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Le réseau des Jardins et Fermes solidaires perd le soutien de la ministre de l’Action sociale

La ministre wallonne de l’Action sociale, Christiane Vienne (PS)1, a apparemment décidé de faire le grand ménage dans l’octroi des subsides ditsfacultatifs : après la coupe sombre dans les subsides des associations œuvrant à l’intégration des personnes étrangères et ceux des écoles dedevoirs, c’est à présent au tour du réseau des Jardins et Fermes solidaires de Wallonie2 de se voir retirer le soutien financier de la ministre. Le réseausoutenu par le ministre précédent, Thierry Detienne, et actif depuis mai 2004, regroupe quelque 17 jardins et fermes solidaires en Belgique. Il a pour finalité  » de rassemblerles groupes et les organismes communautaires, issus du milieu privé ou public, qui utilisent le potentiel du jardinage comme outil de changement et de développement social, commestratégie aux efforts de sécurité alimentaire dans leur quartier et comme moyen pour impliquer les citoyens à améliorer leur qualité de vie « .

13-01-2006 Alter Échos n° 200

La ministre wallonne de l’Action sociale, Christiane Vienne (PS)1, a apparemment décidé de faire le grand ménage dans l’octroi des subsides ditsfacultatifs : après la coupe sombre dans les subsides des associations œuvrant à l’intégration des personnes étrangères et ceux des écoles dedevoirs, c’est à présent au tour du réseau des Jardins et Fermes solidaires de Wallonie2 de se voir retirer le soutien financier de la ministre. Le réseausoutenu par le ministre précédent, Thierry Detienne, et actif depuis mai 2004, regroupe quelque 17 jardins et fermes solidaires en Belgique. Il a pour finalité  » de rassemblerles groupes et les organismes communautaires, issus du milieu privé ou public, qui utilisent le potentiel du jardinage comme outil de changement et de développement social, commestratégie aux efforts de sécurité alimentaire dans leur quartier et comme moyen pour impliquer les citoyens à améliorer leur qualité de vie « .

Arguments de la ministre

Dans une lettre datée du 7 décembre, Christiane Vienne informe le réseau de sa décision de mettre un terme au soutien qui avait été accordéjusqu’en 2005 et argumente :  » L’orientation de votre réseau, au-delà des pratiques d’insertion sociale évoquées me semble davantage être de lacompétence de Benoît Lutgen, la ruralité et le développement rural, puisque votre objet social consiste bien :
• à aider à s’approprier un cadre de vie et l’enrichir,
• à créer de nouvelles formes de jardinage collectif,
• à promouvoir l’agriculture biologique,
• à vous inscrire dans une dynamique de développement rural.

Si l’insertion sociale y est évoquée pour la création de lien et de lutte contre l’exclusion sociale, je ne le conteste pas mais nombreux sont vos affiliésdéjà bien engagés dans cette voie et subsidiés pour y œuvrer par la Région wallonne en ces divers départements de l’emploi, la formation etl’action sociale. Il leur appartient donc de consolider leur synergie dans votre réseau et d’y pourvoir. « 

Geneviève Lacroix, en charge du dossier au cabinet Vienne, précise :  » Il s’agit d’un réseau initié au départ d’initiatives d’insertionsociale par l’activité des jardins. Très vite, le réseau s’est doté d’autres objectifs, davantage en lien avec le développement rural : lescultures bio, la chaîne alimentaire, un comptoir de semences… Il regroupe aujourd’hui tant des initiatives de quartiers que des entreprises de formation par le travail, desservices d’insertion ou encore des organismes d’insertion socioprofessionnelles qui ont chacun développé leur propre méthodologie en matière d’insertionsociale, et sont subsidiés sur ce point par ailleurs, mais le réseau en tant que tel n’a pas développé sa propre méthodologie d’insertion sociale. Deplus, les EFT, OISP, etc. ont leur propre fédération et le réseau est loin de regrouper tous les jardins existants.

Insertion sociale ou ruralité ?

 » Le subside octroyé jusqu’ici était de 70.000 euros, ce qui couvrait un emploi temps plein et des frais de fonctionnement – et encore, pas tous les frais de fonctionnementpuisque j’utilise le bureau de mon domicile privé, mon ordinateur, mon imprimante et mon fax « , confie Roll Grenier, Québécois d’origine, installé en Belgiquedepuis quelques années et coordinateur du réseau des Jardins solidaires.

 » Au cabinet de la ministre Vienne, poursuit-il, on estime, parce que nous faisons de l’insertion par le jardinage, que nous relevons plutôt du ministère de l’Agriculture.Selon eux, les Jardins solidaires font du développement rural plus que de l’action sociale, ce qui est faux car il y a plus de jardins sociaux en ville qu’à la campagne.Cette suppression de subvention nous tombe dessus bien que nous ayons rempli tous nos objectifs pour l’année 2005 et commencé des partenariats avec d’autres associations.Ils nous renvoient vers nos membres mais ceux-ci paient actuellement 50 euros de cotisation par an, et il est difficile de leur demander plus, car certains projets ne reposent quasi que sur dubénévolat. Par ailleurs, la ministre, par le biais de son cabinet, avait amorcé cet automne une discussion auprès du cabinet du ministre Lutgen pour un partage descoûts du financement du réseau (un mi-temps chacun); et au moment où ce dernier se dit intéressé par le projet, elle se désiste et transmet le messagequ’il devrait supporter seul le réseau. Évidemment, le cabinet Lutgen ne voit pas les choses du même œil, car il considère que nous faisons de l’actionsociale et que cela ne relève pas de ses compétences mais de celles de la ministre Vienne. »

Un renvoi de patate chaude, qui, on s’en doute, ne fait pas l’affaire de Roll Grenier, seul salarié du réseau :  » Inutile de vous dire que cette réponsenégative très tardive nous met dans une situation plutôt difficile pour la survie du réseau.  » Toutefois, au cabinet Lutgen3, la porte ne reste pasfermée, il serait sans doute possible de dégager pour 2006 un subside :  » J’ai transmis le dossier à l’administration, explique Jean-Claude Van Schingen, en charge dudossier, et je suis en attente d’une réponse. Mais il est clair qu’il sera pour nous plus facile de subsidier le réseau dans le cadre du plan de développement rural2007-2013. Reste que nous ne comprenons pas le retrait de la ministre Vienne; pour nous il est clair qu’il s’agit d’insertion sociale, le jardinage n’est qu’un moyen. »

Geneviève Lacroix, du cabinet Vienne, laisse également la porte ouverte :  » Nous avons écrit à M. Lutgen pour lui demander de soutenir le réseau, nous attendonsdes nouvelles, mais s’il devait y avoir des difficultés pour 2006, et 2006 uniquement, nous sommes prêts à nous mettre autour de la table. « 

1. Cabinet Vienne, rue des Brigades d’Irlande, 4 à 5100 Jambes – tél. : 081/32 34 11 – fax : 081/32 34 29 – christiane.vienne@gov.wallonie.behttp://vienne.wallonie.be – contact : GenevièveLacroix.
2. Les Jardins solidaires de Wallonie asbl c/o Cynorhodon Haut de Froidmont 4 à 4684 Haccourt – tél. : 04/374 14 44 – roll.grenier@jardinssolidaires.behttp://www.jardinssolidaires.be – contact : Roll Grenier.

3. Cabinet Lutgen, chaussée de Louvain, 2 à 5000 Namur – tél. : 081/71 03 10 – fax : 081/71 03 80 – benoit.lutgen@gov.wallonie.be – contact : Jean-Claude Van Schingen.

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