Des cocons pour devenir maman

Des cocons pour devenir maman

Santé

Des cocons pour devenir maman

Dans le Hainaut, près d’un enfant sur 20 naît d’une mère âgée de moins de 20 ans. À l’âge où d’autres apprennent à cuire des pâtes, ces toutes jeunes filles sont propulsées dans la maternité et les responsabilités. Le foyer Marsupilama à Mons ou l’unité de maternologie à Tournai leur offrent un cadre bienveillant et un accompagnement dans les tâches quotidiennes. Quelques mois de répit pour devenir une maman autonome, tout en restant, encore un peu, adolescente.

Céline Gautier Images : Illustrations: Julie Joseph 10-07-2018
Le nid de Marsupilama

À Mons, une petite structure accueille les mamans de 16 à 20 ans, en semi-autonomie. À Marsupilama, pas de prêchi-prêcha. La vie d’un bébé et la gestion d’un foyer, ça s’apprend, jour après jour, en mettant les mains à la pâte. Le jeudi soir à Marsupilama, c’est «réunion djeunes» et repas commun. Au menu de ce soir: projets pour le W-E et pêches au thon. Toutes les locataires sont priées d’être là. Rachelle, l’éducatrice, passe la porte de l’espace commun. Elle se fait surprendre par le «bouh» d’une ado hilare, cachée derrière la porte. «Wèèè!! Je suis trop une bête; j’ai que quatre pètes!», hurle une autre en découvrant son bulletin. «Rachelle, tu n’es pas fière de moi?» À table, ça échange des bonbons, ça rigole pour un rien, ça insulte le GSM qui ne donne pas de nouvelles du copain, ça râle aussi pour une place piquée par une autre. L’éducatrice confirme: «Ce sont de vraies ados!» De vraies ados, mais déjà, aussi, de vraies mamans.

L’histoire de Marsupilama démarre dans les années 2000 par un chiffre interpellant. Au Tobbogan, un foyer de Mons pour jeunes filles en difficulté, souvent sorties de l’Institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ) de Saint-Servais, près de 20% des filles tombent enceintes pendant leur placement et 10% l’année qui suit et ce, malgré un accès facilité à la contraception. Sur 39 de ces adolescentes, seules trois ont choisi d’interrompre leur grossesse. «Elles semblent s’engouffrer dans la maternité», écrit la psychologue Diane Mongin, qui dresse cet état des lieux en 2002. Or, il est impensable pour les équipes d’encadrement de garder des filles enceintes ou des bébés dans un environnement aussi explosif. Marsupilama est donc créé, en marge du Toboggan, pour accueillir les mères de 16 à 20 ans et leur enfant. Dans une aile séparée du foyer principal, chacune dispose d’un mini-studio donnant sur un même couloir, composé d’une salle de bain, d’un séjour-cuisine et d’une chambre en mezzanine. Un espace commun permet d’échanger, de jouer ou de manger, des pêches au thon par exemple.

Les naissances chez les moins de 18 ans sont plus de deux fois plus nombreuses en Hainaut (1,2%) que dans le reste de la Belgique (0,5%), indique l’Observatoire de la Santé du Hainaut1. De 2009 à 2013, 4,3% des bébés hainuyers ont été mis au monde par des mères âgées de moins de 20 ans, soit deux fois plus qu’au niveau national (2,2 %). Alors que, sur l’ensemble de la Belgique, la maternité «tardive» (chez les plus de 40 ans) est beaucoup plus fréquente que la maternité «précoce» (chez les moins de 20 ans), la tendance s’inverse en Hainaut: 633 naissances en moyenne par an chez les moins de 20 ans, contre 448 chez les plus de 40 ans. Le taux d’IVG chez les adolescentes y est également plus élevé que dans les autres provinces.

Un profil particulier

Les grossesses adolescentes surviennent plus souvent dans les régions marquées par la précarité et l’isolement social. Est-ce un problème d’information, d’accès à la contraception? Fabienne Jeanson, directrice de Marsupilama: «Non, elles savent très bien comment on tombe enceinte. C’est au-delà de ça. Ce n’est pas pour rien qu’elles font un bébé ou qu’elles décident de le garder.» Il y aurait des profils de personnalité plus disposés à une grossesse précoce. «Elles ont souvent comme point commun une absence du père et une mère défaillante, précise Fabienne Jeanson. Ces jeunes filles ont des manques affectifs gigantesques, qu’elles essaient de combler en faisant un bébé.»

Une pensionnaire du Toboggan lui aurait dit un jour: «Pour une gamine comme moi avec un profil délinquant, il y a deux issues: soit je vais en IPPJ, soit je me fais faire un gosse.» Derrière cette envie d’enfant, il y a aussi le rêve de se donner un statut social, de passer du rôle de l’emmerdeuse qui foire ses études à celui de maman. «Le changement de statut est d’ailleurs réel, observe Fabienne Jeanson, puisque la loi leur confère l’autorité sur le bébé, même si leurs parents gardent l’autorité sur elles.»

«Rachelle, tu peux changer le pête de Mateo ? Moi je vais chercher Tiffany2

«Non. Tu vas changer ton fils. Et moi, je vais appeler Tiffany.»

Le projet de Marsupilama est simple comme la vie: on n’y suit pas de cours à l’éducation, pas d’entraînement ni de longues séances de psy. Les mamans sont responsables de leur enfant et des tâches quotidiennes (repas, lessive, nettoyage, etc.), de manière autonome, mais avec à leurs côtés, en journée, des adultes bienveillants qui peuvent les réconforter, les conseiller ou les orienter. La crèche d’à côté prend en charge les enfants, afin que les jeunes mères puissent reprendre l’école.

Fabienne Jeanson: «Ici, elles s’accrochent; elles doivent se lever le matin pour s’occuper du gamin; elles s’entraînent l’une l’autre pour aller à l’école.» Les règles sont strictes: wi-fi coupé à l’heure du repas et après 22 heures, pas de sortie si le kot n’est pas rangé, obligation d’être là à 19 heures – sauf demande spécifique. Mais on tente aussi de préserver ce qui leur reste d’adolescence. «Nous partons du principe que la grossesse n’est pas une maladie. La vie ne s’arrête pas là. Il faut que ces jeunes filles continuent à se construire. Notre projet, c’est de leur permettre de continuer à grandir, d’avoir une vie d’ado, avec l’école et des loisirs, mais de les accompagner pour qu’elles accomplissent au mieux leur rôle parental.»

Nid protecteur

L’hébergement des mères adolescentes joue aussi un rôle indirect: il les protège du placement de leur enfant – une crainte très vive chez ces mamans aux vies cabossées. «Même si elles n’élèvent pas leurs enfants comme on le ferait nous, ce sont en général des mamans assez aimantes, poursuit Fabienne Jeanson. On sent qu’elles ont envie que ça fonctionne.» À Marsupilama, on veille d’ailleurs à ce que la mère soit bien l’interlocutrice – avec le père s’il est présent – pour les questions liées au bébé. L’hébergement sert parfois aussi de coupure avec un milieu familial néfaste ou envahissant, avec par exemple des tentatives d’accaparement du rôle maternel par la grand-mère.

À la naissance de son fils, Keshia (15 ans) ne pouvait pas retourner chez elle – elle n’a pas envie d’expliquer pourquoi. «Je devais rester à l’hôpital, mais on m’a trouvé une place en maison maternelle.» Ces institutions accueillent des femmes en difficulté, avec leurs enfants, notamment dans des cas de violence conjugale ou de grande précarité. «J’étais la plus jeune; j’étais chouchoutée par les éducatrices. Mais avec les autres mamans, ça n’allait pas du tout. Elles se plaignaient parce que je ne respectais pas les règles. À part les chambres, tout est commun: la cuisine, la salle de bain; c’est compliqué.» Dans les maisons maternelles, on attend des résidentes qu’elles puissent se gérer comme des adultes responsables… Les mères adolescentes, quand elles sont acceptées, n’y trouvent pas toujours leur place. Or, les institutions adaptées à leur âge et à leur situation manquent cruellement: en Hainaut, il y a trois places au Foyer à Marcinelle, trois dans l’unité de maternologie des Marronniers à Tournai (voir interview) et quatre à Marsupilama à Mons (alors que les subventions reçues ne couvrent que deux places).

Effet dissuasif

Conçue pour accueillir les jeunes filles enceintes du Toboggan, l’unité maman-bébé Marsupilama a eu un effet inattendu: elle a fait chuter le taux de natalité dans le foyer adjacent. Les situations de grossesses sont devenues très rares. «Ça en a refroidi plus d’une!, suggère Fabienne Jeanson. Elles se rendent compte de ce que c’est d’avoir un bébé. C’est aussi moins bien perçu qu’avant dans les écoles; les filles enceintes se font malmener, insulter; il y a beaucoup de jugements de valeur.» Malgré cela, les lits sont remplis en permanence. Les jeunes filles viennent d’horizons plus variés mais portent toutes des manques affectifs criants et des contextes familiaux de plus en plus lourds: «des parents déchus, de grosses problématiques liées à l’alcool, à la drogue, à des problèmes psys». Résultat, si l’effet boule de neige a fondu au Toboggan, la demande pour héberger de jeunes mamans reste élevée: «On en refuse tout le temps.»

Il est 19 h 30 au nid de Marsupilama. C’est, déjà, l’heure des pyjamas. Deux ados demandent pour aller jouer sur la mezzanine, dans l’espace psychomotricité. «Non, répond Rachelle. Va laver ton fils.» Les jeunes mamans tirent encore un peu sur leur adolescence, qui s’achève en douceur, entre les rires et les pleurs.

Morgane et Tiffany

«Mon fils a été placé six mois»

Morgane (16 ans) avec son fils Dimitri (1 an et demi), à Marsupilama.

«Je me suis rendu compte que j’étais enceinte à cinq mois et demi de grossesse. Le papa m’a quittée avant de savoir. J’avais peur de le dire à mon père… J’étais dans une école de nursing. Après la naissance, jusqu’à sept mois, j’ai été au service de maternologie à Tournai, puis dans une maison maternelle avec des adultes. C’était lourd. On ne pouvait pas rigoler. J’avais tout le temps des réflexions des autres mamans sur la façon dont je m’occupais de mon fils. J’ai pété les plombs. Ils m’ont virée. Le petit a été placé pendant six mois en pédiatrie, à l’hôpital, car il n’y avait pas de place en pouponnière. Je le voyais trois fois par semaine environ. C’était très dur. Puis, je suis arrivée à Marsu. Ça m’aide pour l’attachement à mon fils, vu qu’on a été séparés six mois. J’étais dans mon monde de jeunes. Ici, ils nous aident pour notre autonomie, nous donnent des règles, nous conseillent pour notre budget: je reçois de l’argent du service d’aide à la jeunesse (SAJ) pour mon fils et du service de protection judiciaire (SPJ) pour moi. Marsu prend une partie pour le loyer, les charges et une réserve pour les frais médicaux et notre future installation. Il me reste environ 350 euros pour manger, acheter des vêtements et des produits ménagers. Aujourd’hui, je suis en couple; on parle d’avoir des enfants, mais pas tout de suite. Que mon fils soit un jour placé? Je ne crois pas que ça se reproduira. Je rêve de devenir éducatrice, par exemple avec des filles difficiles.»

«J’ai toujours vécu en collectivité»

Tiffany (17 ans), hébergée à Marsupilama avec sa fille Amy (7 mois).

«Je suis placée en centre depuis l’âge de 13 ans car il y avait des problèmes avec mes parents. Le papa de ma fille, avec qui je suis toujours, est lui aussi placé, mais en  autonomie. La grossesse n’était pas voulue, je prenais un contraceptif. Quand on a vu le bébé à l’échographie, je n’ai pas pu faire d’interruption de grossesse. Je l’ai caché́ à l’école, à part à quelques amis proches. J’avais peur des critiques. Comme j’étais en CEFA (enseignement en alternance), j’ai dû arrêter de travailler et je suis venue ici, à Marsu, pour préparer l’arrivée de ma fille. Il me fallait une structure comme ça. J’ai toujours vécu en collectivité; ici, j’ai enfin mon espace à moi. J’ai pris conscience qu’il fallait que je me prenne en charge: ranger, faire mes lessives. Ça m’a fait avancer. Quand j’étais enceinte, j’avais la crainte qu’on place ma fille. J’y pense parfois mais j’essaie de bien faire, de bien me débrouiller. Je sais pourquoi on place les enfants – je l’ai vécu moi-même… Si j’ai une vie normale d’ado? Non. Je ne vois plus trop mes amies. Mais mon copain vient dormir ici deux fois par semaine. On rêve de s’installer ensemble et de voir vraiment la vie. J’ai une aide du service de protection judiciaire (SPJ) pour moi. Je suis chef de famille donc je reçois des allocations familiales et le CPAS complète pour que ça fasse 1.100 euros (équivalent au revenu d’intégration sociale). Avec ma fille, tout va bien…»

Les Marronniers: chouchouter les mamans

Au sein de l’hôpital psychiatrique Les Marronniers à Tournai se trouve la petite unité de maternologie Ylang-Ylang, réservée aux mamans de moins de 22 ans présentant une «difficulté maternelle» sans troubles psychiatriques avérés.

Il ne s’agit pas d’une unité de psychiatrie mais d’un espace protégé où l’on tient compte des aspects psychiques de la maternité, dans le but de prévenir des maltraitances et troubles futurs chez l’enfant. Les jeunes filles y restent en moyenne six mois, tout en suivant l’école à l’hôpital. C’est la seule unité du genre en Wallonie. Elle peut accueillir trois mamans. Toute l’équipe est formée à Versailles, berceau de la maternologie. Rencontre avec la docteure Sarah Barbera, pédopsychiatre.

Qu’est-ce que la difficulté maternelle?

C’est la difficulté à établir un lien avec son enfant. On considère en effet qu’il y a une naissance physique mais qu’il y a aussi une naissance psychique qui doit se faire. On le remarque, par exemple, dans les regards.

Ça touche qui?

La difficulté maternelle touche une mère sur dix. Quand il y a une séparation précoce entre la mère et l’enfant, par exemple si celui-ci est dans un service néonatal, cela touche une mère sur deux. Chez les ados, c’est aussi une sur deux.

À cause de leur âge?

Non. C’est plutôt ce qui les amène à la grossesse ou à garder la grossesse qui est en lien avec des difficultés à la naissance. Il y a une concordance entre la précarité et la difficulté de lien. Ces adolescentes font un bébé avec l’idée que lui, au moins, va les aimer toujours. Elles sont conscientes qu’elles attendent un amour réparateur.

Voyez-vous derrière ces grossesses «réparatrices» une forme d’échec de la société?

Non. C’est leur manière de réparer. Il n’y a pas de jugement de notre part. Ne sommes-nous pas tous dans la réparation? Pour nous, accueillir ces jeunes filles, c’est un acte politique. Même en tant qu’ado, on a le droit d’être mère. La mère du Christ avait 15 ans! C’est la norme de la société d’ici et maintenant qui ne l’accepte pas. Cela dit, on les conscientise aussi au fait qu’elles vivent dans cette société-ci et que ce n’est pas facile.

La maternité fait-elle l’effet d’un coup de fouet, par exemple pour une reprise des études?

Pour certaines oui, pour d’autres pas. Il y a de tout. L’adolescence ne disparaît pas.

Sur le plan familial, quel est le rêve de ces jeunes mamans?

Elles ont envie d’être en couple, en famille, de trouver un père pour leur enfant, qu’il soit biologique ou non. Être mère leur donne un statut dans la société et par rapport à leur famille. D’ailleurs, souvent, le schéma se répète de mère en fille.

En quoi consiste votre accompagnement?

On chouchoute les mamans pour qu’elles chouchoutent leur bébé. On leur offre un cadre bienveillant. Il y a des entretiens avec des psychologues, mais le plus important, c’est l’accompagnement quotidien, le soutien dans l’ici et le maintenant. Il y a toujours quelqu’un, 24 heures sur 24, à qui elles peuvent dire si ça ne va pas, qui peut répondre à des questions. Exemple: si elles s’interrogent sur le lait, on ne va pas leur donner une réponse toute cuite mais les aider à chercher l’info au bon endroit, par exemple chez le pédiatre. On fonctionne comme une famille. D’ailleurs, elles ne savent pas qui parmi nous est psychologue, infirmière ou sage-femme.

Vous faites usage de la vidéo. Comment?

Une fois par semaine, elles sont accompagnées et filmées dans des tâches quotidiennes (bain, biberon, allaitement). Ensuite, on décortique cela en équipe. Les regards, la façon de porter le bébé, ça nous donne de bonnes indications.

Et si vous observez qu’il y a trop de distance entre une mère et son enfant?

On peut compenser un peu, «nourrir» le besoin du bébé pour qu’il n’y ait pas de séquelles plus tard, mais sans jamais prendre la place de la maman. Si les premiers liens se mettent en place, notre job est fait, même si des événements de la vie peuvent encore bousculer cet équilibre. En général, l’attachement se fixe vers un an, un an et demi.

Le travail est-il le même qu’avec des mères adultes?

La grosse différence entre les mamans adultes et ados, c’est que ces dernières n’ont pas conscience des diffcultés de liens. Elles n’ont pas les mêmes bases. Quand elles font, à leurs yeux, mieux que leurs parents, elles estiment que c’est bien. Mais l’enfant n’est pas forcément rassuré pour autant. Parfois, il faut plusieurs générations pour construire ce lien.

Craignent-elles le placement de leur enfant?

La majorité de mamans ont un SAJ (service d’aide à la jeunesse) ou un SPJ (service de protection judiciaire) – elles en ont peur car le SPJ peut décider d’un placement. Du coup, elles se sentent constamment jugées. Il faut du temps pour gagner leur confiance. Le SPJ, ce n’est pas facile mais ça met aussi un cadre – ça incite à respecter des règles, comme celle de rentrer pour une certaine heure. Venir ici, c’est une manière d’éviter le placement.

Ado jusqu’à quel âge ?

La coordination Grossesse Adolescence Parentalité (GAP) met en réseau, dans le Hainaut, différents acteurs concernés par la maternité adolescente. Il y a dix ans, le GAP ouvrait à Mons un premier lieu d’accueil «Parentine» pour les jeunes mères et leurs enfants, sur le modèle des Maisons vertes (ou Maisons ouvertes) de Françoise Dolto. Il s’agit de lieux de rencontres et de loisirs pour les tout-petits et leurs parents, ouverts à tous, sans qu’on ait à donner ni son nom ni sa profession. Ces espaces aident à rompre l’isolement des jeunes parents. Créé au départ pour les mères mineures, Parentine, n’a vu arriver aucune ado. Pourquoi? Aurora Lay, accueillante à Parentine, suggère des pistes de réponses: «Parce que ça ne leur parle pas; parce qu’elles sont à l’école; parce que c’est stigmatisant – comme si elles n’étaient pas des mères comme les autres.» Parentine a, dès lors, décidé d’ouvrir plus largement ses portes, à tous les parents. Et là, sont arrivées des mères adultes mais qui ont eu leurs enfants à l’adolescence et qui n’ont pas pu ou pas voulu venir plus tôt. Aurora Lay voit aussi venir de jeunes mères qui ne sont certes plus mineures, mais qui ont peut-être encore un pied dans l’adolescence: «Les recherches actuelles montrent que la période psychique de l’adolescence dure jusqu’à 22-23 ans.» Il y a aujourd’hui trois lieux Parentine: à Mons, Pâturages (Colfontaine) et Quiévrain.

Céline Gautier