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Regard critique · Justice sociale

Jeunesse et envrionnement

Les maisons de jeunes se mettent au vert

Depuis le 6 mai 2017, le label « MJ vertes » a été attribué à la maison des jeunes de Tournai Masure 14. Lancé par le Collectif des maisons de jeunes du Brabant wallon, ce label vise à l’éducation des jeunes sur la transition écologique et à créer un réseau de maisons de jeunes et d’associations vertes.

Depuis le 6 mai 2017, le label «MJ vertes a été attribué à la maison des jeunes de Tournai Masure 14. Lancé par le Collectif des maisons de jeunes du Brabant wallon, ce label vise à l’éducation des jeunes sur la transition écologique et à créer un réseau de maisons de jeunes (MJ) et d’associations vertes.

C’est lors du festival L’amour en vers, proposé par le Collectif des maisons de jeunes du Brabant wallon qu’a été décerné pour la première fois le label «MJ vertes» à une MJ se trouvant en dehors du Brabant wallon. Et c’est à Masure 14, MJ emblématique et historique de Tournai, qu’il a été attribué. «Ce qui nous a motivés, c’est le fait que le développement durable, c’est historique chez nous», explique Joachim Chajia, coordinateur de Masure 14. Car, pour cette MJ, la question écologique s’est toujours posée, «déjà en 1980 les jeunes faisaient le tour du quartier et ramassaient les papiers/cartons pour les envoyer en Suisse (pour recyclage). C’est quelque chose qui fait partie de notre ADN», raconte le coordinateur. Ce qui prime avant tout dans ce mouvement, c’est l’éducation des jeunes aux pratiques écologiques: «C’est essentiel pour l’avenir de la société. Il nous semble important qu’on puisse agir à notre niveau avec les jeunes.»

Lier éducation et voisinage

Une éducation qui se fait via des actions portées par les jeunes. Masure 14 participe notamment avec Incredible Edible, une association spécialisée dans la végétalisation des espaces urbains, à planter des arbres et à installer des potagers partagés dans la ville. Une MJ qui se veut aussi un acteur du voisinage, en organisant une fois par semaine son atelier Biciklo où n’importe qui peut venir faire ausculter et réparer son vélo par les jeunes de la Maison. Une démarche que l’on retrouve d’ailleurs dans le Repair café organisé en collaboration avec des habitants, où chacun y va de sa compétence pour donner une seconde jeunesse aux objets cassés que les riverains apportent. Une volonté de consommation durable que l’on retrouve aussi dans le magasin de seconde main géré par la MJ. Des projets qui ne peuvent se mettre en place qu’après discussion avec les jeunes, comme le rappelle Joachim Chajia: «Par exemple, on va avoir une réflexion sur la manière de diminuer les déchets, cette révolution verte se passe avec nos jeunes; on va regarder dans nos frigos et réfléchir à ce qu’on consomme.»

Naissance d’un mouvement

Mais d’où est née cette volonté de révolution écologique? Publié en 2016, l’enquête génération «Quoi» démontrait que la crise environnementale était la préoccupation première pour 46% des sondés et donc celle rassemblant le plus de jeunes. Cette préoccupation avait déjà été identifiée il y a de cela plusieurs années par ce qui allait devenir plus tard le collectif MJ verte et le label du même nom. Thierry Voué, le coordinateur de la MJ Le Prisme, nous raconte: «Il y a quatre-cinq ans, on a voulu un collectif pour mener des actions communes. Très naturellement, la réflexion écologique est venue sur la table. On a commencé à se dire que ce serait intéressant de lancer des expérimentations vertes, faire des actions concrètes avec une finalité, un impact environnemental», explique le coordinateur, qui prend un exemple directement issu de sa maison de jeunes pour l’expliquer. «Nous, par exemple, on a un service horeca qui tourne pas mal. On proposait des produits comme du coca, des chips, Inbev,… Ça ne correspondait plus trop. Maintenant on propose des produits bio, locaux,…» Une démarche qui se veut participative vis-à-vis des jeunes, toujours dans un esprit d’éducation; il n’est pas question d’interdire ou de définir le «bon» du «mauvais», mais de proposer des alternatives. «L’idée n’est pas de stigmatiser… Si un gamin veut acheter une canette à la pompe à essence et venir la boire ici, il n’y a pas de problème», ajoute Thierry Voué. Car si l’objectif avoué du projet est la réalisation de projets tangibles, il poursuit aussi une idée de réflexion sans avoir besoin de résultat immédiat. «On a conscience en tant que MJ d’être acteurs de changement possible, on a une responsabilité dans l’éducation non formelle», en conclut Thierry Voué.

Facile à attirer, difficile à convaincre

Aujourd’hui, grâce aux subventions reçues de la part des pouvoirs publics, chaque MJ peut piocher dans la bourse pour financer ses expérimentations. Notamment, des presses à jus de fruits, du matériel pour brasser leur propre bière, des constructions en terre-paille, des potagers, une serre, des fours artisanaux, une éolienne,… La plupart organisent aussi des ateliers «do it yourself» qui rencontrent plus ou moins de succès en fonction de ce qui est proposé. Mais si le brassage de sa propre bière est naturellement bien récompensé en termes de succès auprès des jeunes, Thierry ne cache pas qu’il y a encore du travail. «Pour être honnête, les résultats sont mitigés, il y a une part importante des jeunes qui n’en ont rien à foutre, mais rien à foutre. Mais ce n’est pas grave et sur le principe de base, c’est moitié-moitié. Certains sont fort attachés à leurs canettes, snacks,…», relate le coordinateur, qui salue néanmoins le fait que les jeunes soient beaucoup moins réticents aux changements que les adultes. Thierry pointe aussi un autre problème, récurrent aux produits bio/locaux, c’est leur prix souvent plus élevé que ceux proposés par les grandes entreprises. «Pendant deux ans, on a vendu à perte, mais, pour des raisons de réalité économique, on a dû augmenter le prix», regrette-t-il.

Dans les communes concernées, les réactions sont plutôt positives vis-à-vis du projet. «Les communes voient ça d’un œil très favorable; au début, les gens ne comprenaient pas, mais maintenant non seulement ils comprennent, mais des gens qui avaient des difficultés avec ce système sont rentrés dedans», conclut Thierry Voué.

Alexandre Decoster

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