La ministre de la Culture, de l’Audiovisuel et de la Jeunesse, Fadila Laanan (PS)1, a présenté calendrier et méthodologie pour les étatsgénéraux de la culture annoncés en début de législature. Pour juin 2005 avec un débat au Parlement de la Communauté française, et donc au pasde course, la ministre invite à « penser une refondation de l’intervention publique dans le secteur culturel ». Elle en appelle à « ouvrir un débat,largement intersectoriel, décloisonné et transversal ». C’est la culture au sens large qu’il s’agit d’explorer, de questionner, de mettre en perspectives.Ainsi, parmi les vingt-quatre thématiques proposées, retrouve-t-on la jeunesse, l’éducation permanente, les pratiques artistiques en amateur aux côtés de ladanse, des musiques émergentes ou de la formation aux métiers de la culture. Le message à passer, dit-elle : que tous sont les bienvenus pour alimenter le débat.
Valse à trois temps
En vue de favoriser cette participation, les modalités d’organisation comportent une première phase « d’écoute ». Vingt-quatre ateliers rencontresbalayeront chacune des thématiques, en commençant par la danse (secteur dans l’urgence). Un site internet récoltera également les avis et contributions de tout unchacun2. Sans compter la boîte aux lettres du cabinet de la ministre. Car les gens de métier ne sont pas les seuls invités, les voix des « usagers », des« pratiquants » de la culture sont attendues. De tout cela, devrait émerger un recueil de propositions (fin mars 2005). Elles seront affinées dans une seconde phase,axée sur les aspects transversaux de la politique culturelle, lors de rencontres intersectorielles décentralisées. Et, après débat au parlement, s’inscriredéjà en partie dans le budget 2006.
Des options politiques en entrée
« La démarche participative n’est pas la renonciation à nos propres engagements politiques », remarque la ministre qui propose d’entrée unesérie d’options propres. Le premier objectif mentionné dans sa note de base aborde le renforcement des moyens. Pour imaginer et entreprendre de nouvelles formules de financement,la ministre se demande si l’inspiration ne pourrait pas venir des réponses trouvées en France ou en Flandre : « une répartition des niveaux et des domaines deresponsabilités entre les différents pouvoirs publics ». Dans un second objectif intitulé : « miser sur la qualité », la note s’étend entreautres sur l’enseignement artistique et sa situation décrite comme « paradoxale ». « La précarité du statut des artistes conduit à ce que nombred’entre eux tentent de se stabiliser comme enseignant au sein d’écoles et d’académies. Cela mène indirectement à accroître l’offre deformation et le nombre d’écoles artistiques. Toutefois, des « patrons » de grandes maisons culturelles disent parfois éprouver des difficultés à trouver parmi lesjeunes sortis de ces écoles des talents d’un niveau suffisant. D’autre part, cette offre de formation conduit à lancer un nombre considérable de jeunes sur lemarché du travail culturel dont on sait qu’il est pour le moins saturé. »… Le débat est ouvert !
Signalons encore parmi les quinze objectifs avancés par la ministre, trois autres points. La transversalité doit être promue ; et dans ce sens, les étatsgénéraux utilisés « pour accentuer les possibilités de liens entre les genres artistiques. Entre associations et opérateurs culturels. Entre écoles etassociations. Entre écoles et opérateurs. Entre médias et associations. Entre associations culturelles et d’aide à la jeunesse. Entre écoles artistiques etorganismes culturels… » L’administration de la culture doit être améliorée, loin du cloisonnement qui la caractérise aujourd’hui. Et le cabinet dela ministre sait de quoi il parle, l’ancienne directrice générale, Martine Lahaye, ayant endossé les fonctions de directrice de cabinet adjointe. Enfin, lathématique de la place des publics doit être abordée : « Atteindre le public c’est reconnaître sa diversité, ce sera aussi repenser les dispositifs demédiation comme les programmes de culture à l’école, les projets d’implication des artistes au sein d’organismes culturels, la formation du public et desprogrammateurs, le soutien aux pratiques artistiques en amateur, les projets d’expression et de créativité… »
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