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« Patapsychologie : faut-il en rire ou en finir ? »

28-09-1998 Alter Échos n° 37

Deux auteurs belges nous plongent dans une réflexion en contradiction avec les habituels écrits de vulgarisation sur des méthodes d’étude de la personnalité pourle moins suspectes…
La «patapsychologie» doit son origine à la pataphysique, fondée par A. Jary (1873-1907). Cette dernière est la «science des solutions imaginairesdémontrant l’égalité des contraires». Par analogie, la patapsychologie démontre l’égalité des contraires dans le domaine des phénomènespsychiques.
Telle est, d’entrée de jeu, la définition, pour le moins étrange, que nous proposent Raymond Bruyer et Serge Kalisz, auteurs de «Pour en finir avec lapatapsychologie»1. Heureusement pour nous, la couverture de leur livre propose un petit sous-titre : «Morphopsychologie, graphologie, programmation neurolinguistique en question».Ces trois disciplines «qui se veulent scientifiques» vont être battues en brèche par ces deux auteurs (l’un d’entre eux est docteur en psychologie à l’UCL, l’autre estjournaliste).
La préface en dit long sur leurs intentions : «Il s’agit systématiquement (dans les revues ‘grand public’ traitant de la question) de montrer la puissanceinterprétative des ces ‘sciences’ (…) car, figurez-vous, sans jeux de mots, que votre caractère ou votre tempérament se manifestent dans la forme de votre visage et ledessin de votre écriture… (…). Leçon : méfiez-vous de tout le monde car on vous observe. (…) Quant à la programmation neurolinguistique, non seulement elle vend unemarchandise sous une appellation trompeuse, mais elle n’a guère de fondements scientifiques fiables et manipule les gens en faisant de l’argent».
Le ton est donné. Rigolard ? Non point du tout. Si ces pratiques, morphopsychologie en tête, ne sont «absolument pas sérieuses», poursuivent les auteurs, «leproblème qu’elles posent, lui est sérieux. Sur le plan éthique notamment. Il y va du respect des personnes, ainsi que de la crédibilité de la profession depsychologue et de son image dans l’opinion».
Grâce à l’aide d’un cobaye, ils vont démonter les diagnostics posés par différents graphologues et morphopsychologues en soulignant les contradictions entre eux,mais aussi à l’intérieur de chaque diagnostic. Ils mettent également en avant le caractère général des propos tenus sur ce cobaye.
Pour les auteurs, cela ne pose pas en soi de problème si «ces méthodes peuvent peut-être permettre à certaines personnes de mieux se connaître et deréfléchir sur elle-même… Là où ces méthodes posent réellement question et constituent un danger, c’est lorsqu’elles se posent en juge dans desdomaines importants qui peuvent engager l’avenir de nombre de personnes», à des fins de recrutement en particulier.
Quant à la PNL, selon les auteurs, son ambition interventionniste de modification du comportement doit être surveillée. Les emprunts qu’elle fait aux courants psychologiques surlesquels elle prétend s’appuyer sont généraux ou dépassés. Enfin, son efficacité reste à prouver.
Est-ce à dire que la PNL (programmation neurolinguistique) est inefficace ? «Entendons-nous bien, précisent Bruyer et Kalisz, nous ne disons pas (qu’elle) est inefficace (on n’ensait rien en fait), nous affirmons qu’elle ne repose sur rien de fiable». De plus, affirment-ils, elle trompe sur la marchandise en utilisant une terminologie qui prête à confusiondans le but «d’appâter le client» et en promettant des changements positifs dans son comportement. Dès lors les questions d’éthique et de déontologie font, iciaussi, surface.
Une étude à contre-courant de ce que la presse – et les pratiques – nous proposent d’habitude… A lire pour se forger une opinion personnelle sur la question et faire vaciller pas mald’idées reçues sur ces pratiques…
1 «Pour en finir avec la patapsychologie ? Morphopsychologie, graphologie, programmation neurolinguistique en question», Raymond Bruyer et Serge Kalisz, Editions Luc Pire, Grandesenquêtes, 1998, 154 pp.

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