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Regard critique · Justice sociale

Recoller les morceaux entre jeunes et politique

Conscientiser les jeunes aux enjeux électoraux : une nécessité si l’on veut éviter un désintérêt généralisé pour lachose politique.

01-07-2009 Alter Échos n° 276

Conscientiser les jeunes aux enjeux électoraux : une nécessité si l’on veut éviter un désintérêt généralisé pour lachose politique. Des associations s’y attellent.

Dix jours avant les élections, au sein d’une classe un peu particulière de l’Athénée François Bovesse1, à Namur. Vingt et un jeunesde rhétorique et onze seniors échangent à propos de la campagne électorale. À l’unanimité, élèves et aînésdéplorent le climat agressif et superficiel de celle-ci.

« La campagne est déprimante : les politiques sont fades et quand ils prennent la parole c’est pour se tirer dans les pattes et pour parler de choses peuimportantes », livre ainsi Manon, étudiante. Du côté des aînés, Anne enchaîne : « Je suis fort déçue engénéral : beaucoup de bla-bla, de critiques. Quand on voit ce qui se passe depuis pas mal de temps, on se dit qu’il y a beaucoup de lacunes dans différents domaines.»
Deux réactions parmi d’autres, toutes teintées de regrets.
En écoutant ce groupe intergénérationnel, les propos tenus par Xavier Mabille, président du Crisp2 (Centre de recherche et d’informationsocio-politiques), quelques jours plus tôt, nous reviennent à l’esprit. Fort de cinquante ans d’analyse politique, il partageait : « Durant cette campagne, onaura parlé de tout à la fois, alors que des décisions s’imposaient. Et ce qui est très grave, aujourd’hui, c’est que dans 27 pays, les électionseuropéennes sont en train de se passer dans la plus grande indifférence. »

Une demande d’accompagnement

Un questionnaire, réalisé par Unécof3, soumis entre le 24 avril et le 19 mai à 657 étudiants qui fréquentent l’enseignement universitaire, leshautes écoles et les écoles supérieures des arts, livrait aussi des données intéressantes. Alors que pour 29,12 % d’étudiant(e)s ce vote allaitconstituer le premier exercice du droit de vote, 53,48 % déclaraient ne pas s’intéresser à la vie politique. 57,99 % seulement pensaient que c’est le Parlementeuropéen qui allait être renouvelé (et bien moins encore pour les autres assemblées). Mais 12,48 % pensaient qu’il s’agissait (aussi) des… conseillerscommunaux !

Des résultats venant conforter les commentaires entendus, çà et là, par des adultes régulièrement en contact avec des jeunes.
De quoi alerter sur le nécessaire travail de conscientisation à mener auprès du public jeune. Un public, par ailleurs, demandeur d’un accompagnement, au sein del’école, dans la lisibilité des enjeux électoraux.

Pour ce qui est de la perception que les jeunes ont des différentes approches des enjeux électoraux qui leur ont été proposées, s’ils trouvent sympa lespeed politing, du fait d’une relation privilégiée avec un candidat, ils n’en sont pas moins dupes de la dimension de marketing et de séduction de cetteapproche. « Laisser la parole quelques minutes à des candidats au travers d’un speed politing, c’est vraiment leur donner l’occasion de faire leur pub. Comment,en effet, présenter un programme de cette manière ? », argue Manon.
Les brochures publiées par des organisations d’éducation permanente ? Elles se contentent rarement d’apporter une grille de lecture vraiment neutre.

La formule qui semble rencontrer le plus les attentes des jeunes est celle initiée par la plate-forme « apprentis citoyens » 4. Créée en 2004 parles quatre organisations de jeunesse des partis francophones démocratiques, elle se rend, à la demande, dans les classes de 5e secondaire et de rhéto. Là, desjeunes représentants des différents partis – de moins de 30 ans, idéalement, et dont le mandat le plus élevé est celui de conseiller communal – semettent à la disposition des élèves pour présenter les programmes électoraux et répondre aux questions. « L’objectif de la plate-forme estd’amener un contenu et un discours qui soient les plus proches et les plus compréhensibles par les jeunes, et de leur montrer que la politique n’est pas réservée auxplus âgés », explique Géraldine Martin, active au sein d’ « apprentis citoyens ».
Tout un programme qui ne manque pas d’intérêt. Sans doute à étendre, par souci démocratique, aux petites listes émergentes.

Politique au programme

À côté des initiatives précitées, il existe aussi un projet de la Fondation Roi Baudouin (FRB), intitulé « Politique au programme ». Il viseà soutenir et à outiller les enseignants du secondaire dans la sensibilisation des jeunes au fonctionnement politique et aux valeurs de notre système démocratique. LaFondation a ainsi publié fin 2008 trois carnets pédagogiques abordant quelques grandes questions qui traversent le champ de la politique : la démocratie, les clivages etpartis et l’éthique en politique5. La Fondation propose également une formation sur le thème « Comment parler de politique àl’école ? Pistes pédagogiques pour sensibiliser les élèves aux mécanismes de décision et de gestion démocratique ». Dans le cadre duprogramme de l’IFC, cette formation s’adresse aux enseignants du secondaire (2e et 3e degrés). Elle s’est tenue à trois reprises début 2009. Elle seraprobablement proposée à nouveau durant l’année scolaire 2009-20106.

En préparation de ces actions, une enquête de terrain a été réalisée par l’Agence Alter auprès de professeurs et de directeursd’école dans le but de mieux cerner les besoins et expériences des enseignants en matière d’éducation à la politique. Le rapport de cette enquête,Aborder le fonctionnement politique en classe ? Ce qu’en disent les enseignants, peut être téléchargé gratuitement sur le site de la Fondation : www.kbs-frb.be

1. Athénée royal François Bovesse :
– adresse : rue du Collège, 8 à 5000 Namur
– tél. : 081
22 30 35.
2. Crisp :
– adresse : place Quetelet, 1A à 1210 Bruxelles
– site : www.crisp be
3. Enquête réalisée par l’Union des étudiants de la Communauté française (Unécof).
4. Plateforme « Apprentis citoyens »:
– courriel : apprentiscitoyens@hotmail.com
– site : www.apprentis-citoyens.be
5. Ces guides peuvent être téléchargés gratuitement sur le site de la FRB et sur le site www.portaildemocratie.be
6. Plus d’info sur le site : www.portaildemocratie.be

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