuis l’année passée mais, dans une deuxièmephase, les chercheurs sont allés voir « derrière » ces chiffres. Ils ont cherché des explications en menant des dialogues dans des « focus groups » rassemblant des experts de terrainet dans des conversations avec des migrants de la première génération ainsi que leurs enfants et petits-enfants. Sur la base des résultats de la recherche et enconcertation avec un comité d’avis, la Fondation a formulé quelques recommandations pour endiguer la pauvreté chez les personnes issues de l’immigration. Elles visent surtoutà une meilleure formation scolaire, à dégager une perspective d’avenir pour les jeunes générations, à renforcer le lien social dans lacommunauté immigrée elle-même, à créer une identité locale et à développer des réseaux « horizontaux » entre personnesd’origine étrangère et de souche.

1. La pauvreté chez les personnes d’origine étrangère. Rapport d’une recherche à propos du lien entre immigration et pauvreté, commanditéepar la Fondation Roi Baudouin réalisée par le Cedem, Université de Liège et l’OASES, Universiteit Antwerpen. Téléchargeable sur le site de la FRB :
www.kbs-frb.be/code/page.cfm?id_page=153&ID=478

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