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"Prévention et sécurité : Evere joue la carte de la médiation"

23-09-2002 Alter Échos n° 127

Le 12 septembre, le gouvernement de la Région bruxelloise a décidé de soutenir financièrement le projet pilote de prévention «Médiateurs de jour etde nuit»1 asbl, mis sur pied par la commune d’Evere. Cette dernière a donc reçu, en 2002, une subvention pour l’installation et le fonctionnement du service, et la formation desfuturs médiateurs. Pour 2003, la Région continuera à financer à hauteur de 55% du coût total, soit 174.000 euros. Pour le ministre-président de laRégion, François-Xavier de Donnéa2, en charge de la politique de sécurité et de prévention, ce projet pilote a deux objectifs prioritaires. D’une part,«il permet de dégager les services de police de toute une série de cas bénins, mais qui génèrent un sentiment d’insécurité s’ils ne sont pastraités»; d’autre part, «il permet d’offrir un emploi stable avec contrat à durée indéterminée ainsi qu’une formation professionnelle à deschômeurs qui travaillent depuis plusieurs années dans la commune sous le statut d’APS» (agent de prévention et de sécurité). D’ici au 1er novembre 2002, 16médiateurs potentiels devraient être recrutés. Ils suivront une formation de deux mois – entre autres à la gestion de conflits – pour entrer en service le 1erjanvier 2003.
«Médiateurs de jour et de nuit» s’inspire de projets similaires menés avec succès dans certaines villes de France, en particulier La Rochelle. Il repose aussi sur unesérie de constats observés par la commune d’Evere concernant les APS: «Un manque de temps pour pouvoir élaborer une formation permanente, une zone floue concernant lesavantages fiscaux, les 53 heures par mois suffisent à peine à leur permettre de remplir leurs tâches, une absence de valorisation, un manque de considération d’une grandepartie de la population…»
Il s’agit donc de revaloriser cette fonction. La principale tâche du médiateur sera la médiation via l’écoute et l’accompagnement. Elle se divisera en quatre grandesfonctions: gestion des situations conflictuelles, prévention, accompagnement et aide, communication et liaison. «Cette médiation se fera au cours de rondes (spontanément)ou par le biais d’appels téléphoniques. Il s’agira de problèmes tels que les conflits de voisinage et autres incivilités, l’aide aux habitants dans le besoin ou enétat de détresse… Le rôle du médiateur s’apparente à la fois à celui d’éducateur de rue et d’APS», expliquent les promoteurs du projet. Uncoordinateur (supérieur hiérarchique) assurera le lien entre les médiateurs de jour et ceux de nuit, veillera au bon fonctionnement du service et encadrera l’équipe. Desactions de communication seront menées vis-à-vis de la population (bulletin communal, CPAS, marchés, centres commerciaux, etc.), afin que cette dernière fasse directementappel au service de médiateurs plutôt qu’à la police. Les 16 médiateurs seront scindés en deux équipes de 8 personnes. «Il y aura toujours au moins 4médiateurs sur le terrain 7 jours sur 7. (…) Les médiateurs seront en service ininterrompu de 11 heures le matin jusqu’à 3 heures le lendemain matin. Un médiateur dejour travaille en moyenne 8 heures par jour. Le médiateur de nuit assure le service pendant environ 9 heures par nuit.»
Le recrutement des médiateurs s’inscrira dans une démarche d’insertion professionnelle. Sont visés: les personnes de la tranche d’âge 40-50 et étant exclues dumarché de l’emploi (chômeurs ou minimexés) et les jeunes travailleurs répondant aux conditions du plan Rosetta (convention de premier emploi). Signalons que ces publicstombent également sous le coup de la mesure Activa. Les personnes intéressées auront droit à une formation théorique de base sur divers aspects: social (brevet desecourisme, déontologie du travailleur social, connaissance du réseau social, gestion de conflits, etc.), législatif (notions de droit, législation sociale de l’asbl,connaissance du fonctionnement des institutions communales) et administratif (capacité rédactionnelle, gestion des appels téléphoniques). La formation pratique se fera surle terrain, là où le projet a déjà fait ses preuves, c’est-à-dire à La Rochelle. La durée du stage sera de huit jours. Une formation continue seraassurée ensuite: formations complémentaires (apport d’une aide aux personnes nécessiteuses, prise en considération des particularismes culturels, etc.) et recyclage(brevet de secourisme, gestion de conflits).
Reste à savoir si en termes de qualité d’emploi, l’expérience portera ses fruits…
1 Service prévention – administration communale d’Evere, rue Edouard Deknoop, 9 à 1140 Bruxelles, tél.: 02 247 63 96.
2 Cabinet de François-Xavier de Donnéa, rue Ducale, 7-9 à 1000 Bruxelles, tél.: 02 506 32 11, fax : 02 511 62 83.

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