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Le logement : un lieu de vie et d’accompagnement

Dans le cadre du programme européen Interreg III, diverses associations de Wallonie et du Nord Pas-de-Calais actives dans l’accompagnement social dans le logement se sont réuniesà Lille, à l’Institut social Lille Vauban, ce 18 janvier.

21-01-2007 Alter Échos n° 221

Dans le cadre du programme européen Interreg III, diverses associations de Wallonie et du Nord Pas-de-Calais actives dans l’accompagnement social dans le logement se sont réuniesà Lille, à l’Institut social Lille Vauban, ce 18 janvier.

Depuis 2004, un échange transfrontalier rassemble régulièrement des travailleurs sociaux de Solidarités Nouvelles1, Relogeas2, Habitat etParticipation3 et Pact de Lille (antenne Est)4, associations toutes actives dans le domaine de l’accompagnement social en matière de logement. Pour les participants,“ces échanges d’expérience très riches ont permis de produire des questionnements et des réflexions révélateurs d’un secteur d’intervention socialetoujours ‘en chantier’ ”.
Pour les organisateurs, l’accompagnement social en matière de logement a pour mission “de donner l’accès à une citoyenneté en pleine connaissance de ses droits et deses devoirs en prenant comme porte d’accès le logement”, sans pourtant limiter cet accompagnement à des problèmes liés au logement. En effet, l’accompagnant a pourobligation “d’envisager la personne accompagnée dans sa globalité”.

Logement comme lieu de vie

Nicolas Bernard, juriste et philosophe aux Facultés universitaires Saint-Louis, a insisté sur la nécessité de travailler la question de l’épanouissement dans lelieu de vie : “On ne peut occuper physiquement un lieu sans l’habiter”. La personne doit pouvoir s’identifier à son logement, se l’approprier, en avoir la maîtrise. Et deciter trois exemples pour souligner l’importance de cette maîtrise :
• les résidants permanents en camping choisissent ce mode de vie, car ils maîtrisent leur lieu de vie ;
• lors de flambées de violence dans les cités sociales, les jeunes s’en prennent non seulement à tout ce qui représente l’autorité (police, etc.), mais aussià leurs propres équipements collectifs, parce qu’ils leur ont été imposés, on ne leur a pas laissé le choix ;
• les sans-abri préfèrent rester à la rue, car ils ne peuvent s’approprier la maison d’accueil : y entrer implique de se soumettre à des règles strictes,à se séparer de son chien, à être confronté au manque d’hygiène et d’intimité, c’est-à-dire à perdre la maîtrise de sonexistence.

Qu’est-ce qu’un bon accompagnant?

Un moment particulièrement intéressant de la journée fut la projection d’une vidéo relative à une journée de questions-réponses entre habitants ettravailleurs sociaux. Chaque groupe a renvoyé des questions à l’autre groupe.

Du côté des travailleurs sociaux, on s’interrogeait sur les thématiques suivantes :
• Les habitants pensent-ils avoir le choix d’être accompagnés ou non ?
• Quelles sont les limites de chacun ?
• Qu’est-ce qu’un bon accompagnant social ?
En réponse, les habitants signalaient que le refus est toujours possible, mais accepter d’être accompagné implique d’accepter les règles du jeu. Sur les limites, leshabitants estiment que le travailleur social devrait davantage préciser ses limites (en précisant qu’il ne saura pas, par exemple, fournir un logement s’il n’y en a pas!). Enfin, le bonaccompagnant doit être attentif, à l’écoute, sensible, respectueux et prendre en compte tous les aspects de la vie de la personne. “Quant à la durée de cetaccompagnement, elle devrait idéalement être variable : le ‘bon accompagnant’ est celui dont je n’aurai plus besoin, mais c’est aussi celui qui peut suivre une famille dans ladurée”, résument les habitants.

Questions des habitants

Les habitants avaient aussi leurs questions. Elles portaient sur :
• la relation entre le travailleur social et l’habitant. Celle-ci concerne deux individus adultes, en d’autres termes : “La relation parent-enfant est à proscrire en travailsocial”. Il convient de travailler l’authenticité de la relation, ce qui nécessite que “les deux parties puissent se dire des choses parfois peu agréables l’uneà l’autre” ;
• les rôles du travailleur social et de la personne aidée. Ici, la double casquette du premier pose question (aidant et propriétaire du logement). Il doit êtreégalement clair que “le travailleur social met en place les conditions de l’action pour la personne, il n’agit pas à sa place” ;
• les contraintes. Sur ce point, il a été rappelé que “toute contrainte ne doit pas être vécue négativement, soit qu’elle a un rôlepédagogique, soit qu’elle est un système de protection pour le travailleur social” ;
• ou encore les critères et priorités d’aide. Selon que le travailleur social relève d’une association ou d’une institution, critères et priorités varieront.Si l’associatif vise plutôt tel ou tel type de public cible ou pratique telle ou telle intervention (avec les priorités et les critères qui en découlent), il n’en est rienpour une institution ayant une mission de service public, donc accessible à tous.

Ceci n’est pas une conclusion

Loin d’être épuisée, la question de l’accompagnement social a encore alimenté divers ateliers et nombre de conversations. Le chantier reste ouvert et la dynamique del’échange reste au centre du projet. On citera, à titre d’exemple, pratiquer l’immersion professionnelle entre associations, de part et d’autre de la frontière.

1. Solidarités Nouvelles, rue Léopold, 36A, à 6000 Charleroi – tél. : 071 30 36 77 – courriel : sn.praile@skynet.be
2. Relogeas, rue de Monceau-Fontaine, 42/11, à 6031 Monceau-sur-Sambre – tél. : 071 31 40 07 – courriel : ancat_rizzo@hotmail.com
3. Habitat et Participation, place des Peintres, 1 bte 4 à 1348 Louvain-la-Neuve – tél. : 010 45 06 04 – courriel : hep@tvcablenet.be
4. Pact de Lille (antenne Est), rue de Flers, 20/501 à F-59 800 Lille (France) – tél. : + 33 (0)3 20 33 39 34 – courriel : milouda.malki@pact-lille.fr

Baudouin Massart

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