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Quartier du Midi : un tournant dans le développement du projet urbanistique ?

Une des principales  » portes d’entrée  » de Bruxelles, le quartier de la gare du Midi, est en friche sur son versant saint-gillois depuis une dizaine d’années. Le pland’expropriation qui couvrait depuis dix ans l’ensemble de la zone – quatre îlots (dits A, B, C et D) d’habitations et de commerces – est arrivé àéchéance en octobre 2006. À ce jour, un seul îlot (B) a été entièrement rebâti. En décembre dernier, le conseil communal de Saint-Gillesadoptait une proposition de nouveau plan d’expropriation pour quatre immeubles d’un seul îlot, le C. Parallèlement, plusieurs demandes de permis étaientadressées à la commune. Le signe d’un regain d’intérêt de la part d’investisseurs ?

22-01-2007 Alter Échos n° 221

Une des principales  » portes d’entrée  » de Bruxelles, le quartier de la gare du Midi, est en friche sur son versant saint-gillois depuis une dizaine d’années. Le pland’expropriation qui couvrait depuis dix ans l’ensemble de la zone – quatre îlots (dits A, B, C et D) d’habitations et de commerces – est arrivé àéchéance en octobre 2006. À ce jour, un seul îlot (B) a été entièrement rebâti. En décembre dernier, le conseil communal de Saint-Gillesadoptait une proposition de nouveau plan d’expropriation pour quatre immeubles d’un seul îlot, le C. Parallèlement, plusieurs demandes de permis étaientadressées à la commune. Le signe d’un regain d’intérêt de la part d’investisseurs ?

Expropriations ciblées : nouvelle tactique et insécurité juridique ?

Les quatre bâtiments concernés – logements et commerces – sont situés dans l’îlot C, délimité par l’avenue Fonsny et les rues de Merode,d’Angleterre et de Hollande.  » Pourquoi prévoir un nouveau plan d’expropriation pour ces quatre bâtiments juste après l’expiration (octobre 2006) de celui quicouvrait l’ensemble des îlots pendant dix ans ?, interroge Alain Maron1, chef de groupe Ecolo (opposition) au conseil communal de Saint-Gilles. Et ce, alors que d’autresoutils existent, notamment un comité d’acquisition qui permet de passer par une négociation à l’amiable ? « . Et alors qu’en dix ans, seul neuf immeubles ontfait l’objet d’une expropriation judiciaire, sur une centaine, acquis pour le solde à l’amiable. Selon Olivier Pirotte2, au cabinet de la bourgmestre f.f., ils’agit d’une  » simple mesure de précaution « . Histoire de s’assurer de la bonne fin du projet et d’offrir ainsi des gages au promoteur et aux investisseurs.

« Histoire, surtout, de faire pression sur les derniers propriétaires à faire valoir leurs droits jusqu’au bout », ajoute pour sa part Gwenaël Brees3,porte-parole du comité d’habitants du Midi. Une interprétation que semblent confirmer des propos de Charles Picqué4 (PS), bourgmestre en titre de Saint-Gilles etministre-président de la Région bruxelloise. « Nous devons continuer dans la voie que nous avons choisie [à savoir : la négociation à l’amiable des conditionsd’achat des immeubles concernés] tout en sachant qu’un arrêté d’expropriation mettra peut-être fin à l’obstination d’un certain nombrede propriétaires « , affirmait-il en commission aménagement du territoire, le 18 décembre dernier.

Quoi qu’il en soit, d’autres bâtiments sont toujours debout dans l’ancienne zone d’expropriation. Désormais, leurs propriétaires ne seraientformellement plus tenus par l’interdiction de les rénover. Mais les autorités, communale et régionale, n’ont pas non plus laissé entendre qu’elleabandonnaient, à ces endroits, leurs projets de reconstruction. Comment se positionneront les uns et les autres face à l’état d’un bâti fortementdégradé et dans le contexte de crise du logement que connaît Bruxelles ?

Enfin une juste indemnisation des propriétaires ?

D’après Pirotte,  » le comité d’acquisition a d’ailleurs repris du service « . Les négociations auraient déjà abouti concernant deux des quatrebâtiments concernés dans l’îlot C, précise Patrick Debouverie5, échevin (MR) nouvellement chargé de la coordination des projets dedéveloppement dans le quartier du Midi. Celui-ci garde bon espoir pour les deux bâtiments toujours en négociation. D’autant que les moyens supplémentairesalloués par la Région permettent au Comité d’acquisition de négocier de meilleurs prix, pour les propriétaires, que les offres  » insatisfaisantes  » faites parle passé par la S.A. Bruxelles-Midi.

La société privée de droit public, créée par la Région pour maîtriser la spéculation dans le quartier, s’est montrée incapablede remplir cette mission. Parmi les habitants, on n’est pas loin de penser qu’elle s’est même rendue complice de la spéculation privée, faute de moyensfinanciers nécessaires. Les offres formulées aujourd’hui par le Comité d’acquisition seraient réévaluées à la hausse. Iln’empêche, les estimations de la valeur des biens continueraient à se faire sur la base des prix de vente d’autres biens similaires situés dans lepérimètre du projet urbanistique. Soit des biens largement dévalués par la lente « chancrification » du quartier que se sont vu imposer les propriétaires.

Un nouvel intérêt de la part d’investisseurs ?

Après ces nombreuses années de procédures et de spéculation, un frémissement se fait sentir du côté des investisseurs.  » Normal, analyse PatrickDebouverie. Maintenant que les procédures d’expropriation et d’acquisition touchent à leur fin, les promoteurs mettent en vente leurs projets et les demandes de permisrentrent.  » Sur l’îlot C, c’est le consortium de promoteurs Atenor et BPI qui a développé un projet mixte : bureaux, logement et hôtellerie. L’hôtel(200 chambres) serait déjà vendu, ainsi que la moitié des surfaces de bureaux, mais sans que l’identité des acquéreurs soit dévoilée à cejour.

Une bonne nouvelle pour l’emploi ?

 » Avec le projet bien avancé d’aménagement d’un hôtel au-dessus de la gare et les projets hôteliers déjà en construction, cela fait un total de600 chambres à ouvrir prochainement dans le quartier du Midi. Ce qui signifie plusieurs centaines d’emplois, qui ne nécessitent pas tous de longues années de qualification », se réjouit Patrick Debouverie.  » On est loin des 15 000 puis des 9 000 emplois promis par les autorités en 1992 et 1999 pour justifier ce projet urbanistique « , rappelle de soncôté Gwenaël Brees.

Concordance ou coïncidence : une Maison de l’emploi sera très prochainement inaugurée dans le quartier, rue de Merode. Avec le centre de formation professionnelle quis’y trouve déjà, le quartier disposera de deux structures  » avec l’appui desquelles il s’agira d’aider les nouveaux employeurs à trouver du personnel deproximité », explique Patrick Debouverie. Sans qu’un plan coordonné dans ce but ait été établi…

1. Alain Maron, rue de Merode, 166 à 1060 Saint-Gilles – tél. : 02 538 19 48 – courriel : am@am1.be – site : www.ecolo1060.be
2. Maison communale de Saint-Gilles, place Van Meenen, 39 à 1060 Bruxelles – tél. : 02 236 02 06 – courriel : contact.1060@stgilles.irisnet.be
3. Comité d’habitants du Midi – contact : Gwenaël Brees – courriel : comite@quartier-midi.be
4. Cabinet de Charles Picqué, rue Ducale, 9 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 506 32 11 – courriel : info@picque.irisnet.be
5. Maison communale de Saint-Gilles, place Van Meenen, 39 à 1060 Bruxelles – tél. : 02 536 03 11 – courriel : patrick.debouverie@brutele.be

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