Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Social

Pauvreté, Liège a un plan

Avec le colloque Pauvreté, mieux comprendre pour mieux agir, la ville et le CPAS de Liège lançaient leur Plan de lutte contre la pauvreté. Une pauvretéqui s’aggrave sans cesse.

12-03-2010 Alter Échos n° 291

Avec le colloque Pauvreté, mieux comprendre pour mieux agir, la ville et le CPAS de Liège lançaient leur Plan de lutte contre la pauvreté. Une pauvretéqui s’aggrave sans cesse.

Ce 9 mars, on faisait la file devant la prestigieuse salle académique de l’ULg. À la surprise même des organisateurs, ils étaient plus de 350, des travailleurssociaux mais aussi des usagers de ces services, à s’être déplacés pour assister au colloque Pauvreté, mieux comprendre pour mieux agir. C’estqu’avec 40 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté à Liège, la question interpelle.

Avant d’être un énième colloque sur le sujet, la journée du 9 mars marquait surtout le lancement du Plan communal liégeois de lutte contre lapauvreté. Cette initiative commune de l’échevinat des services sociaux et du CPAS – qui s’inscrit dans le cadre du Projet de ville 2007-2015 et de l’annéeeuropéenne de lutte contre la pauvreté 2010 – a pour objectif de renforcer le dispositif existant grâce à une approche transversale. Plan communal, approchetransversale… Euh, oui mais, concrètement, ça signifie quoi ?

Dans une première phase, quinze tables rondes1 sont programmées sur des thèmes pour le moins variés : culture, énergie, handicap, sport…Les débats doivent permettre d’améliorer les initiatives existantes ou de proposer de nouvelles actions. Un appel à projet sera lancé avant les grandes vacances.Rendez-vous est fixé à la rentrée, pour conclure lors d’une huitième Journée des insertions2. Début 2011, un répertoire final reprenant lespropositions d’actions sera soumis à l’approbation du Collège communal qui se donne jusqu’en 2015 pour mettre en œuvre sa politique.

Durant le colloque, les intervenants3 se sont succédé à un rythme soutenu. Beaucoup de chiffres ont été cités. Des statistiques qui –comme l’indiquait fort justement la chercheuse Catherine Guio dans son intervention sur les indicateurs – reflètent des choix de valeurs subjectives quant à ladéfinition de la pauvreté. Mais des statistiques qui au final, démontrent toutes une aggravation sensible de la situation.

De la pauvreté à l’isolement

L’après-midi, Fabienne Simon, directrice des services de maintien à domicile du CPAS de Liège, a dressé un tableau apocalyptique de la situation desaînés. « Les aides familiales remarquent que les listes de courses se raccourcissent, que les gens ajoutent de l’eau pour allonger la soupe… On demande ànos aides de repriser le linge, ce qui ne s’était jamais vu auparavant », déplore-t-elle. Plus inquiétant encore, « certaines personnes doivent faireune sélection dans l’ordonnance du médecin ».

Si la situation des seniors apparaît préoccupante, on peut s’inquiéter aussi, comme l’a suggéré une autre brochette d’intervenants, de constater que letravail ne constitue plus un rempart absolu contre la pauvreté. En Belgique, 4 % des travailleurs sont pauvres. Comparé à 10 % en Europe et 25 % auxÉtats-Unis, la proportion reste modeste, mais tout de même… Joëlle Keuser, médiatrice judiciaire et coordinatrice du centre Infor famille de Liège, aépluché le budget d’une femme de ménage seule avec ses deux enfants, qui gagnerait, allocations familiales et pension alimentaire comprises, 1 600 euros environ.« Même si elle respecte tous les conseils qu’on donne en matière de bonne gestion, son revenu ne laisse place à aucun imprévu. La machine à lavertombe en panne et c’est la catastrophe ! »

Et au bout du compte, a-t-il été souligné à maintes reprises, c’est souvent la honte et l’isolement social qui guettent ces nouveauxprécarisés. « Un ami africain me disait « chez nous, on dit qu’être pauvre, c’est manquer de gens » », commente Ricardo Cherenti, conseiller-chefdu service insertion professionnelle de la Fédération des CPAS.

1. 

Au CPAS de Liège (place Saint-Jacques, 13 à 4000 Liège , 04 220 58 04) :
• le 20/4 (aide sociale et précarité),
• le 18/5 (enseignement, formation),
• le 15/6 (énergie, environnement), 
• le 28/9 (culture)

À l’échevinat des Services sociaux ( Cité administrative, 9e étage, Potiérue 5 à 4000 Liège, 04 221 84 79):
• le 4/5 (logement),
• le 1/6 (handicap),
• le 29/6 (santé),
• le 14/9 (famille jeunesse)

2. Huitième Journée des insertions :
– date : 20 octobre 2010 de 8h30 à 17h
– lieu : Campus 2000, Haute école de la province de Liège, avenue Montesquieu, 6 à 4101 Jemeppe-sur-Meuse
– tél. : 04 220 58 23
– courriel : cabinet.president@cpasliege.be
3. Les interventions seront mises en ligne à partir du 1er avril sur le site : www.liege.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)