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Migrations

Rentrée en ligne pour les réfugiés de Louvain-la-Neuve

Pionnière en matière de cours en ligne, l’Université catholique de Louvain-la-Neuve s’est associée à la Croix-Rouge pour proposer des MOOCs (Massive Online Open Courses) à destination des demandeurs d’asile. Plongée dans une rentrée scolaire pas comme les autres.

Pionnière en matière de cours en ligne, l’Université catholique de Louvain-la-Neuve s’est associée à la Croix-Rouge pour proposer des MOOCs (Massive Online Open Courses) à destination des demandeurs d’asile. Plongée dans une rentrée scolaire pas comme les autres.

L’histoire commence lors de la précédente année scolaire. Deux étudiants qui suivent les cours de ressources naturelles et développement durable sur le campus et via l’enseignement en ligne s’interrogent sur la non-popularité de ces Massive Online Open Courses. Les deux étudiants débarquent alors dans le bureau de Louvain moocXperience avec cette idée: «Il faut faire un truc pour les réfugiés!» Pour le reste, c’est le travail de l’équipe de Louvain moocXperience et de son partenaire, la Croix-Rouge, qui a rendu possibles ces MOOCs pour réfugiés.

Ils ont entre 21 ans et 35 ans et viennent d’Afghanistan, de Syrie, de Palestine. Pour la plupart, leur objectif est de voir leur diplôme reconnu.

 

Le projet s’adresse notamment à des personnes en procédure d’asile, une période d’attente difficile, déconnectée de la vie professionnelle et qui offre peu d’occasions pour des migrants qui souhaitent trouver une manière de s’insérer dans la société. Pour l’année universitaire 2016-2017, 21 personnes se sont inscrites à ce MOOCs. Pour des raisons budgétaires, l’UCL a limité cette première expérience à une vingtaine de participants. Concrètement, le projet propose sept MOOCs. L’accès est totalement gratuit, les frais de certification et de déplacement sont pris en charge par l’UCL, qui fournit aussi un soutien à chaque réfugié.

En ligne et sur le campus

L’outil pédagogique propose une scénarisation concise, claire, et didactique, incluant des textes, des exercices, et des capsules vidéo plus courtes que les deux heures de cours normalement dispensées en classe. En plus de l’environnement numérique, les participants peuvent également avoir accès aux cours dispensés sur le campus. L’objectif est aussi de permettre aux étudiants de faire des rencontres. «On a voulu faire un projet qui permettait, par l’intermédiaire des MOOCs, à un certain nombre de personnes d’avoir accès à des cours UCL sur le campus, afin qu’ils puissent mettre un pied ou remettre un pied dans le monde universitaire, de rencontrer des gens, de partager des expériences», se félicite Stéphanie Kleinen, coordinatrice du projet.

«Je veux dire que je suis ici parce que je n’avais pas de vie, pas d’avenir, pas de sécurité, de protection, rien qui me donne le sentiment d’être en vie.»

 

Le profil des inscrits est riche. Ils ont entre 21 ans et 35 ans et viennent d’Afghanistan, de Syrie, de Palestine. Pour la plupart, leur objectif est de voir leur diplôme reconnu. L’opportunité des MOOCs n’est donc pour eux qu’une étape, «une goutte d’eau dans l’océan, un avant-goût de ce qu’ils pourraient faire», s’enthousiasme Stéphanie Kleinen, consciente du potentiel de ces participants.

Fadi Albayrouti vient de Gaza, en Palestine, où il a étudié la biologie et l’anglais. En Belgique depuis janvier 2016, il attend depuis neuf mois une décision quant à sa demande d’asile. Il s’est inscrit au projet pour «se motiver, rencontrer des gens et échapper au quotidien du centre de la Croix-Rouge», où l’attente des décisions juridiques pèse sur le moral des habitants. Fadi suit le cours de droit international, où il fait de nombreuses rencontres et s’épanouit. Il compte bien obtenir le certificat du cours, et ensuite continuer sa route, ici en Belgique. «Je veux dire que je suis ici parce que je n’avais pas de vie, pas d’avenir, pas de sécurité, de protection, rien qui me donne le sentiment d’être en vie.» L’histoire de chaque participant est unique. Mais les MOOCs sont à chaque fois pour eux une manière de s’ouvrir intellectuellement et humainement.

Aller plus loin

Lire le dossier «Social digital: prescrire ou proscrire? » dans Alter Echos n°432, octobre 2016

«Réfugiés : après l’urgence, l’accompagnement», Alter Échos n°419, 18 mars 2016, Marinette Mormont.

Anne Lebreton

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