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Regard critique · Justice sociale

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"Les résidants en campings pourront-ils toujours compter sur la Teignouse ?"

05-06-2001 Alter Échos n° 99

Le 4 mai dernier, sur proposition du ministère de l’Intérieur, le gouvernement fédéral a revu les critères d’attributions (caractère urbain etdegré de criminalité) des subsides des contrats de sécurité et des contrats de prévention pour la période 2002-2003. Cette décision permet àcertaines communes de profiter dorénavant de ces aides. En revanche, d’autres se retrouvent écartées alors qu’elles en bénéficiaient jusque-là.Parmi celles-ci, se trouve Comblain-au-Pont, commune porteuse d’un contrat de prévention dans la vallée de l’Ourthe-Amblève, territoire sur lequel travaille leService régional de prévention (SRP) La Teignouse asbl1. Près de 2/3 des emplois2 sont placés dans la balance ainsi que l’ensemble des services del’association. En effet, certains fonctionnent en partie avec les subsides du contrat de prévention : si une partie de l’équipe disparaît, c’est lefonctionnement même du service qui est mis en cause.
La Région wallonne pourrait intervenir, mais en a-t-elle les moyens ? Actuellement des négociations sont en cours. De l’issue de celles-ci dépend entre autres la poursuitede l’action menée par rapport aux résidants permanents dans les campings et les parcs résidentiels. Dans le cadre de celle-ci, les travailleurs de l’associationrencontrent les résidants sur leurs lieux de vie et organisent des groupes de paroles. « Notre objectif est d’aider ces personnes à reconstruire leur dignité parelles-mêmes », insiste Ariste Wouters, directeur de La Teignouse.
L’Airbus
Le premier contact de l’association avec la réalité des campings remonte à décembre 1994. À l’époque les résidants du camping Val Fleurisont menacés d’expulsion dans le mois par le gérant. Pour finir, ils le seront en mai 1995. « Néanmoins, au cours de cette période, nous avons réfléchiau moyen de rencontrer les résidants sans passer par le gérant. Nous avons d’abord installé une permanence au centre d’Esneux, mais peu de gens venaient. Ensuite, nous avons eul’idée de louer une caravane dans chaque camping, mais cela s’avérait coûteux et fastidieux. Pour finir, s’est dégagée l’idée d’avoir un local mobile,à savoir un bus. »
L’Airbus a vu le jour le 7 juin 96 sur la commune d’Esneux3. Pierre Léonard, travailleur à La Teignouse : « Le bus est fait pour rencontrer tant les adultes que les enfants. Audépart, nous avons créé des animations pour les enfants, ce qui nous a permis d’approcher les parents. Maintenant, nous fonctionnons avec des animations pour enfants, d’une part,et des groupes de parole pour les adultes, d’autre part. Ces groupes sont ouverts à tous et à tout sujet de discussions. Le bus s’avère un outil pertinent par rapport àcertains problèmes. Il peut servir, pour période de transit, de local intermédiaire : pour les jeunes avant d’aller dans une maison de jeunes4 ou pour les femmes avant d’allervers des maisons de quartier. »
Envisager le relogement
Pour Ariste Wouters, « la problématique des résidants est la conséquence d’une tolérance aveugle des politiques. Les gens se sont installés une bonne fois pourtoutes, puisque cela ne semblait pas poser de problèmes. Au départ, c’était surtout des pensionnés qui venaient s’installer pour passer leur retraite, puis avec lapaupérisation, d’autres personnes sont venues se joindre aux retraités, suite au manque de logements à loyer modéré. En 1994, les communes ont manifesté despremiers signes d’inquiétudes. Les résidants se sont demandé ce qu’il se passait, puisque jusqu’ici on les avait laissé faire. Étant en confrontation directe avecles résidants, nous avons décidé de mener en 1996 une enquête auprès d’eux (Pourquoi ils sont là? Quelles sont leurs aspirations au niveau de l’avenir? etc.).En 1998, les différents ministères wallons ont délégué chacun un de leurs représentants afin de recevoir en mains propres les résultats de cetteenquête. Depuis, nous attendons toujours une prise de position des autorités régionales wallonnes. Actuellement, la situation est tendue. Tant que les gens ont leur logementça va, mais le jour où ils n’auront plus rien à défendre, ce sera dangereux. Enfin, nous constatons quand même après six ans de travail avec lesrésidants que des nuances énormes apparaissent dans leurs discours. Ils envisagent beaucoup plus la possibilité d’être relogés. »
1 Officiellement mise sur pied en 1989, La Teignouse mène des actions principalement dans les domaines suivants : intervention en milieu familial et accompagnement de jeunes(délinquants, toxicomanes, en décrochage scolaire, etc.). Elle couvre les communes d’Aywaille, d’Anthisnes, de Clavier, de Comblain-au-Pont, d’Esneux, de Ferrières, d’Hamoir,d’Ouffet, de Sprimont et de Theux. Secrétariat : Avenue François Cornesse 61 à 4920 Aywaille, tél. : 04 384 44 60, fax : 04 384 79 03, e-mail : lateignouse@swing.be
2 L’asbl occupe 44 personnes (31 équivalents temps plein).
3 Il a été acquis par la commune pour la Teignouse dans le cadre des Plans sociaux intégrés. Esneux quelque 220 résidants en camping domiciliés sur sonterritoire.
4 Exemple : l’Espace Jeunes-Hony (village d’Esneux) regroupe des jeunes du village et du camping. Ouvert depuis septembre 2000, à raison de deux fois par semaine, il s’agit de la 14e maison dejeunes gérée par La Teignouse.

Baudouin Massart

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