Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Culture

Le cirque social en formation

Huit écoles de cirques implantées en Europe lancent une recherche sur le cirque social. L’objectif : mieux préparer les travailleurs qui utilisent le cirque comme outilpédagogique.

01-03-2010 Alter Échos n° 290

Huit écoles de cirques implantées en Europe lancent une vaste recherche-action sur le cirque social. L’objectif, à terme, est de mieux préparer les travailleurs quiutilisent le cirque comme outil pédagogique.

Dans les locaux de Tour & Taxis, des jeunes du Quartier Maritime s’entraînent au Cirq’Basket sous le regard bienveillant d’Antoine et Babou, leurs animateurs. Mélange debasketball freestyle et de jonglerie, cette discipline est née à l’École de cirque de Bruxelles1. « L’idée était d’attirer les jeunes avecquelque chose qui appartient à la culture du quartier, plutôt que d’imposer notre vision du cirque. La technique est en évolution permanente. Elle se crée au fur età mesure de l’atelier en collaboration avec les jeunes, à tel point qu’on a souvent le sentiment de quitter la relation de profs à élèves pour devenircollègues », confie Babou, la jongleuse.

Le projet de Cirq’Basket est un des multiples projets de cirque social mis en place par l’École de cirque de Bruxelles. Cette institution, qui forme professionnels et amateurs de cirquedepuis plus de 30 ans, s’installe à Tour & Taxis en 2001. Ce déménagement dans un quartier populaire de Bruxelles marque un tournant. La direction tient à s’ouvrir auxhabitants et aux associations du quartier et met en place le « Cirq’Quartier ». Elle organise une fête de quartier annuelle, propose des initiations àl’école nº 2, un espace roulotte avec des cours à 50 centimes, etc.

Né dans les années ’80, le cirque social suscite un engouement croissant, que ce soit en Belgique, en Europe, ou même dans des projets de coopération dans les pays dusud. Parce qu’il est ludique et fait rêver, le cirque se prête particulièrement bien au travail social. C’est une discipline plus accessible que le théâtre ou ladanse. On y apprend à se dépasser, mais aussi à travailler en équipe. Pour réaliser des acrobaties, il faut pouvoir faire confiance à ses partenaires.« On est tous égaux en cirque, quelle que soit son origine sociale », s’enthousiasme le directeur de l’École de cirque de Bruxelles, Vincent Wauters.

Dans les ateliers de Cirq’Basket, en tout cas, le résultat est au rendez-vous. « On a remarqué une évolution dans le groupe, en particulier, au niveau del’écoute et de l’investissement. Entre deux cours, les jeunes s’entraînent et il y a une bonne dynamique », se félicite Babou.

Former les formateurs

Le travail de l’animateur de cirque social n’est pas toujours aussi idyllique. Les élèves en retard ou trop absorbés par leurs problèmes personnels pour se concentrer,la difficulté de trouver des locaux adaptés, les problèmes logistiques constituent autant de petites contrariétés quotidiennes qui peuvent envenimer la vie del’animateur, s’il n’y est pas suffisamment préparé. Pour Soumaya, coordinatrice de projets à l’École du cirque de Bruxelles, « les formateurs doivent pouvoirréévaluer leurs objectifs et adapter leurs attentes en fonction de ces conditions de travail, sans quoi ils seront forcément frustrés ». On peut tracer unparallèle avec le théâtre en salle, où tout est installé pour le spectacle, et le théâtre de rue, soumis aux imprévus et aux allées etvenues du public.

Dans le cadre de l’année européenne de lutte contre la pauvreté, l’École de cirque de Bruxelles et le réseau européen d’écoles de cirqueCaravan2, dont elle est un membre fondateur, viennent de lancer une recherche-action qui doit permettre de mieux cerner la réalité du cirque social sur le terrain.L’étude se basera sur les observations des formateurs, qu’ils consignent dans un carnet de bord. Soutenue par la Commission européenne et par l’ULB, elle doit permettre dedéfinir, d’ici deux ans, un socle de compétences pour les formateurs en cirque social.

Ce métier, à cheval entre travail social et artistique, attire autant des artistes de cirque en quête de débouchés différents que des pédagoguesintéressés par de nouveaux outils. « Une bonne formation devrait avoir un volet animation, technique et artistique. Aujourd’hui, il manque un cursus complet qui porte sur cestrois points », commente Eleftérios Kechagioglou, le président de Caravan.

1. École de cirque de Bruxelles , site Tour & Taxis :
– adresse : rue Picard, 11 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 640 15 71
courriel : info@ecoledecirquedebruxelles.be
– site: www.ecoledecirquedebruxelles.be
2. Caravan :
regroupe 8 écoles de cirque en Europe.
– Coordinateur : François Henrard,
– adresse : rue Picard, 11 à 1000 Bruxelles
– courriel : f.henrard@ecoledecirquedebruxelles.be
– site : www.caravancircusnetwork.eu

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)