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Regard critique · Justice sociale

Logements sans étoile pour les gens du voyage

Les « nomades » sont mal logés en Europe. Victimes de leur image, ils sont relégués sur des terrains et dans des logements insalubres, chose qui ne fait querenforcer les préjugés à leur encontre.

16-11-2009 Alter Échos n° 284

Les « nomades » sont mal logés en Europe. Victimes de leur image, ils sont relégués sur des terrains et dans des logements insalubres, chose qui ne fait querenforcer les préjugés à leur encontre.

Le 20 octobre dernier, l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA)1 a organisé à Bruxelles une table ronde à l’occasion de la publicationde son étude sur le logement des Roms et Voyageurs dans les pays de l’Union européenne. Il en ressort que la plupart sont relégués sur des sites inadaptés, sipas insalubres, et ont peu de chances de voir leur situation s’améliorer. Pire, la ségrégation dont ils sont victimes résulte parfois de choix politiques locaux, voirenationaux. Ils font également l’objet d’expulsions forcées qui « sont souvent effectuées sans préavis, et s’accompagnent parfois de violencespolicières et de la destruction de biens personnels. » Les Roms font aussi souvent l’objet de discrimination dans l’accès au logement et ignorent pour la plupart l’existenced’une législation interdisant cette pratique.

La Belgique n’est pas un modèle

En Belgique, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLCR)2 a été chargé de réaliser la recherche enWallonie, en Flandre et à Bruxelles. Premier constat : il n’existe aucune statistique officielle concernant les Roms et les Voyageurs. On estime leur nombre entre 20 000 et 30 000.Leur mode de logement fait qu’ils ne sont pas toujours pris en compte par les Codes régionaux du logement – sauf en Flandre où la caravane est reconnue comme logement – uneforme de discrimination indirecte selon certains.

Mais le plus gros problème reste le manque de terrains pour accueillir les gens du voyage. Si la Région flamande se distingue avec ses vingt-huit terrains officiels – maisinsuffisants – il n’y a en Région bruxelloise que quelques sites « tolérés », sur des terrains privés pour la plupart. En Wallonie, seuleBastogne dispose d’un site permanent pour de courts séjours et un autre est prévu à Namur. Pour le reste, on compte quelques sites non officiels et des médiateurs auniveau d’une poignée de communes wallonnes. Aux dires d’un acteur de terrain, le manque de terrains permanents s’explique très simplement : tous les politiques pensent qu’installer unsite d’accueil équivaut à un suicide politique.

Du coup, la qualité de sites varie. Dans les sites officiels en Flandre, les Voyageurs peuvent tabler sur un accès à l’eau, à l’électricité, auxtransports publics et un système d’égouttage décent, mais la sur-occupation des sites se fait parfois au détriment de la qualité. Quant aux sites illégaux« tolérés » en Flandre et dans le reste du pays, ils n’offrent rien en termes de confort. Le comportement inadéquat des autorités locales –comme la non-collecte des poubelles – conforte les stéréotypes vis-à-vis des gens du voyage. Avec leurs maigres revenus, les Roms se retrouvent souvent dans des logementsinsalubres. Ce type d’habitat a évidemment un impact sur leur santé. Les performances scolaires des enfants en sont également affectées, vu le manque d’espace pour yétudier au calme.

Si la situation en Belgique est moins dramatique qu’ailleurs, les trois Régions feraient toutefois bien de suivre les recommandations de la FRA. Pour elle, « les Étatsmembres devraient résoudre la question de la ségrégation dans l’habitat, ainsi que le problème des implantations des Roms et voyageurs dans des lieuxinadéquats ; ceci nécessite d’adopter des mesures positives, en particulier en ce qui concerne des conditions de logement « culturellement adéquates » etacceptables ». Autre suggestion originale : la FRA suggère d’associer les Roms et des voyageurs à la préparation des politiques de logement.

1. Agence européenne des droits fondamentaux – European Union Agency for Fundamental Rights (FRA) :
– Schwarzenbergplatz 11 à 1040 Wien, Austria
– tél. : +43 (1) 580 30 60
– tous les rapports sont téléchargeables sur le site http://fra.europa.eu…
2. Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLCR) :
– adresse : rue Royale, 138 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 212 30 00
– courriel : epost@cntr.be
– site : http://diversiteit.be/…

Baudouin Massart

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