Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Pistes pour un placement réussi en famille d'accueil

Le placement d’un enfant vise a priori un mieux. Mais arrive-t-il à tisser des liens forts avec ses parents accueillants ?

16-11-2009 Alter Échos n° 284

Le placement d’un enfant vise a priori un mieux. Mais arrive-t-il à tisser des liens forts avec ses parents accueillants ? La question est primordiale pour son épanouissement.Un colloque a fait le point.

Ce 3 novembre, les services d’accueil familial Awiph La Ridelle1 et les Chanterelles2 organisaient un colloque sur le thème du lien avec l’enfant. Ces deux services sechargent de l’accueil en famille de personnes, mineures ou majeures, vivant un handicap, pour sortir de la logique de « parcours historiquement prédéterminés àl’hébergement institutionnel. » Mais ils constatent que de nombreux enfants placés en famille d’accueil sont sujets à des troubles du lien, dès lors que cesfamilles éprouvent des difficultés à créer un attachement avec ces enfants. Pour être plus à même de leur apporter des réponses concrètes,les deux services ont donc décidé de mettre sur pied un colloque et des formations sur ce thème. Et pour enrichir leurs pratiques, ils ont invité le spécialiste del’attachement : Jean-François Chicoine, pédiatre et professeur à la faculté de médecine de l’université de Montréal.

Au cours d’un vaste exposé, celui-ci a rappelé qu’il faut d’abord développer une relation de confiance avec l’enfant « accueilli » avant de développer unerelation d’amour. Le professeur a aussi décliné les différentes formes d’attachement, privilégiant l’attachement « sécure », reflet d’un liende qualité. Selon lui, ce lien s’établit plus facilement avant que l’enfant n’ait atteint l’âge de trois ans et demi. Pour éviter des troubles de l’attachement,Jean-François Chicoine a aussi évoqué comment favoriser l’émergence de liens positifs en insistant sur la nécessité d’établir une relation« soutenue » et basée sur le contact visuel et tactile.

Appropriation de la théorie de l’attachement

Cette théorie de l’attachement a été abondamment discutée au cours d’ateliers. Lors de la table ronde finale, divers intervenants ont présenté ce qu’ilsen ont retenu et l’ont adapté – parfois au forceps – aux enjeux de leur secteur. Pour Yves Polomé, de l’administration de la Jeunesse, l’attachement chez l’enfant renvoie auproblème du soutien parental. Il se demande comment maintenir le lien avec des parents ayant des problèmes de santé mentale. Et de s’interroger : « Faut-il revoir ledécret sur l’aide à la Jeunesse – où l’on insiste sur le lien – ou réinstaurer les stages parentaux ? » Interpellé, Denis Van Doosselaere,représentant le cabinet d’Évelyne Huytebroeck en charge de l’Aide à la jeunesse, rétorque qu’il n’est pas prévu de revoir le décret, mais qu’il seraévalué en concertation avec le secteur et portera sur l’offre globale. Sur le stage parental, il juge l’expérience fédérale non probante et estime qu’une aideà la parentalité pourrait être poursuivie dans une perspective moins sécuritaire.

Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant, qui vient de terminer un rapport sur les conséquences et incidences de la pauvreté sur lesjeunes et les familles, a relayé le malaise de ces parents en termes d’attachement (« Arrêtez de nous déposséder de nos enfants, nous les aimons, mais notresituation financière ne permet pas d’être à la hauteur »). Autre constat : les places d’accueil sont surtout pour les gens qui travaillent, il n’y a pas de moment derépit pour les parents sans emploi. Ils demandent à pouvoir bénéficier de petites structures de placement avec lesquelles ils pourraient interagir, être accueilliset discuter avec les travailleurs sociaux. Par ailleurs, ils souhaitent avoir moins d’intervenants autour d’eux (parfois jusqu’à dix !).

Enfin, l’ensemble des membres du panel a plaidé – en guise de « pirouette » – en faveur de plus de « lien » entre lesdifférents services et secteurs pour réussir le placement en famille d’accueil.

1. La Ridelle :
– adresse : rue du Condroz, 25 à 5590 Ciney
– tél. : 083 21 65 90
– courriel : info@laridelle.be ;
2. Les Chanterelles :
– adresse : rue du Pairay 87 à 4100 Seraing
– tél. : 04 380 41 73
– site : www.chanterelles.be
– voir aussi le Cahier Labiso n° 43 :
Le service d’accueil familial des Chanterelles à Seraing – Unaccompagnement pour accueillir chez soi une personne handicapée

Baudouin Massart

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