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Manifestation et créationd’une « intersquatt » pour refuser la criminalisation des squatteurs

C’est en février dernier que trois députés CD&V déposèrent une « proposition de loi incriminant le squat d’immeubles et étendantl’incrimination de la violation de domicile ». Du fait, estime Tony Van Parijs (un des auteurs), que « la législation est insuffisante pour pouvoir sanctionner le squatd’immeubles occupés ». Du sécuritaire encore certes, puisque l’argument demeure le climat d’insécurité, les dégâts et autres nuisancesque sont censés provoquer les occupants indésirables. Ce faisant, s’amplifie ainsi la marginalisation hors la loi d’une frange de militants (y compris des artistes) issusd’horizons divers, revendiquant pour la plupart une alternative aux modes de vie et de consommation habituels, ou d’exclus sociaux – réfugiés, chômeurs,sans-papiers, etc.

28-07-2005 Alter Échos n° 142

C’est en février dernier que trois députés CD&V déposèrent une « proposition de loi incriminant le squat d’immeubles et étendantl’incrimination de la violation de domicile ». Du fait, estime Tony Van Parijs (un des auteurs), que « la législation est insuffisante pour pouvoir sanctionner le squatd’immeubles occupés ». Du sécuritaire encore certes, puisque l’argument demeure le climat d’insécurité, les dégâts et autres nuisancesque sont censés provoquer les occupants indésirables. Ce faisant, s’amplifie ainsi la marginalisation hors la loi d’une frange de militants (y compris des artistes) issusd’horizons divers, revendiquant pour la plupart une alternative aux modes de vie et de consommation habituels, ou d’exclus sociaux – réfugiés, chômeurs,sans-papiers, etc.

Contre la criminalisation sur fond d’uniformisation européenne

En réaction, une plate-forme « intersquatt » valant pour l’ensemble du territoire s’est constituée à l’occasion d’une manifestationà Gand, le samedi 19 avril. Les squatts de Liège, Leuven, Gand, Bruxelles et Louvain-la-Neuve s’étaient mobilisés pour dire non à la criminalisation de leuraction. Mais également « pour réveiller ceux qui dormaient encore », explique Thierry de la « Villa squattus Dei » à Leuven1, en parlant des squatts nonimpliqués dans des actions politiques. Toutefois, cette proposition de loi (qui ne pourrait concrètement revenir sur la table qu’à la législature suivante)n’est finalement qu’un prétexte car, argumentait Malcolm de la « Zone okupée » de Louvain-la-Neuve2, « pour nous la loi ne change pas grand chose ànotre situation : il ne faut pas de loi antisquatt pour que la répression existe, malgré que la tendance soit à l’uniformisation des législations européennes,en général alignées sur les politiques les plus répressives. C’est le cas en Espagne où, depuis 1995, le squatt est puni de 3.000 euros d’amende et sixmois de prison. Des condamnations ont déjà eu lieu. Pour l’Italie, beaucoup de centres sociaux sont légalisés ; il n’y a pas de loi contre les squatts mais lesexpulsions sont violentes. La France dans sa loi sur la “sécurité intérieure” n’a pas incriminé les squatts grâce à l’action du DAL etde quelques squatts, mais les expulsions demeurent ».

Bien que Thierry (de Leuven) mette lui aussi la proposition de loi à l’arrière-plan, il reconnaît que « depuis trois années la répression augmenteà tous les niveaux de pouvoir et sur les différents axes d’action ». Néanmoins, il s’agit davantage pour eux de changer l’image qui leur est faite,où criminalisation et répression sont alliées. Pour atteindre son but, l’intersquatt éditera prochainement un journal, avant les élections en principe. Ilreprendra un article pour chaque squatt afin d’en montrer la diversité et se démarquer du projet de loi. Tiré à quelque 40.000 exemplaires, il sera distribuédans les villes belges.

Centre social “Villa squattus dei”et action politique

Leuven s’inscrit sans ambages dans l’action politique. Avec ses cohabitants, ils occupent l’ancienne bâtisse de l’Opus Dei. « Notre concept de “centresocial”, avance Thierry, c’est d’unir une critique radicale et de proposer des changements radicaux d’une part, d’établir des contacts avec le voisinage duquartier pour donner des changements concrets, par des actions contre l’automobile par exemple ou en reprenant la rue pour y organiser des fêtes d’autre part. On ne squatte pas pournous. Notre but est d’abord la lutte politique, insiste Thierry, parce qu’il y a un gros problème de logement. Les projets mégalomanes se multiplient dans les grandesvilles. On lutte contre la répression de la mendicité et les gens précaires. C’est en bas de l’échelle que la répression est la plus forte. ÀAnvers notamment, on a expulsé des gens de maisons jugées inhabitables. Par la même occasion, on expulse des sans-papiers. Les gens riches qui avaient fui les villes, on chercheà les faire revenir aujourd’hui en virant les plus démunis : un véritable nettoyage ! Enfin, la loi Onkelinx sur la réquisition de bâtiments vides n’ajamais été appliquée sauf à Philippeville. La taxe sur les immeubles vides ne change rien, elle décourage juste les familles quand il y a des discussions surl’héritage. Tandis que les spéculateurs s’en moquent, eux ils calculent les taux ». Leur revendication ? « L’occupation immédiate des maisons vides.On doit d’abord parler des personnes et plus de briques ! Avoir un toit au-dessus de sa tête est un droit fondamental, on ne doit pas se mettre à genoux pour ça ! »achève-t-il.

1. , bte postale 80, 3000 Leuven 3.
2. « Zone okupée », rue de la Baraque n°111 à 1348 Louvain-la-Neuve – tél. : 0486 21 93 29.

Olivier Bailly

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